Le Deal du moment :
Funko POP! Jumbo One Piece Kaido Dragon Form : ...
Voir le deal

Ryoshima- Par excés de zèle ft. Akio

Aller à la page : 1, 2  Suivant
Eglantine York
Eglantine YorkAlryon
Messages : 109
Date d'inscription : 31/08/2022
Profil Académie Waverly
Ryoshima- Par excés de zèle ft. Akio EmptyLun 13 Nov - 14:29

-J'ai besoin que tu me rendes un service, Tine.

Je lève les yeux de mon petit déjeuner, une bouillie de riz chaude et parfumée accompagnée de filets de maquereaux grillés avec une théière de thé vert, pour croiser le regard émeraude de Bella.

Nous partageons la table du petit-déjeuner de la maison d'hôte où nous logeons ensemble. Nos parents sont repartis très rapidement après la soirée très théâtrale que nous avons passé ensemble. Lavande, Astrance, Giroflé et Hortensia ont pris une caravelle directe pour Alryon. Lavande plus parce qu'on ne lui a pas laissé le choix que par réelle envie, elle avait vraiment envie de voir de près les équins racés de Ryoshima, et leurs techniques équestres. Crocus elle donne plusieurs représentations avec Kalanchoé auprès des maisons nobles, et fortunées, locales. Je crois que Crocus va agrandir sa collection d'instruments de musique aussi. Daphné, elle travaille pour trouver de nouveaux fournisseurs locaux, et clients, pour ses créations avant de bientôt partir pour Jhareel et ensuite rentrer à Alryon les valises pleines d'étoffes exotiques et de premières qualités, et la tête de croquis aux coupes divines. Iris est partie pour Isvall, Jasmine pour Alexandria. Belladonna est restée pour faire quelques "études de première main de l'art local" et aussi "honorer" quelques commandes. Moi pour des raisons similaires, mais moins artistiques, enfin au sens commun du terme. Nous avons choisis de partager le même logement, même si avec nos activités nous ne passons pas nécessairement beaucoup de temps ensemble. Crocus et Kalanchoé ne sont d'ailleurs pas rentrées de leur soirée hier. Mais ce matin Bella et moi partageons le petit déjeuner ensemble avant de partir pour nos journées respectives.

-A propos de ?

-J'ai passé une commande auprès d'un artiste renommé local. Il a vraiment un coup de pinceau magnifique, et son travail des couleurs est remarquable.

J'hoche la tête, attendant qu'elle arrive à la raison de sa demande. La bouillie de riz est vraiment bonne, ça ressemble un peu à du porridge mais avec du riz.

-Elle est censée être prête aujourd'hui, seulement mon client actuel a changé d'avis sur tout, pour la cinquantième fois cette semaine.

Connaissant Bella, j'ai des doutes sur le fait que ce soit une hyperbole ou juste une simple observation.

-Donc je vais certainement devoir passer la journée, et une bonne partie de la nuit, chez lui pour tout revoir et recommencer de zéro. Je ne peux pas aller récupérer cette commande, et je préfèrerais ne pas la confier à une personne de course. Est-ce que tu pourrais aller me la récupérer ?

J'hoche la tête en reprenant un morceau de maquereau. Cela ne devrait pas me poser de soucis, je n'ai rien d'urgent de prévu et ce ne devrait pas prendre beaucoup de temps s'il s'agit juste de réceptionner une commande et de la déposer ensuite dans sa chambre.

-Merci, Tine. Je te laisse l'adresse, dis que tu viens de ma part et il ne devrait pas y avoir de problème.

Elle m'embrasse sur la tempe et me serre dans ses bras. Je profite des quelques instants de l'étreinte, l'odeur de térébenthine, de fusain et de savon à la rose me monte au nez. C'est un parfum que j'aime bien, celui de ma soeur. Je ne serai pas contre que notre brève étreinte se prolonge encore un peu.

Dans les rues de la ville je détonne un peu dans ma tenue alryonnaise, composée en plus d'un pantalon et d'un manteau en tartran déparaillé. Ce n'est pas exactement le genre de motif et de tissu qui domine ici. Pas plus que mes cheveux pâles rassemblés dans une tresse qui bat contre mon dos à chacun de mes pas.

J'arrive à l'atelier de l'adresse en milieu de matinée, j'ai décidé de commencer par cette course pour me débarasser. Bella m'a dit que la commande devait être prête, cela ne doit donc pas poser de soucis. Je frappe à la porte et j'attend qu'on m'ouvre.

-Bonjour. Je viens chercher la commande de Belladonna York.
Shimada Akio
Shimada AkioRyoshima
Messages : 124
Date d'inscription : 19/11/2022
Profil Académie Waverly
Ryoshima- Par excés de zèle ft. Akio EmptyMar 14 Nov - 11:34
Décembre est déjà presque un souvenir quand le froid refuse d’en être, et se rappelle à celui d’Akio chaque jour depuis le début de la semaine, plus cruel qu’un maître aux crocs de gel en son propre logis, tyran insensible colorant ses doigts de bleu guède. Est-ce l’hiver à Ryoshima qui se veut particulièrement virulent cette année ou bien juste une impression causée par ce coup du sort qui fit rendre l’âtre à son poêle ? Lui est incapable de le dire sans claquer des dents, et déambule emmitouflé sous sa couverture afin de préserver au mieux sa maigre chaleur tout en déplorant le manque de réactivité de son propriétaire. Parce qu’il l’a prévenu le jour même de la panne, pourtant, mais force est de constater que les chauffagistes sont pris d’assaut en cette période et qu’il lui faut prendre son inconfort en patience d’ici à ce qu’un créneau d’intervention se libère. Certes, il aurait pu s’essayer à comprendre seul d’où venait le problème, il ne s’agit peut-être que d’un simple encrassement, or ses compétences en bricolage se limitent à savoir monter un cadre de bois ou à réparer un paravent, pas du tout à triturer de la fonte, si mal que lorsqu’il tenta d’ouvrir la bête noire elle lui toussa au visage un nuage tellement épais qu’il mit une journée à en nettoyer les miasmes répandus sur ses tatamis. L’expérience le dissuada d’insister — chacun son métier.
De toute façon, ce ne sont pas les travaux qui manquent en ce moment pour réchauffer le peintre : entre la commande d’Isvall et celle passée il y a une décade par une dame d’Alryon, ses journées sont remplies de créations au point qu’il en oublie presque la vapeur qui sort de son nez chaque fois qu’il expire. C’est qu’il ne s’était pas attendu à une telle requête de la part d’une York, une de ces corolles croisées à Fujinokawa plus tôt dans le mois, ni à ce qu’ils partagent une si grande affinité avec l’art pictural. Comment dès lors aurait-il pu lui refuser quoi que ce fût ? Cette Belladonna est de ses pairs, tout aussi intéressée par le résultat que par la technique qui y mène, peut-être davantage encore par les matériaux et les moyens usités. Par-delà l’œuvre elle voit l’ouvrage, décortique le papier, la couleur, le pinceau, conjugue l’artiste à l’artisan, et ce regard-là plaît passionnément à l’espion qui s’est appliqué à lui fabriquer de grandes feuilles de washi, à acheter chez Ienobu quelques plants spéciaux pour en concocter des pigments et peintures aux tons profonds, à rassembler ce qu’il possédait de croquis et références pour qu’elle puisse les étudier. Quelque part, elle est moins une cliente qu’une collègue, alors il refuse de la décevoir.

Il est en retard, cependant. Il le sait. Si son poêle avait continué de fonctionner, il n’aurait eu aucun mal à faire sécher les nombreux feuillets confectionnés dans son atelier au cours des jours précédents. Néanmoins, certains sont encore suspendus à des cordes traversant la pièce, juste au-dessus d’un ensemble de pots et de coupelles emplis de textures diverses, donnant à l’endroit des airs de buanderie couplée à un cabinet d’alchimiste. Conscient de son retard, Akio a par ailleurs décidé d’ajouter à la commande d’autres dessins afin de s’excuser d’avance, mais l’atelier est si chaotique qu’il a dû se retrancher à l’étage dans sa chambre pour les réaliser ; c’est là, assis sous sa couverture d’hiver à la manière d’une tortue molletonnée, qu’il trace depuis le matin de nouveaux croquis préparatoires à destination de Mademoiselle York.
C’est là aussi, passées dix heures, qu’il entend les légers coups à la porte. Et soupire, prêt à s’excuser cent fois auprès de la jeune femme pour son incompétence. Qu’est-ce qui serait le mieux ? Lui demander de revenir un autre jour, lorsqu’il pourra la recevoir au chaud — mais quand, il n’en a pas la moindre idée — ou la faire patienter dans le froid de sa masure ? Ni l’une ni l’autre de ces options ne le réjouit, tant elles font outrage au savoir-vivre le plus rudimentaire. Il s’y rend cependant, remplaçant son duvet par une seconde veste d’intérieur qui lui donne l’air un brin cocasse, mais sera toujours plus convenable que se présenter sous sa couette.
« Bonjour à vous... », glisse-t-il en ryoshimais avec le battant de bois qu’il entrouvre.
Ah. Ce n’est pas la créature à laquelle il s’attendait. Celle-ci semble plus rude que l’autre Fleur, et paraît aussi robuste qu’il peut se montrer délicat ; de son point de vue, elle a les cheveux courts et les yeux ardents, de quoi le tromper sur son genre si elle n’avait pas eu cette figure raffinée typique de la Grande Cité des plaines. Au vu de sa vêture, il pourrait s’agir d’une valet envoyée par sa maîtresse, cela aurait du sens.
Il reprend alors, l’échine courbée par l’embarras, en alryonnais cette fois :
« Oui, la commande, hum... » Inutile de tourner autour du pot — si la demoiselle jette ne serait-ce qu’un œil à l’intérieur, elle s’apercevra sans difficulté qu’il n’est pas tout à fait prêt. À peine. « ...Je suis sincèrement désolé, il y a eu un contre-temps. Une personne devait passer pour réparer le... heu, la boîte à chaleur, mais elle n’est pas venue alors le papier n’est pas encore bien sec. » Il s’écarte cependant, l’invitant à franchir le seuil d’un geste de son bras pansé. « Mais c’est presque fini, voyez. Je suis en train d’ajouter plus, pour m’excuser du délai. »
Puis se redresse d’un cran, avant de demander :
« Est-ce que cela vous dérangerait d’attendre quelques instants, que je termine ? »
Enfin, ce n’est pas comme si la réponse est à choix multiple.
Eglantine York
Eglantine YorkAlryon
Messages : 109
Date d'inscription : 31/08/2022
Profil Académie Waverly
Ryoshima- Par excés de zèle ft. Akio EmptyMar 14 Nov - 20:54
Bella ne m'avait pas dit que son artiste était bel homme. Et assez pour que je le remarque avec ça. J'ai reconnu un bonjour dans ce qu'il m'a dit en ouvrant la porte, je ne parle pas couramment le dialecte local, je suis beaucoup plus à l'aise avec le mien.

J'hoche la tête en silence, attendre ne me dérange pas. Enfin pas trop, pas plus que le froid en tous cas. Il ne doit pas y en avoir pour bien longtemps. Et j'entre dans la pièce, je décide immédiatement que je l'apprécie en dépit de son air froid. Je m'installe au sol, comme on le fait chez notre logeuse et regarde tout autour de moi.

Je regarde un moment mon hôte, le détaillant dans son apparence et sa posture. Je ne crois pas avoir vu les vêtements qu'il porte actuellement sur beaucoup de passant.es dehors. Ils ont l'air confortables.
Shimada Akio
Shimada AkioRyoshima
Messages : 124
Date d'inscription : 19/11/2022
Profil Académie Waverly
Ryoshima- Par excés de zèle ft. Akio EmptyMer 15 Nov - 21:33
On ne peut pas dire que l’étrangère soit très loquace, ce qui dans l’esprit d’Akio entérine le fait qu’il doit s’agir d’une domestique, peu encline à bavasser durant ses heures de service. Pas que cela le dérange, par ailleurs, au contraire ; il aura ainsi moins de scrupule à s’éclipser pour achever ses croquis que si elle se prenait de lui raconter la pluie et le beau temps, la couleur des pommes ou le goût de la terre. D’elle-même, elle s’est assise là où elle avait trouvé de la place, rangée presque martialement entre les pots de pigments et le fatras d’ustensiles, et son regard survole la pièce à l’instar d’un faucon. Le peintre ne sait comment interpréter ce silence observateur, surtout lorsqu’elle le laisse poser sur sa silhouette un instant de trop — lui qui n’a pas l’habitude qu’on le scrute avec tant d’insistance, le voici qui détourne le visage, gêné, soudain trop présent, trop visible. Il n’a qu’une envie : disparaître derrière le fusuma.

Vu la température de la pièce, proche de celle à l’extérieur, il n’a de plus guère songé à lui demander de retirer ses chaussures avant de marcher sur le tatami, mais il craint qu’elle ne se mette à grelotter en dépit de son épais manteau si jamais elle l’attend trop longtemps. Et bien sûr, qu’elle va l’attendre, car il se connaît assez pour savoir que le temps qu’il mettra à terminer sera celui qu’il prendra pour être satisfait, et que ces « quelques instants » ont par conséquent le malheur d’être extensibles. Sauf qu’il ne peut pas la prévenir là-dessus. Pas si elle décide de rentrer sur-le-champ pour annoncer à sa maîtresse que l’artiste qu’elle a engagé est un incompétent doublé d’un escargot. Jamais. Il ne s’en relèverait plus pendant a minima trois jours. Déjà qu’il a du mal à se relever de sa nouvelle courbette contrite :
« Pardonnez-moi pour la... rustre... eh, rusticité de la maison, ce n’est pas aussi désagréable d’ordinaire. Mais si vous avez froid, je peux vous apporter une couverture. Et je... suis juste au-dessus, je ne serai pas long. »
Tout quinaud, Akio s’efface à reculons vers l’étroit escalier qui monte à sa chambre, sans se redresser complètement. Ce n’est pas son genre d’abandonner seule une personne dans son atelier, or les circonstances ne lui autorisent pas meilleure option — surtout qu’il n’a même pas de gâteau à proposer pour adoucir l’attente — et c’est à peine si imaginer la joie de Belladonna est capable d’estomper sa honte.

Cependant, une fois parvenu à l’étage et derechef agenouillé face à son ouvrage en cours, il oublie vite la seconde présence au rez-de-chaussée pour ne plus songer qu’à l’encre que son pinceau trace avec minutie sur le papier de mûrier frais, où il plonge tête la première.
Eglantine York
Eglantine YorkAlryon
Messages : 109
Date d'inscription : 31/08/2022
Profil Académie Waverly
Ryoshima- Par excés de zèle ft. Akio EmptyJeu 16 Nov - 12:26
Il a l'air particulièrement embarassé par la situation, pas qu'il en soit responsable, l'hiver est ce qu'il est. Froid et sombre. Et je ne pense pas qu'il ait volontairement provoqué la panne de son poêle. Cela dit les gens du coin ont une tendance à faire des courbettes assez régulièrement.

-J'aime bien, on sent que l'endroit est vivant.

Ce qui serait difficile à déterminer en se fiant uniquement à la température, mais l'encombrement des lieux trahit une activité intense. Ça me rappelle mon propre atelier, même si nous ne travaillons évidemment pas au même type de création. Ce qui ne m'empêche pas d'éprouver d'emblée une certaine sympathie pour l'artiste.

Il remonte à l'étage et me laisse seule au rez-de-chaussée. Cela ne devrait pas prendre longtemps. C'est ce que je me dis durant le premier quart d'heure avant de me rendre à l'évidence. Il vaut mieux que je ne compte pas les minutes sous peine de devenir très vite très grognon.

L'ennui ne tarde pas à me gagner, et ce n'est pas que le froid qui vient picoter le bout de mes doigts rougis. Je déteste perdre mon temps, et j'ai assez d'expérience pour savoir que monter et inciter mon hôte à se presser ne mènera à rien. Rien de productif en tous cas, cela risque même d'avoir l'effet inverse que celui désiré. Il va falloir prendre mon mal en patience… Ce qui serait beaucoup simple si j'avais de quoi m'occuper, ou même moins froid.

Je fixe le poêle glacé avec une certaine rancune. Et puis soudainement je réalise, mais je peux totalement faire d'une pierre deux coups ! J'ai mon sac avec moi, je l'emporte partout, et dedans j'ai tous mes outils. Largement de quoi m'occuper du système !

Revigorée je me redresse sur mes jambes en une impulsion, manquant au passage de me ramasser au sol et contre un élément de mobilier. Allez, au boulot, Eglantine York ! J'enlève mon manteau, qui malgré la température va concrètement plus me gêner qu'autre chose, et remonte les manches de ma chemise.

D'abord, il va me falloir de l'espace. Pour ça, pas trois milles solution, tout réorganiser dans la pièce. L'activité physique n'est pas plus mal, surtout que sans mon manteau je ressens encore plus le froid. Je commence par déplacer la table basse pour la mettre le long d'un mur, heureusement elle n'est pas bien lourde. Ensuite je m'occupe des piles de papiers, les gardant soigneusement dans la même composition que celle dans laquelle je les trouve. Assez rapidement je n'ai plus si froid que ça, et je constate avec satisfaction que le sol se dégage vite.

C'est certainement pour ça que le petit détail du tatami me frappe autant alors que je soulève ce qui me paraît être une boite remplie de pinceaux et de pigments, trop près du poêle à mon goût. Le petit espace entre deux tapis presque insignifiant, mais qui me parait plus… Plus grand que les autres. Et une fois ça vu, je remarque les usures au bord plutôt qu'au centre. C'est étrange. Je m'acroupis et doucement, sans forcer je glisser mes doigts dans l'espace et soulève le tapis, plus léger que ce à quoi je m'attendais. Et je découvre un parquet de bois, mais une des latte n'est pas exactement identique aux autres. Je la soulève elle aussi, prise dans mon élan de découverte. Je ne trouve qu'un paquet de documents enveloppés dans un tissus, certainement pour les protéger.

C'est assez étrange, je feuillette un instant les papiers, mais suis incapable d'en comprendre un traître mot. Tout est écrit en ryoshimais. Je ne lis pas plus cette langue que je ne la parle, même moins en fait. Aucune foutue idée de ce que ça peut bien être, mais clairement ça a l'air assez important pour que ça ait été mis là. Ou bien assez insignifiant pour avoir été oublié. En tous cas, ce n'est pas mon problème. Je remballe soigneusement les papiers et les pose sur la table basse. Je m'en lave les mains, surtout que j'ai bien plus passionnant à faire.

J'observe en détail la bête, passant mes mains sur la fonte de l'objet. Le modèle est différent que ceux que j'ai pu voir en Alryon, mais clairement la base est la même. Je devrais pouvoir m'en sortir. Et je vois déjà les possibilités d'améliorations que je pourrais apporter au dispositif, mais d'abord il me faut voir ce qui fait défaut.

Une première observation ne m'apporte pas plus d'informations sur le pourquoi du comment. Il va falloir que je le démonte, purement pour des raisons pratiques, évidemment. Mes tournevis et un peu d'huile de coude font un travail formidable. Bientôt il ne reste que le squelette nu de l'objet devant moi, et de la suie, beaucoup de suie partout. J'ai bien fait de faire de l'espace, sinon tout aurait été recouvert, comme moi. Le problème est désormais identifiable, rien de bien grave, un peu de nettoyage, des tuyaux à réaligner légèrement et reserrer quelques vis et il devrait être comme neuf. Et si je bouge un peu ça… Oui ça devrait rendre la diffusion de la chaleur plus efficace.

Dernière étape de l'opération : tout remonter, et s'assurer que tout s'emboîte bien, à coup de marteau. Ca va faire un peu de bruit mais y a pas d'autres moyens. Je commence à frapper la fonte.
Shimada Akio
Shimada AkioRyoshima
Messages : 124
Date d'inscription : 19/11/2022
Profil Académie Waverly
Ryoshima- Par excés de zèle ft. Akio EmptyVen 24 Nov - 11:26
Le temps s’écoulait au flot de l’encre sur son papier, touche de pinceau après touche de pinceau, hermétique au reste du monde. Sa conscience déjà noyée sous la surface blanchâtre, Akio n’appartenait déjà plus au règne humain ; devenu particule de suie sous la friction lente de son bâtonnent d’encre, du bout de son plumet il voguait tantôt sur l’écume d’une plage souplement esquissée, tantôt s’abritait sous la pluie de feuilles d’un bosquet ondoyant à l’avant-plan, au fil d’un paysage de littoral comme il n’en existait qu’à Fujinokawa, retranscrit en noir et blanc sur un format de carte postale qu’il glisserait dans le paquet à destination de Belladonna York, avec toutes ses excuses. La méthode utilisée sur ce petit rectangle différait de celle qu’il avait montrée dans d’autres réalisations de cette même commande, moins par manque de temps que parce qu’à force de compiler croquis et gravures il avait eu envie de faire un pas de côté et montrer à sa cliente que la seule limite à l’art ryoshimais — que d’aucuns pouvaient juger trop solennel ou éthéré — était l’audace de l’artiste, et qu’à l’aune de sa créativité elle était donc en mesure d’y prétendre au même titre que n’importe quel autochtone si l’envie lui prenait.
Comme à chaque fois qu’il tenait le pinceau, Shimada se dévêtait de sa peau d’espion pour renouer avec son noyau d’or, son âme d’enfant rescapée d’une existence commencée sous le signe de la malchance. Et si aucun événement extérieur ne venait le troubler de sa transe tranquille, il en occulterait jusqu’à la plus basique des règles de savoir-vivre, comme le fait de s’inquiéter pour l’agrément de la personne présentement en train de se tourner les pouces au rez-de-chaussée. Qui était-elle déjà ? Était-elle toujours assise ou, la journée s’étant dévidée jusqu’à son crépuscule, avait-elle fini par donner son congé trois heures auparavant sans qu’il ne l’entende ? Sûrement que son compliment sur l’atmosphère de la pièce, un moment plus tôt, avait entériné dans l’esprit du Ryoshimais l’idée qu’il pouvait la laisser seule en toute sérénité, qu’elle ne serait pas prompte à mettre à sac ses étagères pour en déloger le petit zashiki warashi qui s’y nichait. Bah. Même de cela, il ne se souciait guère, quand après avoir frotté à la pulpe de son pouce l’ombre d’un rocher il releva le nez de son œuvre pour l’évaluer à la distance de ses bras
et sursauta si fort qu’il en fit tomber la feuille
BLAM !
Une casserole jetée sur les tuiles du toit ?
BLAM !
Une rixe qui dégénère dans l’habitation mitoyenne ?
BLAM !
Oh mon kami, c’est chez lui.

Il bondit si vite sur ses pieds qu’il faillait basculer à la renverse à cause de la protestation de ses rotules, engourdies d’avoir maintenu trop longtemps une posture agenouillée, puis se précipita aussi maladroitement qu’il le pût vers les escaliers. Bien que son éducation l’empêchât de jurer quoi que ce fût sous l’effet de la stupéfaction, il exprima tout de même sa frayeur d’un petit
« Ohlàlà ! »
tandis qu’il rejoignait la pièce principale assiégée
où il se pétrifia devant le désastre.


Qu’est-ce.


Qu’elle.


Avait.


Fait.


Il lui fallut une fraction de seconde pour embrasser l’ampleur du cataclysme et perdre trois tons de couleur de peau, jusqu’à la plus pâle carnation possible. À la limite de la lividité cadavérique. Pourtant, ce n’était pas tant le nuage de suie dispersé autour de la coupable qui l’épouvantait pire qu’un gyūki, mais bien la vision de ce carré de tissu déposé sur la table à l’écart, dont le pli dissemblable à celui qu’il avait l’habitude de pratiquer lui indiquait qu’il avait été ouvert. Et par qui, sinon cette... ramoneuse improvisée ? À moins qu’elle ne fût en vérité une agent impériale sous couverture, venue inspecter son domicile ? Bien sûr. Évidemment ! Comment avait-il pu être aussi insouciant ? Obtenir le nom de Belladonna York ne lui aurait demandé qu’une journée d’investigation avant qu’elle ne vienne remplacer la réelle domestique envoyée par sa cliente, quelques sous pour la faire patienter deux rues plus loin et l’affaire était réglée, voici la voie libre pour s’infiltrer dans l’atelier et fouiller tout son saoul.
Quel crétin il avait été.
Elle n’avait eu besoin que de feuilleter la liasse pour comprendre qu’il y compilait toutes les informations nécessaires sur les gros poissons et les anguilles de la Cour, chaque renseignement essentiel obtenu depuis trois ans, les transactions douteuses des uns, les relations cachées des autres, conflits de réputation et vices secrets, habitudes de jeux et ambitions, arbres généalogiques et fréquentations subversives, le tout enregistré avec soin dans ces feuilles à l’instar d’une bible, son codex spectus personnel, et que cette découverte le tatouait au fer rouge sur le front : ESPION. Dès lors, il n’avait que deux choix : s’enfuir sur-le-champ ou bien s’enfuir sur-le-champ. Eh, avec un brin de chance, elle ne courrait pas aussi vite que lui en chaussettes et il pourrait la perdre dans le labyrinthe du quartier avant de quitter la ville pour ne plus y retourner qu’à la faveur de la nuit pour brûler la maison. Et prévenir Yosano qu’elle ne le reverrait plus avant, oh, un long, très long moment.
Crétin jusqu’au bout.

Muet et blafard, il avait ainsi collé le mur en crabe sur plusieurs pas sans la quitter des yeux au cas où elle se jetterait sur lui pour l’intercepter. Les mots avaient déserté sa gorge, trop exiguë déjà pour laisser passer l’air correctement, et pour cause : il avait arrêté de respirer depuis qu’il avait posé le pied au bas de l’escalier. Et à la moindre interjection ou ne serait-ce que geste brusque de cette femme, il détalerait par la porte d’entrée sans demander son reste.
Eglantine York
Eglantine YorkAlryon
Messages : 109
Date d'inscription : 31/08/2022
Profil Académie Waverly
Ryoshima- Par excés de zèle ft. Akio EmptyVen 24 Nov - 19:19
Quelques coups bien placés achèvent le travail. J'essuie la sueur qui commence à former une pellicule sur mon front d'un revers de la main, un sourire satisfait sur les lèvres. J'ai fait du beau boulot avec cette poêle, il va tourner du feu des dieux !

Je me retourne pour aller trouver du bois pour démarrer le feu et mon regard croise celui de mon hôte. Qui a le dos plaqué contre un mur, l'air vraiment très très pâle. J'ai bien fait de réparer son système de chauffage maintenant, il a l'air d'en avoir vraiment besoin. Et genre urgemment.

-Ah, je ne vous ai pas entendu descendre.

En même temps avec le bruit des coups de marteau, oui c'est plutôt normal.

-J'ai réparé votre poêle. C'était pas grand-chose qui coinçait. Je vais essayer d'allumer un feu maintenant.

J'ai remarqué l'endroit où le bois était rangé dans la pièce en entrant. Je m'y dirige pour prendre trois bûches de taille moyenne pour ensuite les glisser dans la bouche grande ouverte du poêle. Quelques coups de mon briquet et les étincelles prennent vite. Voilà. Je me retourne à nouveau vers mon hôte.

-Vous avez de quoi faire du thé ? Non parce qu'il fait un peu froid quand même.
Shimada Akio
Shimada AkioRyoshima
Messages : 124
Date d'inscription : 19/11/2022
Profil Académie Waverly
Ryoshima- Par excés de zèle ft. Akio EmptyDim 3 Déc - 18:54
Il est fini — elle l’a vu.
Elle l’a vu — et le marteau qu’elle tient dans sa main aussi, prêt à s’abattre sur son crâne au moindre faux-pas. Cette fois il n’en réchappera pas si facilement, car si elle excelle autant à réveiller les voisins qu’au lancer de poids, lui ne pourra guère esquiver le projectile si elle décide de le lui jeter dessus par-derrière durant sa fuite. Par conséquent, ses choix déjà maigres s’amenuisent ; hors de question de lui tourner le dos, à présent, trop risqué. D’autant qu’avec sa posture franche et son regard dépourvu d’hésitation, elle lui fait clairement comprendre qu’elle ne jouera pas son petit jeu d’innocent et qu’elle ne tolèrera aucune forme de comédie. Certes, il demeure curieux qu’elle lui annonce tout à trac avoir réparé son poêle, mais il n’est pas dupe non plus : un bon service cache presque toujours une odieuse malice. Il en sait quelque chose.
Quoique.
Tout le perturbe chez cette femme. Ses gestes solides et spontanés. Sa voix sans délicatesse. Son impolitesse. Sur sa nuque droite sa natte donne la cadence, un, deux, trois, Akio n’a pas bougé qu’elle fourre déjà un trio de bûches dans la gueule de l’appareil avant de réclamer du thé — et qu’est-ce que ce sera après ? Elle le virera de chez lui manu militari pour manger dans son bol ou dormir dans son futon ? Non, non, tu te disperses, Shimada. Pourquoi irait-elle piller ainsi son logis quand elle ne semble pas s’embarrasser d’autre chose que de ce qu’elle pourrait y bricoler ? Il faut qu’il récupère la liasse de documents. Et fasse du thé. Peut-être qu’il peut utiliser la théière pour l’assommer ? Non, décidément, le voilà trop agité pour réfléchir correctement.

« Ah, heu, oui..! »
Pendant une seconde encore il ne bouge pas, n’ayant répondu que sur le principe et lui prouver qu’il a entendu la requête. Sauf que sa demande n’est peut-être qu’une nouvelle tentative de l’éloigner pour ensuite mettre la main sur les papiers qu’elle n’a pas eu le temps de ranger, et puisque le feu lentement mordille le bois qu’on lui a jeté, il craint qu’elle n’y enfourne aussi les feuillets jusqu’au dernier, dès qu’il aur ale dos tourné.
« ...Je reviens, attendez un instant... »
Sitôt dit, sitôt échappé vers le coin cuisine au fond du logis, d’où il rapporte à petits pas glacés un plateau de thé avec le nécessaire ; comme il l’avait fait pour ce charmant Isvallien quelques temps auparavant, il place la théière remplie d’eau sur le poêle puis le reste sur un coin libre de la table basse tout en essayant de ne pas ruiner ses chaussettes dans la suie qui recouvre les tatamis. Un peu de ménage s’impose, mine de rien, même si dans l’immédiat son attention se reporte sur le poêle, puis la demoiselle au marteau qui l’incommode toujours autant.
« Eh... Excusez-moi, mais... pourquoi l’avez-vous réparé ? Je veux dire, enfin... qui vous a envoyée ? »
La question lui échappe, aussi vague que décontenancée, une moue incongrue pour seul accent. Parce que vous en connaissez beaucoup, vous, des inconnus qui prennent leurs aises dans votre maison pour vous arranger votre cheminée ? Non ? Bah Akio non plus. Et bonkami que ça le perturbe, cette histoire.
Eglantine York
Eglantine YorkAlryon
Messages : 109
Date d'inscription : 31/08/2022
Profil Académie Waverly
Ryoshima- Par excés de zèle ft. Akio EmptyDim 3 Déc - 20:08
Je regarde un moment mon hôte qui semble être totalement figé, toujours aussi pâle, peut-être même un peu plus. Non, vraiment le chauffage de nouveau opérationnel va lui faire le plus grand bien. Heureusement pour lui j'ai bien fait mon travail, cela ne devrait pas prendre plus de quelques minutes avant que nous ne commencions à en sentir les effets bénéfiques. Cela dit je commence à me demander si pour se réchauffer le peintre n'a pas eu recourt à… des moyens plus alcoolisés. Ce serait compréhensible, je ne suis pas friande de ce genre de boissons, je trouve que la fermentation leur donne un goût infâme et même en n'en buvant que très peu je finis toujours avec un mal de crâne horrible le lendemain. Mais il paraît que ce n'est pas le cas de tout le monde. Mes soeurs m'ont même dit un soir que nous dinions toutes ensemble et qu'elles avaient accepté le petit verre d'alcool de prune proposé par notre logeuse que ce n'était vraiment pas mal. A l'odeur j'aurais plus utilisé ça pour désinfecter une plaie ou comme bain de bouche en cas d'aphte plutôt que de le boire. Mais qui suis-je pour juger ?

Je pense que l'alcool expliquerait son comportement actuel. Comme le fait qu'il saisit à toute vitesse sa liasse de papiers qui traînait sur la table basse avant d'aller préparer le thé. On n'a pas besoin de ça pour faire chauffer de l'eau et infuser du thé. A moins que ce soit un livre de recettes secrètes familiales dans lequel se trouve celle du thé que l'on doit servir aux invités. Cela pourrait expliquer où je l'ai trouvé, même si franchement ce n'est pas des plus pratiques, cela dit s'il reçoit peu. En attendant, je regarde la théière rejoindre le poêle avec une certaine fierté. Voilà, ceci est mon œuvre. Grâce à mes petites mains nous allons pouvoir profiter d'un bon feu et d'un bon thé; J'espère qu'il a des gâteaux pour aller avec, le bricolage ça creuse.

Comme les choses semblent avancer convenablement, j'utilise la manche de ma chemise pour nettoyer sommairement un coin de tatami près du poêle avant de m'y asseoir. Voilà, je vais bien profiter de la chaleur qui commence doucement à monter ainsi. Je comprend tellement les matous qui viennent faire leur sieste sous ces bêtes de métal, c'est très agréable.

Je regarde mon hôte assez perplexe. En voilà des questions étranges. Surtout que je lui annoncé qui m'avait envoyé quand il m'a ouvert la porte. Non vraiment, la théorie du petit verre ou deux sifflé en haut pendant que j'attendais se confirme. Il faudra que je prévienne Bella, histoire qu'elle s'assure que sa commande est correcte et n'en a pas pâtie. Est-ce qu'il a fait ça pour tous ses travaux depuis que son poêle était en rade ? Si c'est le cas j'espère pour lui et ses client.es qu'il tient bien l'alcool.

-Il faisait froid et je m'ennuyais. j'ai voulu éviter de geler en mourant d'ennui, je réponds franchement en m'étirant un peu. Et je vous l'ai dit en arrivant, ma soeur m'envoie, Belladonna York.

Je le regarde un moment puis me décide à lui poser franchement la question.

-Vous avez bu ?

Shimada Akio
Shimada AkioRyoshima
Messages : 124
Date d'inscription : 19/11/2022
Profil Académie Waverly
Ryoshima- Par excés de zèle ft. Akio EmptyLun 4 Déc - 22:21
Est-ce ceci que l’on appelle communément « fossé culturel » ? Quoiqu’il ne s’agit plus d’un fossé, pour le coup mais plutôt d’une tranchée, un gouffre, que dit-il un gouffre, une abîme que chaque seconde écarte encore davantage, chacun sur son bord, malgré le fait qu’Elle demeure toujours désespérément proche, désespérément . Dans la même pièce. À épousseter de sa manche le sol couvert de suie, à se salir jusqu’au coude sans une once de vergogne. À l’observer de ses prunelles vif-argent, à le scruter comme si c’était lui l’alien et que quelque chose ne tournait pas rond dans sa tête.
Qu’est-ce qu’elle lui veut.
Qu’est-ce qu’elle cherche.
Elle ne semble pas se rendre compte qu’avoir froid ou s’ennuyer ne comptent pas comme des prétextes valables pour transformer une habitation d’inconnu en une salle de machinerie ; à sa place, n’importe qui aurait plutôt essayer de s’allumer une cigarette ou de fouiller dans les armoires pour y trouver quelque chose à grignoter — certes, si l’on admet que la liasse découverte sous les tatamis fait office de garde-manger, cette option fonctionne — sauf qu’en aucun cas une personne lambda se serait-elle amusée à démonter un poêle par ennui. Ni à se balader avec un marteau sur soi, accessoirement. Pourtant, il ne saurait dire pourquoi, mais la nonchalance dont elle fait montre en lui répondant cette fois-ci tempère un brin l’angoisse qui l’avait envahi, et dans le creux de sa vague laisse apparaître une lueur clairvoyante.
La sœur de Belladonna. L’une des fleurs d’un bouquet aussi bigarré qu’éclatant, car si sa cliente s’était gardée de nommer une par une les membres de sa sororie, elle avait toutefois fait mention de leur nombre et du véritable jardin qu’elles composaient toutes ensemble. Il n’a donc pas en face de lui une domestique trop zélée ou une quelconque plébéienne amatrice de métallurgie, non, même si son absence de savoir-être pourrait l’apparenter à une banale prolétaire — alors sans doute représente-elle le mouton noir du troupeau, puisqu’il en faut toujours un, ce poisson plus fin qui échappa aux mailles coercitives d’une éducation bourgeoise typique des filles de bonne famille. Est-ce que cela l’enjoint à la traiter différemment, maintenant qu’il sait ? Non. Est-ce qu’il se sent mieux pour autant ? Non plus.
Surtout quand elle le soupçonne d’avoir un coup dans le nez, si directe dans sa question qu’il a besoin d’une seconde ou deux pour raccrocher le lien entre la boisson et tout ce qu’il s’est passé dans cette pièce depuis un quart d’heure. Ne la contrarions pas, elle a toujours son marteau en main.

« Eh... Bu, bien sûr, oui..? Comme j’oublie souvent tout le reste quand je travaille, je m’oblige toujours à boire beaucoup avant, cela évite les maux à la tête... »
Quelle question étrange, tout de même ; est-ce qu’elle s’inquièterait pour lui ? Il a de plus en plus de mal à cerner ses intentions, et n’aime pas du tout cela.
« Pour le thé, en revanche, il faut encore un peu de patience... Mais on sent déjà la chaleur qui revient. » Et avec elle une légère douceur dans son ton, tandis qu’il jette un œil soulagé au poêle. Il a l’air de vraiment fonctionner — elle ne lui cachait peut-être pas la vérité, en fin de compte. Puis il attrape un des coussins ronds qu’elle a poussé à l’écart et l’agite juste sous son nez taché de suie. « Tenez, asseyez-vous plutôt là-dessus s’il vous plaît ; le sol n’est pas très confortable. »
Preuve à l’appui, il en place un entre elle et la table avant de se poser dessus en seiza, à la fois assez près du meuble pour placer une main protectrice sur la pile de feuilles confidentielles, et assez près du poêle pour s’occuper du thé dès qu’il entendra l’eau frémir.
Eglantine York
Eglantine YorkAlryon
Messages : 109
Date d'inscription : 31/08/2022
Profil Académie Waverly
Ryoshima- Par excés de zèle ft. Akio EmptyMar 5 Déc - 17:08
Je ne m'attendais pas à ce qu'il admette de manière aussi décomplexé sa consommation d'alcool. Ni à ce qu'elle soit aussi importante. C'est à la fois assez impressionnant de le voir fonctionner aussi bien et aussi le fait qu'il doit être dans un état d'ivresse quasi permanent pour éviter les effets d'une gueule de bois. Il faudra que je prévienne Bella de bien vérifier le contenu de sa commande, et qu'il y a des chances que cet artiste ne vive pas bien longtemps. De ce que j'en voie les risques d'une cirrhose du foie précoce sont assez importants. Cela dit le bon côté pour ses clients est qu'avec sa mort la côte de ses oeuvres risque de connaître un pic de leur vivant à eux. Le malheure des uns fait le bonheur des autres je suppose.

Je hoche la tête mais décide de ne rien ajouter sur le sujet. Je ne suis pas médecine et de toute façon ce ne sont pas mes affaires. Qu'il creuse sa tombe comme il l'entend, mais je trouve ça quand même assez dommage.

-Merci.

Je suis son invitation sans discuter, même si je suis très bien là où je suis, avec le ronronnement agréable du poêle contre mes côtes. Le coussin est assez confortable je dois dire, j'espère vite pouvoir continuer de me réchauffer avec le thé. Cela dit, il parait qu'il est de bon ton de faire la conversation quand on attend que l'eau chauffe avec son hôte. Je n'ai pas envie qu'il puisse dire que je n'ai pas été très agréable à Bella quand ils reverront, même si j'ai fait un travail absolument excellent dans la réparation de son poêle. Il me faut donc un sujet de conversation.

-Je ne savais pas que les livres de cuisines familiaux étaient si précieux à Ryoshima. En Alryon nous n'allons pas jusqu'à les cacher sous le plancher, enfin je ne crois pas que ce soit très courant. C'est que ce n'est pas forcément très pratique. D'ailleurs vous auriez quelque chose à manger pour aller avec le thé ? Je commence à avoir faim.

Je crois que j'ai totalement réussi l'exercice de lancer la conversation, Astrance serait fière de moi.
Shimada Akio
Shimada AkioRyoshima
Messages : 124
Date d'inscription : 19/11/2022
Profil Académie Waverly
Ryoshima- Par excés de zèle ft. Akio EmptyMar 5 Déc - 23:56
À défaut d’être particulièrement civilisée, au moins est-elle relativement obéissante.
Il prendra cette victoire pour ce qu’elle est — pas grand-chose —, mais enfin est-ce tout ce qu’il demande dans l’immédiat, de quoi souffler un instant sans craindre qu’elle n’éventre le mur pour comprendre d’où provient le courant d’air. Le temps pourrait s’interrompre ici d’ailleurs, et eux demeurer silencieux jusqu’à ce que la théière fasse la conversation toute seule et que son murmure chaleureux serve d’interlocuteur, pour sûr Akio ne serait pas contre tant il a l’impression que le moindre de ses mots pourrait donner lieu à la pire interprétation qui soit. Le calme est un luxe qu’il apprécie s’offrir dès qu’il le peut, pourtant il lui semble qu’en ce moment il s’agit carrément d’un besoin.
Sous ses phalanges le papier le démange comme s’il le suppliait de le ranger. Impossible néanmoins d’accéder à cette requête devant la demoiselle, quand bien même elle serait responsable de leur révélation — ce sur quoi elle revient alors tout à trac, avec autant de gêne qu’elle en a exprimé depuis le début de leur rencontre, c’est-à-dire aucune. Adieu paix, calme, mutisme ! Entre le changement de sujet et cette nouvelle réclamation, Akio peut dire au revoir à ces trois minutes de sérénité, mal qu’il commence à assimiler ses manières de faire, aussi insolites soient-elles. C’est que la Fleur demeure fidèle à son image, et passée la stupeur de la collision entre leurs deux mondes, il parvient à concevoir à quel point il ne représente rien pour elle, rien à captiver, rien à redouter. Elle pourrait être chez lui comme chez n’importe qui d’autre, s’y comportant sans conteste de la même manière, aussi obnubilée par l’univers dans lequel elle vit que lui lorsqu’il se retrouve face à sa toile, alors comment s’en effrayer encore ? Le simple fait qu’elle confonde ses feuillets pour des livres de recettes traditionnelles en dit long sur les couleurs de sa réalité. Et celles sur les joues du peintre s’autorisent enfin à revenir.

« Ah, ce ne sont pas des livres de cuisine, rectifie-t-il en tapotant la pile, sa tranquillité d’âme retrouvée,  mais les archives de mes commandes en tant qu’artiste. J’y note tout le nécessaire pour réaliser mes peintures telles que le souhaitent mes clients... pour garder une trace de leurs volontés si jamais ils contestent, vous voyez ? »
C’est le mensonge le plus naturel qui lui soit venu, et le plus plausible. Combien de fois aura-t-il eu affaire à ces gens qui changent d’avis en plein milieu de la phase finale, là où ils avaient dit oui au croquis préliminaire ? D’ailleurs, il se demande pourquoi il n’a jamais fait cela pour de vrai, car cette méthode pourrait s’avérer très utile afin de se couvrir — dans tous les cas de figure envisageables.
«  Ne bougez pas, je vais vous chercher cela. »
Il se relève alors et en profite pour déposer la liasse sur une des étagères en bambou, loin, beaucoup plus loin du danger à la chevelure platine. En soi, puisqu’il a confirmation qu’elle ne lit pas le Ryoshimais, cela lui fait un souci de moins à gérer, mais sait-on jamais. Elle a bien démonté son poêle en un quart d’heure de temps — Kami sait ce qu’elle peut faire en trente secondes pendant qu’il glisse vers la réserve de nourriture dans l’arrière-salle, à l’abri du regard de sa convive.

Forcément, il n’a pas de gâteaux. Pas de gâteaux de type alryonnais, du moins. Lui qui n’est pas spécialement friand de sucré n’est pas non plus du genre à s’acheter des namagashi pour le plaisir, et il aura de surcroît terminé sa dernière portion de yokan avec Alexander, quelques jours auparavant. Le voilà bien embêté. Surtout que le temps qu’il prépare quelque chose de zéro, l’eau sera chaude depuis plusieurs minutes et le thé sera englouti avant que la pâte à dorayaki ait terminé de cuire. En outre, son goût pour l’ochazuke ne risque pas de plaire à la demoiselle, qui s’attendrait peut-être à une collation plus délicate qu’un bol de riz rempli de thé vert. L’embarras est à son comble, quand ses yeux dévient vers une petite boîte offerte par son propriétaire en guise d’excuse pour la panne de poêle. Il n’y a pas touché depuis parce qu’elle lui rappelle trop l’avarice du vieux rentier — et il craignait que les manjū à l’intérieur soient aussi rances que son sens de l’humour lorsque ce dernier lui suggéra de faire de l’exercice physique pour se réchauffer jusqu’à l’arrivée des réparateurs. Mine de rien, cela pourrait lui sauver la mise à l’instant.
« Hm, voici, navré pour le délai... »
Il lui a fallu quelques secondes pour disposer les bouchées de pâte dans une jolie assiette, puis revenir dans la pièce principale où la fumée s’échappe désormais de la théière. Quelques secondes, c’est déjà trop quand on n’est pas certain de retrouver sa maison intacte, cependant cela lui suffit pour poser l’assiette près de son invitée tout en précisant :
« Ce sont des biscuits aux haricots rouges. C’est sucré et parfait avec le thé. »
Eglantine York
Eglantine YorkAlryon
Messages : 109
Date d'inscription : 31/08/2022
Profil Académie Waverly
Ryoshima- Par excés de zèle ft. Akio EmptyVen 8 Déc - 1:01
Ah, les couleurs commencent à revenir sur les joues de mon hôte, ça et sa posture qui se détend un peu. Je suppose que ce sont les effets bénéfiques de la chaleur qui se font sentir. J'aurais fait une bonne action aujourd'hui et pourrait me coucher satisfaite de moi-même.

Par contre son explication me laisse perplexe. J'y réfléchis pendant qu'il s'éloigne chercher de quoi manger, ce qui ne sera pas malvenu j'ai vraiment faim le petit-déjeuner de ce matin commence à être bien loin. Et clairement jouer les bonnes samaritaines dans le froid, ça creuse. J'aurais dû demander un troisième bol de riz ce matin, il n'aurait pas été de trop.

Je sais que ce genre de registre est assez courant chez les artistes, Bella en tient un elle même. Elle accompagne même ses pages des croquis qu'elle a proposé à ses clients et de l'évolution de leur désidératas. Elle y met aussi des échantillons des teintes avec la justification de leurs coûts et quel usage il est prévu d'en faire dans la commande, elle m'en a montré quelques extraits pour soutenir ses récits de client.es cauchemardesques. Ce sont des choses précieuses pour les artistes professionnels, et Bella n'est pas la dernière pour en ressortir les preuves et contester les déclarations fallacieuses de clients se plaignant que leur commande leur revienne trop cher au final.

Mon hôte revient avec une assiette de petits gâteaux dont j'ai vu des semblables durant les repas chez notre logeuse. Ils avaient l'air moins secs chez elle cela-dit. bah, en les faisant tremper dans le thé pour les ramollir ça ira.

-Votre truc ça ne ressemble pas à des archives pour des commandes de peinture, je dis presque sans le prévoir.

Ma pensée file et file, elle est un trait de vapeur agitant les rouages complexes de ma psychée. Non, elle est l'éclair solaire que je traque depuis si longtemps. Elle vient faire la lumière sur les ombres que je n'avais pas encore vues. Je continue de la suivre à voix haute.

-Et ça ne se range pas dans un lieu aussi impraticable, pas quand on en a besoin aussi régulièrement.

Je prend un des gâteaux et en croque un bout, c'est effectivement très sec et peut-être même un poil rance.

-Va vraiment falloir noyer ça dans le thé. Cela dit c'est peut-être une décision prise à cause de l'alcool cette histoire. Vous savez c'est pas bon de tirer autant sur la bibine. On a un cousin éloigné qui a fini dans le puits à cause de ça. C'était marrant pour personne, parce qu'après iels ne pouvaient plus utiliser l'eau du puits durant un moment, rapport au fait qu'un cadavre y a fait trempette un moment.

Je reprend une bouchée de gâteau, parce que j'ai faim.

-Non vraiment, c'est pas mangeable en l'état. Vous auriez peut-être mieux fait de suivre une recette familiale pour le coup. Merci quand même pour les biscuits.
Shimada Akio
Shimada AkioRyoshima
Messages : 124
Date d'inscription : 19/11/2022
Profil Académie Waverly
Ryoshima- Par excés de zèle ft. Akio EmptyMer 13 Déc - 17:04
Combien de temps encore avant la délivrance ?
Ah oui, c’est vrai que c’est lui qui était en retard pour la livraison, alors il ne peut s’en prendre qu’à lui-même si s’est installé chez lui ce raton-laveur au pelage de sable blanc. Une erreur qu’il ne reproduira certainement plus, à l’avenir, ou bien laissera-t-il les prochains coursiers attendre dehors plutôt que de les introduire dans son logis. La chaleur retrouvée vaut-elle le prix de ce désagrément ? Il en doute — tout comme il doute pouvoir ravaler aussi longtemps le lourd soupir qui gonfle dans sa gorge, et qu’il lui faudra cracher dans un coin dès que l’occasion se présentera. Vraiment. Dix minutes en compagnie de cette gêneuse sont aussi épuisantes que dix jours de labeur enfermé dans son atelier ; c’est à peine si manipuler le nécessaire à thé lui permet de concentrer son esprit sur autre chose que cette femme, non, cette intruse de premier ordre, et assez malpolie avec ça pour le reprendre sur ses propres déclarations. À cette seconde, il aurait tenu du papier entre ses doigts, à la place de la boîte en bois gravé qu’il ouvrait méticuleusement, qu’il l’aurait froissé de contrariété. Par chance, il ne dispose à portée que d’une cuillère et d’un fond de thé, pas de quoi trahir ses soudaines envies de meurtre. Quoique. On peut se débarrasser de quelqu’un avec moins que ça.

« Oh, je vois... », souffle-t-il dans sa langue natale avec un lent mouvement de tête entendu, aussi détaché que si on lui avait expliqué comment recoudre un ourlet de kimono. Puis poursuit en langue commune, suave tel un miel vénéneux : « Merci pour votre avis ; heureusement que vous êtes là pour me dire comment gérer mon travail, je n’aurais jamais réussi depuis tout ce temps, sans vos conseils. »
Pour un peu il aurait forcé le trait en s’inclinant, mais cela lui aurait arraché un grincement bien trop audible, cette fois. À la place, immobile dans l’attente de l’ébullition qui se fait désirer, il laisse prunelles dériver un instant vers le poêle pendant que son invitée s’échappe dans une digression sur, heu, il n’est pas sûr de tout comprendre, et quand son attention revient sur elle c’est pour afficher son scepticisme dans la courbe surélevée de son sourcil, petite onomatopée interloquée à l’appui.
Pourquoi
est-ce qu’elle
lui parle
d’alcool, de puits et
de cadavre ?
À quoi ressemble donc l’intérieur de cette cervelle ? Quelles connexions suit sa pensée pour dériver aussi vite et aussi absurdement d’une liasse de feuilles à un macchabée après un méandre par la case cousin ? À moins qu’il ne participe malgré lui à ces farces grandeur nature dont il entendit autrefois le principe, lorsque des comiques s’amusent à faire tourner en bourrique une victime désignée aléatoirement dans la rue, et qu’elle ne débite tout ceci que dans l’espoir de le voir se décomposer sur place ? Il ne sait pas. Il ne sait rien. Mais il fulmine intérieurement d’être piégé dans cette scène des plus insensées, et ne rêve que de s’en extirper avant d’y perdre lui-même ce qui lui reste de sanité. En aucun cas il ne doit la laisser lui mettre le cerveau à l’envers, ce serait beaucoup trop dangereux. Encore plus avec ses archives exposées.
« D-de rien..? Je suis... ravi qu’ils vous plaisent... Et toutes mes condoléances pour votre cousin dans le thé. »
Trop tard.
Il a basculé lui aussi.

Ressaisis-toi, Akio !
Le remous de l’eau dans la théière alerte son ouïe et l’arrache soudain à son incompréhension rampante. C’est donc cela, l’appel glougloutant de sa sauveuse ? Presque trop vite, il se rapproche du poêle avec la boîte à thé pour procéder à l’infusion : la manche tirée en guise de protection contre la chaleur, il soulève le couvercle du récipient, jette ensuite une cuillerée d’herbes sèches à l’intérieur, replace le couvercle puis retire l’ensemble hors du chauffage, le temps que l’arôme se diffuse, après quoi il retourne avec près des tasses et s’agenouille de nouveau en douceur. Mine de rien, ce qu’elle lui a raconté sur le puits de sa famille rempli de thé au cadavre ne lui donne peut-être pas très envie de goûter à celui-ci, ça doit lui rappeler de mauvais souvenirs, quand bien même il peut l’assurer que l’eau de ses propres réserves n’a pas été empoisonnée. Brrr. Ça le dégoûte rien que d’imaginer ce défunt en train de flotter bleu et vert croupi au fond de son gouffre.
Le silence retombe en même temps que sa crainte de l’entendre repartir sur d’autres récits macabres. Il est vrai qu’Akio ne déploie l’art de la conversation que lorsque les circonstances s’y prêtent, sauf qu’il est maintenant trop pris au dépourvu pour trouver un sujet susceptible de l’occuper pendant la minute nécessaire à l’infusion — mais s’il ne dit rien, elle va probablement repartir dans une parenthèse sur son chien et la fermentation de la levure ou quelque chose du genre, et ce serait le condamner définitivement. Non. Il doit récupérer la maîtrise de cette discussion. Tout de suite ou jamais.

« Hm... et donc... J’imagine que réparer des machines chez autrui n’est pas tout à fait votre activité habituelle, alors... qu’est-ce que vous aimez faire, en temps normal ? » À part saccager des foyers, je veux dire — mais il préféra opter pour la version courte.
Eglantine York
Eglantine YorkAlryon
Messages : 109
Date d'inscription : 31/08/2022
Profil Académie Waverly
Ryoshima- Par excés de zèle ft. Akio EmptyJeu 14 Déc - 11:18
Je ne comprends pas ce qu'il dit dans sa langue natale, c'est assez frustrant d'entendre sans comprendre. Si je reste un moment sur le Bloc il faudra que je prenne le temps d'apprendre un peu la langue, et pas seulement autour des termes mécaniques et technologiques. Cela pourrait s'avérer utile.

J'ai une gêne alors qu'il poursuit en langue commune. Son visage n'a pas les signes qui trahissent une irritation ou un agacement, je sais j'ai fait une liste de ce que je dois guetter pour dans ces cas là et il ne coche aucune des cases. Mais ça ne m'empêche pas de sentir comme… une inadéquation, sans que je puisse poser le doigt dessus. Je n'aime pas quand ça arrive. Dans mes chaussures mes orteils se plient et se replient sur eux mêmes, la sensation m'éloignant un peu du malaise que je ressens. C'est un peu trop familier à mon goût. Et puis ce doit être effectivement le cas ce qu'il me dit, après tout il a placé cet objet dans un endroit des plus inadaptés.

-De rien, je décide de laisser l'inconfort passer ce ne doit être qu'un jeu de mon esprit. On me le dit souvent, enfin pas exactement comme ça mais souvent.

C'est appréciable quand les gens reconnaissent vos qualités. Par contre il a l'air toujours aussi confus, ce doit vraiment être fort leur alcool.

-Pas dans le thé, dans le puits. C'est compliqué de se noyer dans une tasse de thé. Cela dit… Oui je suppose qu'au bout de quelques heures, oui on doit avoir un genre de thé au cadavre.

Pas que ce doive être quelque chose de très agréable à boire. Nous n'aurons pas ce problème avec notre boisson dont l'eau comment à siffler pour signaler qu'il est temps de faire infuser la délicieuse poudre.

Ah, malgré le petit moment de silence on dirait que mon initiative pour lancer la conversation a porté ses fruits. Vraiment je suis contente. Astrance serait fière de moi si elle pouvait voir comme je navigue bien dans cette interaction sociale. Et puis je suis contente de pouvoir parler de mon occupation, c'est toujours un plaisir.

-Emmerdeuse professionnelle. Enfin c'est ce qu'on me dit souvent.

Jamais compris pourquoi, je ne suis pas plus insupportable qu'une autre, les gens sont irritants par nature. Sauf quelques rares personnes. J'en déduis que tout le monde est de fait un.e emmerdeur.se professionnel.le. Mais je trouve que c'est pas mal comme introduction.

-Ce qui est tout à fait inexact. Je suis inventrice, donc en fait je répare beaucoup de trucs chez les gens, mais c'est vrai que j'en construit aussi beaucoup. J'ai adapté une presse d'impression pour Bella. Elle fait des tirages de gravures qu'elle peint ensuite pour certaines de ses commandes, vous savez ?

Mes soeurs sont incroyables et je suis toujours contente de pouvoir leur donner un coup de main quand je peux. Elles sont des soleils bourrés de talents et de qualités, si je peux les aider à briller ne serait-ce qu'un peu je suis heureuse de le faire.

-D'ailleurs, je pourrais m'occuper de votre poêle pour l'améliorer un peu, il faudrait juste un peu de temps et d'huile de coude pour que ça vous chauffe bien à l'étage. Oh et je vois aussi comment je pourrais faire pour que ça vous chauffe de l'eau pour le bain, la lessive et la vaisselle aussi.

Ce serait pas une mauvaise chose si ça lui permet de ralentir sur la bouteille.

-Ce serait pas mal pour votre santé.
Shimada Akio
Shimada AkioRyoshima
Messages : 124
Date d'inscription : 19/11/2022
Profil Académie Waverly
Ryoshima- Par excés de zèle ft. Akio EmptyDim 17 Déc - 9:12
Heureusement qu’Akio ne buvait pas au moment où la demoiselle répondit à son interrogation, sans quoi il aurait — au choix — prodigieusement recraché sa gorgée sous le coup de la surprise ou bien avalé de travers et manqué s’étrangler. Parce qu’elle en avait conscience, en plus ?! Inutile de préciser que, s’il y avait là un trait de cynisme tout alryonnais, le peintre l’avait esquivé si fort qu’il n’en restait que l’expression dubitative qui lui dessinait une légère moue sur le visage. Que d’autres aient pu qualifier l’intéressée de cette manière aurait certes pu le rassurer sur son propre jugement — puisqu’à y réfléchir il s’était peut-être montré trop sévère ou expéditif — mais, au contraire, il fut un cran plus épouvanté à l’idée d’avoir affaire à une authentique professionnelle et par conséquent de devoir endurer les compétences ô combien exceptionnelles qu’elle déployait dans l’exercice de ce métier unique en son genre.
Grands kami merci, elle rectifia aussitôt le tir. Elle le rectifia d’ailleurs si bien, en l’orientant vers un domaine capable d’aviver la curiosité de son hôte, que celui-ci ne sut dissimuler la piqûre d’intérêt que la mention de cette fameuse presse lui avait infligée. Ses lèvres s’entrouvrirent en une onomatopée muette. Dans son œil boisé, un éclat jusqu’à lors assoupi se mit tout à coup à luire. Un appareil à gravures personnel. Imaginez ! Adieu les aller-retours chez l’imprimeur à l’autre bout de la ville, adieu les coûts exorbitants et les imprévisibles aléas de panne et d’encre mal préparée ! Durant leur entrevue, Belladonna avait en effet exposé ses différentes techniques de prédilection, mais l’existence de cette machine était demeurée secrète, faute d’être l’objet de la discussion, et à présent qu’Akio se tenait devant l’inventrice il en oubliait presque, presque, la couche de suie qu’elle avait répandu partout dans la pièce.

Il l’aurait en effet oublié qu’elle revint d’elle-même sur le poêle, ce qui ralluma aussitôt l’effroi de l’espion dont l’esprit se braqua de nouveau sur la catastrophe en approche, et ses mains s’agitèrent en signe de refus.
« Eh non, non, ne vous donnez pas cette peine..! Ce n’est pas nécessaire. » Foutue politesse. « Il n’y a pas de bain ici ; je me rends aux thermes publics. Pour le linge, nous nous sommes arrangés avec ma voisine, c’est elle qui s’en charge contre rémunération... et la vaisselle... »
Mince. Il n’avait pas d’excuse pour la vaisselle. Il ne pouvait même pas prétexter manger dehors à chaque fois, puisqu’il avait tout de même les ustensiles à thé et un espace cuisine accessible au fond de la pièce, visible derrière son noren délavé, qui le trahissaient. Tant pis, il n’avait qu’à changer de sujet encore une fois, retourner vers une thématique assez distrayante pour elle. Et baisser le regard vers la théière dont le contenu devait maintenant être à point.
« Hm, bref. Vous n’avez pas à faire tout cela pour moi. Un peu de rustre... non, rusticité, ne me dérange pas. »
Son timbre lissé comme la surface d’un lac, il souleva ensuite la théière pour en remplir délicatement les deux tasses, libérant un subtil arôme de résineux. Un ruisseau de fumée douce s’élevait du breuvage, qu’il tendit à son invitée — « Faites attention, c’est chaud. » — avant d’attraper un des gâteaux tout en reprenant le fil de sa pensée :
« ...et qu’est-ce que vous avez créé d’autre ? Comment avez-vous appris ? »
Bien, ça. Deux questions de plus, c’est-à-dire encore quelques secondes gagnées sans qu’elle ne cherche à s’emparer de son poêle ou de ses documents. Cela mérite une bouchée de biscuit...

Eurk.

D’un coup, il comprend mieux pourquoi son cousin s’est jeté dans un puits. Et pas qu’à cause de l’alcool.
Eglantine York
Eglantine YorkAlryon
Messages : 109
Date d'inscription : 31/08/2022
Profil Académie Waverly
Ryoshima- Par excés de zèle ft. Akio EmptyDim 17 Déc - 14:36
Il fait vraiment de drôles de têtes, mon hôte. S'il n'avait pas reconnu le fait qu'il était bel et bien porté sur la bouteille je me serais demandée si en fait c'était pas plutôt un truc naturel chez lui.

J'écoute quand il m'explique pourquoi une amélioration de son poêle serait inutile. Je peux comprendre, moi aussi je ne suis pas très approbatrice des changements quand ils arrivent dans mon domaine. J'aime que les choses qui sont à moi soient bien dans l'état que je leur ai donné. D'ailleurs après le thé il va falloir que je range et nettoie tout.

-Dommage pour votre voisine alors, elle aurait pu en profiter. Cela dit c'est une question de prix qui vous refroidit, ne vous inquiétez pas j'vous ferait ça à l'oeil. Bella vous aime bien.

Et moi aussi je l'aime bien. Déjà il a une bonne tête et ensuite je trouve son accueil vraiment agréable. Et comme l'argent n'est pas un problème pour moi autant en faire profiter, et puis clairement le projet m'amuserait énormément.

Je reprend une bouchée de gâteau alors qu'il sert le thé. Pouah, c'est toujours aussi peu appétissant. Pour le moment c'est vraiment le seul bémol dans son hospitalité, les pâtisseries sont infectes.

-Merci.

Je prends la tasse brûlante et désormais remplie du délicieux nectar, j'en inspire une grande bouffée. Son odeur est merveilleuse, et je ne détecte aucune note de citron, tant mieux, je déteste ça. Si les encas sont franchement à jeter, ce n'est pas le cas du thé. J'en prend une première petite gorgée et j'en savoure la brûlure. C'est bon.

-Pas mal de trucs. Pour Lavande j'ai développé un modèle de distributeur de foin et de grain semi-automatique pour les écuries. J'ai amélioré des machines à pédale pour Daphné, elle les utilise dans son atelier maintenant.

Du coup ça fait qu'indirectement je participe à habiller la noblesse et la bourgeoisie fortunée d'Alryon. Ce que Daphné trouve toujours ironique au vu de mon sens du style, je vois pas ce qu'il a mais bon c'est elle l'experte après tout;

-Mais ça c'est plus des trucs que je fais à côté. mon projet principal c'est d'élaborer un nouveau moteur de caravelle qui fonctionnerait avec l'énergie solaire. L'idée c'est de pouvoir ensuite appliquer ça au reste des applications. On a déjà des petites lanternes qui fonctionnent à l'énergie solaire, mais imaginez qu'on puisse éclairer toute une maison comme ça. Il suffirait juste de tourner un bouton pour y voir comme en plein jour, adieu les bougies et les lampes à huile. On aurait juste besoin du soleil. Il faut juste que je trouve comment stocker l'énergie solaire sur le moyen et long terme.

Et éviter que ça explose entre temps aussi, mais bon on y travaille. Et je sais que chaque incendie ou explosion me rapproche un peu plus de mon but. Je sais que je peux changer la face du monde.

-C'est mon projet principal du moment. Mais sinon j'ai surtout appris sur le tas, quand mes parents ont vu que je passais pas à autre chose ils ont fait la même chose que pour mes soeurs, ils ont engagé des tuteurs spécialisés. Et aussi achetés une quantité assez indécente de manuels et traités spécialisés. Vous saviez qu'ils en font des trés détaillés sur l'anatomie équine ?

Je trempe le reste de mon gâteau dans le thé, dans l'espoir que cela le rende plus mangeable. J'ai des doutes.

-Et vous ? C'est venu comment ?

J'avoue être un peu curieuse.
Shimada Akio
Shimada AkioRyoshima
Messages : 124
Date d'inscription : 19/11/2022
Profil Académie Waverly
Ryoshima- Par excés de zèle ft. Akio EmptyMer 20 Déc - 14:04
Devait-il l’empêcher de terminer le gâteau qu’elle tenait entre ses doigts, maintenant qu’il savait à quel point il faisait outrage à la pâtisserie ryoshimaise ? Certes, elle l’avait constaté avant lui, et certes, il n’avait pas pris en compte son avis au profit d’une bavure mesquine qui, à présent qu’il en découvrait à son tour le goût, s’estompait derrière un trait de désolation. Ce n’était pas qu’elle avait le palais trop délicat pour les arômes endémiques de la Cité, ni même qu’elle s’autorisait à se montrer fine bouche par caprice, non — ces friandises étaient proprement écœurantes. Et la sécheresse rance de leur texture ne comptait même pas pour moitié dans l’opération, car si le peintre les avaient en effet négligées durant plusieurs jours dans un coin de sa cuisine il aurait parié sur le fait qu’à l’origine, et malgré leur fraîcheur, leur saveur était déjà terrible. Ainsi donc, il aurait dû se méfier jusqu’au bout de ce cadeau lorsque son logeur le lui avait offert en dédommagement pour son inefficacité vis-à-vis de la panne de poêle, et pouvait dorénavant promettre qu’il ne ferait plus jamais goûter à un inconnu quelque mets qu’il n’eût pas déjà testé lui-même.
« Oh, vraiment..? C’est très gentil. »
Entendre que sa cliente l’appréciait poudra son museau d’un doux embarras, qu’il tenta aussitôt de noyer dans sa tasse. Bien qu’ils n’avaient pas eu le loisir de converser au-delà de leur entretien pour la commande, il n’aurait pas nié que ce sentiment fût réciproque — dommage qu’elle habitât si loin, sans quoi il lui aurait volontiers proposé de partager un atelier.
« Ne vous forcez pas, ils ne sont pas bons du tout..., s’excusa-t-il alors en voyant que son invitée croquait une nouvelle fois dans le manjū, l’air de se ficher de l’indigestion en marche. Je m’en voudrais si vous tombiez malade. » Lui-même avait reposé le morceau de poison dans une coupelle avant de se concentrer sur son breuvage exclusivement, dont il reprit une gorgée pour purifier ses papilles de concert avec l’inventrice.

Par ailleurs, écouter le babillage de cette dernière, tout en dégustant ce thé brut aux effluves de montagne, avait ce il-ne-savait-quoi de beaucoup plus agréable qu’il ne l’avait imaginé, probablement avivé par le soulagement de voir son logis de nouveau sous contrôle. Quand bien même une part de son esprit gardait en mire ses archives, il permettait au reste de papillonner au gré des phrases de la demoiselle York — elle ne lui avait pas encore révélé de quelle fleur il s’agissait — et, par conséquent, de s’étonner du vaste champ d’action que recouvrait son activité. Elle possédait un débit de paroles similaire à celui des artistes lorsque quelqu’un les lance sur leur technique favorite ou leurs influences, ce genre de discours qui occulte soudain tout en dehors de sa thématique puis absorbe l’ensemble des réflexions à l’intérieur de cette parenthèse passionnée dont personne ne saurait prédire la fin. Loin d’ennuyer l’espion, cette tirade technologique éclairait son jugement d’un jour neuf, si bien qu’à la faveur de cette lumière il se mettait à apercevoir sur la figure de son interlocutrice des couleurs insoupçonnées mais non moins charmantes, un jaune acharné et un pourpre insolite, un miroitement bleu de persévérance et une touche de brun plus sage, plus modeste, en attendant l’arc-en-ciel face au soleil.
« Eh, non, j’ignorais..., répondit-il docilement à l’ultime question, tout en se demandant quel était le rapport entre un moteur de caravelle et l’anatomie équine — ses parents avaient dû louper un truc dans la commande au père Klaus —, je... n’y connais pas grand-chose en sciences ni en caravelle, pardonnez-moi. Le mal de l’air n’aide pas sur ce point, je suppose. » Il avoua cela avec une petite risette confuse, désolé de la faiblesse de son estomac face au transport aérien. « Mais il y a forcément quelque chose à faire avec cette idée de moteur, vous avez raison. Les voiles elles-mêmes pourraient servir de récepteur à énergie, grâce à leur surface, et si l’on considère le volume des coques, hm hm... » Hochant la tête pour lui-même, il s’apprêtait à reprendre un peu de thé quand elle lui retourna sa curiosité.

Son premier réflexe fut de songer qu’elle y trouverait probablement une passerelle pour revenir ensuite à ses histoires d’archives, à son grand dam, or il aurait été malvenu de s’emmurer dans le secret après tout ce qu’elle lui avait confié. Surtout que, en tant que peintre, il serait vain de vouloir préserver le mystère sur des créations destinées au visible ; s’il avait tenu à rester inconnu, il se serait fait moine ermite.
« Ah, un peu comme vous : sur le tas. Sans les professeurs et les livres derrière, cela dit... Puisque je passais mon temps dehors, j’observais tout puis essayais de le reproduire avec ce que j’avais sous la main, quitte à ce que ce soit détruit dans la foulée. Quelque part, c’était... heu... ma manière d’assimiler le monde ? De le retenir, et d’espérer le comprendre. » Son regard s’abîma doucement au fond de sa tasse, lointain. « À quel moment ai-je décidé d’en faire mon métier ? Je ne me souviens pas ; je dessinais sans réfléchir, comme on respire, et y consacrer ma vie est venu aussi naturellement. Même si ce que je fais est beaucoup plus humble et futile que ce que vous faites, vous. Une peinture n’a jamais sauvé des engelures, sauf à la brûler..! »
Il releva la tête avec ce sursaut d’humour qui n’avait rien de forcé. Après tout, elle pouvait en témoigner — sans ce poêle, il aurait peut-être fini par y perdre ses doigts.
« Plutôt qu’une em... emmerdante ? professionnelle, disons que vous êtes une sorte de... eh... héroïne désastreuse — en ryoshimais dans le texte — non... une ingénieuse de catastrophes... ah, c’est ça : une calamité bienfaitrice. »
Oups, le surnom lui avait échappé. La faute au thé ; toute cette chaleur d’un coup, ça faisait fondre son filtre de civilité.
Eglantine York
Eglantine YorkAlryon
Messages : 109
Date d'inscription : 31/08/2022
Profil Académie Waverly
Ryoshima- Par excés de zèle ft. Akio EmptyMar 16 Jan - 22:46
Je l'écoute et je pense à Bella. Elle qui avait toujours un fusain dans la main d'aussi loin que je puisse me souvenir. Ils se ressemblent tous les deux. Pas seulement dans ce qu'il me dit, mais aussi dans ce qu'il ne dit pas. Il y a la même étincelle dans les yeux du peintre qu'il y a dans les yeux verts de ma soeur. Une sorte de rage.

Bella toute entière est la peinture et le dessin. C'est une artiste née, mais il y a une défiance dans la route qu'elle suit. Comme pour toutes mes soeurs. Nous vivons toutes nos vies d'une manière qui ne convient pas. Une femme ne devrait pas se rêver artiste, musicienne compositrice accomplie, botaniste ou historienne acharnée. Pas comme un homme le peut.

Peut-être est-ce ma propre colère, ma propre rage, que je projette sur mon hôte en cet instant. Elle me paraît tellement policée, à peine visible qu'elle pourrait très bien ne pas être là. Peut-être n'est ce juste que le reflet, de la mienne. Une illusion créée par la vapeur dub thé et la chaleur qui monte du poêle.

-Si ça vous met un toit sur la tête et du bois dans le poêle, ça doit vous sauver de quelques angelures, je remarque avant de prendre une gorgée de thé,

Il est bon, et brûlant.

Je le regarde sans trop comprendre ce qu'il veut dire, et pas seulement parce qu'à un moment il s'exprime dans sa langue natale. Calamité bienfaitrice. Je fais sonner les mots dans mon esprit.

Astrance serait ravie de se qualifier simplement de calamité. Elle en rirait, avec un rire féroce et plein d'angles. Mais pas devant mon hôte, juste devant nous, ses soeurs.

Calamité. Je souris. J'ai déjà entendu pire.

-J'aime bien. Je me présenterai peut-être comme ça à l'avenir.

Je reprends une gorgée de thé. Un instant de calme s'installe.

-Je vais continuer à ranger et nettoyer pendant que vous finissez votre commande.

Bella me tuerai si elle apprenait que j'ai empêché l'élan artistique du collégue qu'elle admire arriver à son terme. Et pas gentiment.

Shimada Akio
Shimada AkioRyoshima
Messages : 124
Date d'inscription : 19/11/2022
Profil Académie Waverly
Ryoshima- Par excés de zèle ft. Akio EmptyLun 22 Jan - 16:08
Peut-être le prendra-t-elle mal — il n’y a pas fait attention. Au vu de ce qu’elle fait de son logis en même pas un quart d’heure de temps, c’est pour lui presque un compliment. Lui aussi, après tout, en est une pour le gouvernement impérial, et bien qu’il laissera à l’Histoire le soin de décider s’il agit pour le mieux ou pour le pire, il devine que l’avis de Zane sur la question est aussi radical qu’évident, là où le sien manque encore de certitude. Il est une catastrophe, certes, mais il est sûrement préférable de l’être pour aider les autres. Non ?
Elle sourit pourtant, alors ce ne doit pas l’affecter plus que cela. Il accueille la suggestion avec un léger acquiescement, sans pouvoir s’empêcher de penser que l’on dirait une autre femme quand on la regarde posée ainsi, la tasse de thé dans la main, soudain si tranquille qu’elle en paraît éteinte, ou ailleurs, plus tout à fait elle. Néanmoins, ce calme apparent pourrait dissimuler les prémices d’une future tempête, aussi reste-t-il attentif à la prochaine parole ou au prochain mouvement qu’elle relâchera tandis qu’il porte à son tour le breuvage à ses lèvres.
Et se retient de s’étrangler en une gorgée, in extremis.
« Oh, non, non, ne vous donnez pas cette peine, je vous prie..! » Déjà relevé sur ses genoux, prêt à se remettre debout. « Que dirait votre sœur si elle apprenait que vous avez en plus fait le ménage ? Ce n’est pas digne de vous, laissez donc cela s’il vous plaît. »
Belladonna n’en dirait peut-être pas grand-chose, en réalité. Toutefois, est-ce qu’il y a aussi du fait que cela risquerait de sous-entendre que son atelier est un dépotoir, sinon le royaume de la fange, si sale qu’une noble y est réduite à nettoyer elle-même quand lui en est incapable ? Probablement. Et sa réputation n’a pas besoin de ça, en plus du retard pris pour l’exécution de la commande. Même si, à l’évidence, elle pourra toujours rapporter que le peintre a refusé qu’elle range alors que l’endroit en avait bien besoin, mais au moins son esprit sera-t-il libéré de la responsabilité d’avoir en effet laissé une dame se retrousser les manches à sa place. Surtout une York.

Néanmoins, il devine qu’il lui faut trouver quelque chose pour s’occuper, faute de quoi le désœuvrement ravivera sa curiosité et ses lubies expérimentales sitôt qu’elle aura terminé sa tasse. Or, ce n’est pas dans ses habitudes de trouver des activités à ses invités qui, le plus souvent, acceptent avec grâce de se tenir simplement assis durant un après-midi à converser ou jouer aux cartes. Quoique. Il songe cela, mais jamais en trois ans personne n’a franchi le seuil de sa maison pour se divertir de la sorte en sa compagnie — il ne possède pas d’amitiés comme ça. N’en possède aucune, en vérité. Pas que cela lui manque. Mais cela explique sans conteste combien la présence de cette demoiselle met à mal son cocon solitaire.
« En plus, l’encre a dû sécher sur les dernières feuilles là-haut, donc je n’en ai plus pour longtemps. Si vous souhaitez m’aider, vous pouvez, hm... » Ses yeux traversent la pièce pour s’attarder là où elle a poussé les affaires avant de réparer le poêle ; les pigments commandés y sont presque tous amassés dans leurs bocaux respectifs, et les feuilles vierges encore pincées sur leur corde. « ...ramasser tous les papiers suspendus et transvaser les pigments qui sont encore dans les coupelles dans des pots vides, à refermer. Je vais chercher là-haut les estampes, pendant ce temps. »
Il n’a pas fait trois pas en direction des escaliers qu’une fulgurance lui traverse la cervelle. N’a-t-il pas oublié quelque chose ? Si, bien sûr que si. Leçon apprise : ne pas laisser de nouveau la fouine seule avec ses « archives ». Dans un demi-tour souple, il revient vers l’étagère où la liasse suspicieux a été placée — et tant pis si c’est lui, l’individu suspect désormais. Il faut qu’il trouve un nouvel endroit.
« ...eeet je vais suivre votre conseil et mettre ceci en un lieu plus approprié. Cela vous évitera même d’avoir à de nouveau déplacer ces épais tatamis, qui ont dû vous donner du mal. »
Quelle prévenance, ah là là. Vraiment, il ne peut faire plus attentionné que cela.
Eglantine York
Eglantine YorkAlryon
Messages : 109
Date d'inscription : 31/08/2022
Profil Académie Waverly
Ryoshima- Par excés de zèle ft. Akio EmptyVen 26 Jan - 14:01
-Je range juste ce que j'ai dérangé. Rien « d'en dessous de moi », Bella fait la même chose dans son atelier.

Je le regarde emporter ses archives, comme s'il craignait qu'elles s'envolent. Je doute toujours qu'il s'agisse vraiment de ce qu'il m'a raconté. Non, en fait je suis persuadée qu'il ne s'agit pas de ça. Surtout avec son empressement de le mettre ailleurs.

Je le fixe un moment, curieuse de ce que peut bien cacher cette liasse écrite dans une langue que je ne maîtrise pas. De quoi peut-il bien s'agir ? Poèmes ? Journal intime chaotique ? Il m'a assuré qu'il ne s'agissait pas d'un livre de recettes, cela dit il pourrait s'agir de tout ou n'importe quoi, sauf d'archives de commandes bien sûr. Pour ce que j'en sais ce pourrait même être de l'espionnage. Mais ça c'est un scénario digne d'un roman de port.

Je ne dis rien et le laisse remonter. La curiosité ne me lâche pas mais je n'aurai pas de réponse maintenant, alors autant attendre un peu.

Je commence à ranger et nettoyer soigneusement tout autour de moi. C'est finalement aussi vite fait que défait.

Lorsque mon hôte redescend j'ai presque terminé et sa demeure est désormais beaucoup plus semblable à ce qu'elle était à mon arrivée. je récupére soigneusement les objets de la commande de Belladonna, pour les placer dans ma sacoche.

-Merci. Elle sera ravie de les recevoir.

Je plante ensuite mon regard dans le sien et prend une grande inspiration.

-J'ai toujours faim, je vous invite à manger. Par contre je vous préviens je paierai pas l'alcool, je n'ai pas envie de vous pousser dans votre tombe.

Je l'aime bien et il paraît que c'est quelque chose qu'on fait avec les personne qu'on aime bien, les inviter à manger. C'est vrai qu'un bon repas chaud est toujours agréable. En tous cas il le sera certainement plus que les gâteaux rances.

Shimada Akio
Shimada AkioRyoshima
Messages : 124
Date d'inscription : 19/11/2022
Profil Académie Waverly
Ryoshima- Par excés de zèle ft. Akio EmptyDim 28 Jan - 18:37
Revenu dans sa chambre à l’étage, Akio ne prend guère le temps de trouver une neuve cachette pour ses papiers ; la seule digne qui lui vienne en tête est l’intérieur de ce poêle désormais fonctionnel, car faire disparaître les preuves évitera à l’avenir de s’inquiéter pour elles. Jeter le tout au feu et de repartir de zéro, voilà qui n’aurait pas posé de problème à Zane et son admirable mémoire, tellement vaste que son disciple s’était souvent demandé s’il n’était pas sujet à de l’hypermnésie. Lui n’a pas cette capacité, c’est pourquoi il est contraint de noter certains renseignements — et donc, fatalement, de trouver où les dissimuler. Dans le toit ou les murs, il avisera plus tard, quand il sera de nouveau seul.
D’ici là, il les glisse entre d’autres feuillets de brouillon puis s’occupe d’emballer avec grand soin les croquis et gravures pour Belladonna dans un tissu de lin avant de redescendre pour y trouver la Calamité, métamorphosée en fée du logis, qui termine d’effacer les traces de son miracle.
« J’espère que cela satisfera votre sœur, s’incline-t-il en retour après qu’elle l’a remercié pour la commande, et un grand merci à vous pour votre secours. Vous pourrez lui dire que vous m’avez épargné un hiver douloureux... »

Maintenant à la revoyure, et le plus tard possible de préférence — quoi ? Non ?
Une invitation à déjeuner ? Là tout de suite spontanément ? Kami Tout-Puissant. Elle l’achèvera avant la fin de la journée. Et le fait de le pousser dans sa tombe, est-ce une allusion subtile à son cousin dans le puits ? Bien sûr qu’il n’a pas envie de finir comme lui, pas besoin de se faire prier !
« C’est très aimable à vous, mais, hm... » Non, Akio, tu dois refuser, pas louer sa bonté d’âme : si elle te sort, tu es un peintre mort. Ou presque. « ... cela ne risque-t-il pas de vous porter préjudice si vous êtes vue seule en compagnie d’un étranger ? »
Interrogation purement ingénue, due à ses connaissances limitées sur la culture matrimoniale alryonnaise. Même si, à la seconde où il pose le point final de sa phrase, il se doute qu’elle n’a sans doute rien à cirer de ce genre de convenances. Ou, au pire, qu’elle trouverait cela divertissant. D’ailleurs, si lui-même refuse sous ce prétexte-là de veiller à sa réputation de demoiselle respectable, c’est la perspective d’un repas gratuit qui s’échappe et, d’un coup, songeant au vide dramatique qui occupe ses placards, il se sentirait bien idiot de décliner.
« Enfin, d’accord, attendez un instant, s’il vous plaît. »
Et lui d’aller ramasser sa fidèle besace d’où il extrait une pique à cheveux qu’il mord le temps de nouer la moitié de sa chevelure en un haut chignon, s’assure que le sac contient toujours son nécessaire de voyage pour dessiner, retire son second kimono d’intérieur pour passer à la place un épais haori de laine grise, s’approche de l’entrée pour enfiler tabi et geta de neige, puis fait coulisser la porte tout en invitant d’une courbette son invitée à bien vouloir franchir le seuil.
« Voilà, nous pouvons y aller, York san. Où vous le souhaitez. »
Ce qui lui fait penser, alors qu’il constate que, grâce à ses chaussures, il est maintenant aussi grand qu’elle :
« Ah, c’est vrai, il ne me semble pas connaître votre prénom ? »
Eglantine York
Eglantine YorkAlryon
Messages : 109
Date d'inscription : 31/08/2022
Profil Académie Waverly
Ryoshima- Par excés de zèle ft. Akio EmptyMar 30 Jan - 20:05
Je rosis de satisfaction en entendant ses remerciements, j'aurais fait quelque chose d'utile et d'apprécié. Je le savais déjà mais ça fait toujours plaisir à entendre. Peut-être que du coup je pourrai arriver à le convaincre de me laisser faire les modifications. En tous cas je suis contente de pouvoir épargner à son foie des dommages de l'alcool parce qu'il cherche à se réchauffer.

Me porter préjudice d'être vue en public avec un étranger ? Drôle d'interrogation, j'avais cru comprendre qu'ils étaient un peu moins tatillons là dessus ici, mais j'ai pu me tromper.

-Non. En tout cas pas plus que de passer du temps dans la maison d'un inconnu sans chaperon.

C'est vrai que ce genre de choses à Alryon me vaudrait d'être rayée de la liste de potentielles belles-filles de toutes les bonnes familles, si ce n'est pas déjà le cas. Hum… Si un jour je veux éviter un mariage, je pense que ce n'est pas un si mauvais plan que ça. Je note l'idée dans un coin de ma tête.

Je suis vraiment contente qu'il accepte. J'ai vraiment bien dû gérer mon invitation !

En sortant je constate qu'il fait désormais effectivement plus chaud dedans que ehors. Heureusement j'ai récupéré mon manteau avant de partir. Hum, oui, il faut décider où aller. je pense que j'ai repéré quelques endroits prometteurs, et je meurs de faim donc j'espère qu'ils ne vont pas être trop radins sur les quantités.

-Je crois que j'ai repéré quelque chose de bien. En tous cas quand Bella en a parlé à notre hôtesse elle avait l'air assez enthousiaste.

Ah. Oui, les noms. C'est vrai que je ne lui ai pas donné le mien.

-Eglantine.

Je n'ai pas le sien non plus. Belladonna m'a donné son adresse sous le nom : Maître Shimada, je ne pense pas que « maître » soit son prénom. Quoique…

-Et vous ?

Nous marchons un moment avant d'arriver à l'endroit sur lequel j'ai jeté mon dévolu. Une bonne odeur embaume déjà l'air à l'entrée du restaurant. C'est trés prometteur, une hôtesse en tenue traditionnelle et au visage peint de blanc, rouge et noir, nous accueille et nous toise un moment. Surtout moi. Je dois dire que ma tenue ne rivalise clairement pas avec la sienne, mais quand même. Elle finit par nous installer à une table, au fond et dans le noir de la salle.

Nous avons un peu de temps avant qu'elle vienne prendre notre commande, j'en profite pour regarder mon invité. Il va nous falloir un sujet de conversation.

-Du coup, ils sont pour quoi vos papiers en vrai ?
Shimada Akio
Shimada AkioRyoshima
Messages : 124
Date d'inscription : 19/11/2022
Profil Académie Waverly
Ryoshima- Par excés de zèle ft. Akio EmptyMer 31 Jan - 22:20
Églantine.
Voilà qui sonne joliment, comme un jour de printemps. Pour la nommer ainsi, ses parents avaient dû fondre devant sa bouille de bébé rose sans se douter le moins du monde de la tempête qu’elle deviendrait plus tard. Églantine. Corolle gracile et délicates épines.
« Oh... damoiselle Églantine, qu’il prononce afin d’en graver la prononciation dans sa mémoire. En ryoshimais, cela se dit nobara. Nobara san. Une rose sauvage. » Et de révéler son propre prénom, puisque elle connaît déjà la moitié de son identité : « Le mien est Akio. »
Mais si cet échange scella quelque chose entre eux, seule l’histoire en est témoin.

Leur promenade jusqu’au restaurant se déroula dans le calme feutré typique de ces hivers locaux, où le froufrou cristallin de la neige adoucit la noirceur des tuiles et les façades de bois sombre. Les quelques autochtones qu’ils croisèrent s’attardèrent en silence sur leur dissemblance flagrante, criarde presque, depuis la couleur de leurs cheveux jusqu’à leur vêture, cependant personne ne les apostropha et le peintre put ainsi profiter de ce répit bienvenu après cette matinée comme jamais il n’en avait vécu.
Quand finalement l’Alryonnaise s’arrêta devant ce quelque chose de bien, Akio crut qu’elle plaisantait. Ippachi. Pas n’importe quelle gargote de nouilles roboratives, non. Pas non plus l’izakaya mondain et authentique comme les touristes en raffolent. LE Ippachi. Là où il aurait dû économiser trois mois de salaire pour s’y payer des sashimis. Ah, ces nobles ! Même lorsqu’ils font mine d’être accessibles et ordinaires, ils trouvent toujours de quoi épater les petites gens. Tu m’étonnes que l’hôtesse était enthousiaste ; elle n’a dû y manger qu’en rêve ou bien pour fêter ses noces, pas davantage. En comparaison de la dame fardée qui les salue sur le seuil, et quand bien même il se sentirait plus à l’aise dans cet environnement que n’importe quel étranger peu au fait des coutumes, lui a malgré tout envie de s’excuser pour son allure de clerc désargenté. D’un autre côté, à quoi s’attendait-il venant d’une York ? Qu’elle l’emmène manger des brochettes de fritures debout au comptoir d’un boui-boui ouvert au vent ? Pas sûr qu’il aurait détesté, au fond.

Ils sont installés à l’écart, faute de réservation ou de réputation, peu importe. Assis sur un coussin de soie autour d’une table basse en acajou, le peintre laisse le temps à l’impression de se forger en lui ; s’il avait prédit à son lui d’hier qu’il se retrouverait là à cette heure, il aurait ri de lui-même en se traitant de menteur. Et pourtant. Et pourtant il a déjà envie de repartir à la seconde où Églantine, de sa langue fleurie, vient de nouveau enfoncer une épine au milieu de sa paume, l’air de rien.
Bien sûr.
C’est donc cela, cet arrière-goût dans la gorge ? Ce vieux relent de traquenard qui, s’il n’y avait pas été préparé, lui aurait fait lever les yeux au ciel ? A-t-elle véritablement eu l’intention de l’acheter par la nourriture ou bien n’est-ce qu’une manière de joindre l’utile à l’agréable ? Par tous les kami. Si elle s’attend à ce qu’il crache le morceau, elle va être déçue. Sur la table, en évidence, il laisse ses doigts se rejoindre, s’entrelacer sereinement.
« Je vous l’ai déjà dit, ce sont des archives, des documents liés à mes travaux. »
En plus, il ne peut guère prétendre calomnier ; il s’agit littéralement de son travail. Quant à savoir laquelle de ses deux professions cela concerne, eh bien... il n’est qu’un jeune peintre sans grande notoriété, n’est-ce pas ?

L’hôtesse en profite pour se glisser entre deux respirations et leur servir un thé d’accueil au jasmin, avec une discrétion toute professionnelle. Elle se refuse même à croiser le regard d’Akio qui, libre d’errer, note l’élégance de ce motif de camélia rose sur son kimono et la façon dont, sous son oreille, une mèche de cheveux plus courts rebique en un léger hameçon qui aurait échappé à la brosse et à la laque. Puis elle repart, drapée de ce même mutisme qui fait tout l’orgueil des mœurs traditionalistes, en les abandonnant au menu dont Shimada se met à parcourir les pages distraitement, écrites en ryoshimais.
« Eh, je suis navré, je crains qu’ils ne possèdent pas de carte traduite en langue commune... Il y a beaucoup de plats de poisson, cru ou cuit, et d’autres choses aussi, hm, je peux traduire ce que vous voulez. Qu’est-ce que vous souhaiteriez manger ? »
Du bout des doigts, il lui fait glisser le menu ouvert sous les yeux, avant d’aller tremper ses lèvres dans son thé.
Eglantine York
Eglantine YorkAlryon
Messages : 109
Date d'inscription : 31/08/2022
Profil Académie Waverly
Ryoshima- Par excés de zèle ft. Akio EmptyMer 7 Fév - 13:10
Pour ses travaux, je n'y crois pas plus que la première fois. C'est bizarre qu'il insiste autant là dessus, ce doit être en réalité très personnel, peut-être est-il embarrassé ?

-Ca ne ressemble vraiment pas à des archives d'artiste, je remarque.

Je ne devrais sans doute pas insister. Mais je ne comprend pas où est le problème avec ces papiers. Ah moins que… L'hypothèse a dû me venir plus tôt, je regrette soudainement de ne pas l'avoir plus considéré. Elle fait pourtant tellement sens. La manière dont les papiers ont été dissimulés, la panique qui a semblé l'envahir. Mais oui, bien sûr, comment n'ai-je pas pu le réaliser avant ? La réponse est pourtant évidente, même si l'alcool a sûrement joué dans la construction de cette liasse.

-Oh. Je viens de comprendre.

Je suis prise d'embarras et ne sais plus trop où me mettre, ni comment regarder Maître Shimada dans les yeux.

-Je m'excuse, j'ai été trés indiscrète. Je ne parlerai plus de votre journal intime, et soyez assuré que son existence restera entre nous.

Bien sûr que ce doit être un journal intime, certainement réalisé à la mode ryoshimaise (quoiqu'alcoolisée).

Heureusement pour moi la question de la nourriture vient à la rescousse.

-Oh, je pensais prendre un peu de tout. Je suis vraiment affamée, pas vous ?

Beaucoup plus simple de commander beaucoup à partager et picorer dans tout je trouve;
Contenu sponsorisé
Profil Académie Waverly
Ryoshima- Par excés de zèle ft. Akio Empty