(Isvall 156) une mule souriante [libre]

La caravelle aux mille couleurs venait de s'arrêter à Isvall Elle y resterait quelques semaine pour profiter de l'arrivée du printemps. Le père de Chal disait que c'était le plus bel endroit où voir le changement de saison. Que le long manteau blanc de l'hiver laissait place petit à petit à des nuances de verts qu'on ne trouvait nulle part ailleurs. Le saltimbanque l'avait tant et tant entendu qu'il pouvait répéter la phrase de son paternel en l'imitant à la perfection. Il le singeait souvent par ailleurs. Celà amusait les plus jeune de la caravelle. Mais assez fait le pitre il était temps de décharger et d'installer le matériel pour les représentations.

Chal savait que leur caravelle ne faisait pas toujours l'unanimité mais celà ne l'empêchait pas de sourire à tous les passants qu'il croisait alors qu'il était chargé comme une mule et qu'il avançait jusqu'à l'emplacement qu'on leur avait laissé non loin du port. C'était un endroit suffisamment grand pour qu'ils y installe des petite tante dans lesquelles on dirait bonne aventure à qui le voudrait ou encore jouerai aux dés, enfin bref plein de petit sanctuaires éphémères dont ils avaient le secret. Mais ce que Chal préférait c'était la grande tenture aux couleurs bariolés sous laquelle il faisait ses acrobatie avec les chèvres.

Il continuait ses allées et venues jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien à décharger. Pour le montage c'était le boulot d'autre de la caravelle lui pouvait se reposer. Enfin se reposer ce n'était pas tellement son genre non il allait plutôt faire un tour au marché voir s'il n'y avait pas quelque chose à grignoter.

La souveraine d’Isvall a quitté sa demeure pour échapper quelques heures aux responsabilités qui sont les siennes. Son désir est de voir l’activité bourdonnante du bloc-capitale et de son marché printanier. Les marchands natifs comme étrangers s’activent à vendre leurs produits et denrées dans la douceur du jour. Ils crient à la ronde, vantent leurs produits, négocient avec les clients durs en affaires. Saga apprécie cette atmosphère printanière d’échange et de transaction. Ils peuvent le faire parce qu’ils ont des garanties de sécurité grâce aux efforts de répression des crimes de la police du marché.

Elle ne déambule pas seule dans le marché, quelques gardes l’accompagnent, conscients que leur protégée est tout à fait capable de se défendre elle-même. La logsögumadr s’arrête chez un marchand étranger pour essayer ses haches. Elle jauge les manches, la prise de ses mains sur ces armes de bonne facture. L’ourse compare à voix haute la poigne qu’elle a sur elles, fait des observations sur le tranchants d’acier, refuse la proposition d’une hache de luxe incrustée préférant la simplicité et la solidité à l’étalage de richesse. Saga repose, déçue, la dernière hache qu’elle vient d’essayer avant de quitter poliment le stand du marchand.

Un peu plus loin, Saga repère un étal tenu par des acolytes et des moines de Danaé venus vendre leurs produits. Ils connaissent les secrets de l’élevage de ruches, de fabrication du miel. Elle adore son goût sucré. La logsogumadr remarque les autres denrées de l’étal qui se cueillent au printemps puis s’arrêtent sur l’objet de sa convoitise : le miel. Hekla va apprécier le fruit des récoltes printanières des abeilles et des efforts des moines de Danaé. Saga décide d’engager une négociation au sujet de cet or doré et sucré.

Alors qu'il se promenait entre les étals du marché Chal n'avait absolument pas fait attention à la présence de la souveraine, ni même à ses gardes qu'il aurait plutôt tendance à éviter. Il n'était pas à l'aise avec les porteur d'armes en général. Ainsi c'est en négociant un fruit contre une pirouette auprès d'une vieille dame au sourire édenté qu'il se retrouva en équilibre prêt à tomber si on le bousculait, non loin du stand de miel. Ce qui devait arriver arriva non seulement il se retrouva bousculé et tomba les fesses les première mais en plus il se retrouva en position tout à fait inconvenante face à la personne la plus importante du bloc.

Il marmonna quelque chose sur le fait de travailler ses appuis puis Tanta de se relever alors qu'il n'avait pas remarqué les gardes prêt à dégainer au premier faut mouvement. Il se sentit observé et bien qu'il essayait de ne pas croiser de regard il trouva celui d'un garde et compris que la femme imposante de charisme à côté de lui n'était autre que Saga Ragnardottir. Il déglutit et eu un petit rire gêné en se relavant frottant son derrière pour faire passer la douleur. Il fit une courbette face à son altesse.

"Pardon madame pour cette rencontre tout à fait incongrue"

Non loin d’elle, un jeune homme négocie une pomme en échange d’une figure artistique  auprès d’une vieille femme. Elle entend tout de leur marchandage. Le saltimbanque fait une pirouette risquée au beau milieu de la cohue qu’il termine dans un équilibre précaire aussitôt rompu par un mouvement de foule. Après son atterrissage sur le postérieur, l’étranger a toute l’attention de la troupe.  Ce dernier trouve sans le vouloir le regard d’un garde à la mine patibulaire. Les autres cerbères veillent à ce qu’aucune menace n’approchent de leur protégée.

Saga s’interrompt son âpre négociation auprès des moines de Danaé au sujet de leur précieuse denrée. L’ourse jette une premier regard sur l’homme, revient rapidement sur les moines pour déclarer qu’elle achèterait le miel à ce prix. Elle observe de nouveau, cette fois, soigneusement les tentatives de l’individu de se relever après son acrobatie. Il est grand, légèrement plus qu’elle-même, des fossettes rieuses, des yeux verts émeraude et des cheveux noirs de jais. Clairement un étranger venu de blocs plus chauds. Il sera certainement le héros involontaire d’une mésaventure qu’elle écrira dans une lettre épistolaire destinée à Alëcjander.

« Joie et Santé étranger. J’accepte vos excuses. Donne-lui sa pomme, Idunn. Puisse-t-elle soulager votre séant. »

La souveraine s’interroge sur ce que l’étranger pense d’Isvall, sur son métier. Fait-t-il profession d’acrobates des rues ? Elle surveille que la vieille femme, qu'elle connaît depuis des années, fasse bien ce qu'elle a promis au jeune homme. Entretemps, les moines s'activent à préparer sa commande de miel.

« Dites-moi, échangez-vous souvent des pommes contre des acrobaties ? »

Chal sent ses joues chauffer à cause de la gêne qu'il ressent à ce moment là. Mais très vite la souveraine le met à l'aise en se moquant un peu de lui et en réclamant la pomme qu'il attrappe avec adresse une fois que la vieille dame le la lui lance. Il fait un clin d'oeuil a cette vendeuse édenté pour la remercier elle lui répond en riant. Puis il se tourne vers Saga Ragnardottir et se courbe à nouveau devant elle en guise de respect. Quand il se relève il a un sourire charmant plaqué sur le visage et plonge ses yeux dans ceux de son interlocutrice.

"Seulement quand j'ai la garantie de me ridiculiser devant la personne la plus importante et charmante de des environs."

Il eu un petit rire et croqua dans sa pomme durement gagnée. Une petite vague de douleur traverse son séant lui arrachant une légère grimace. Il espère que ces idioties ne lui couteront pas une représentation ce soir. Il s'en voudrait énormément de ne pas pouvoir jouer et sauter partout pour le bien de la caravelle. Alors qu'il machait le plus discrètement possible sa pomme il se tourna vers le stand qui avait fait s'arrêter la souveraine. Du miel et tout un tas de bonne chose faites avec étaient disposaient joliment sur une table couverte d'un linge blanc . Les yeux de Chal se mirent à briller et il regarda les moines savoir s'ils seraient ouvert à la négociation ou pas. Il n'arrivait pas à se décider les jaugeant un a un.

Comme à son habitude, Saga cherche l’animal ou le bâtiment qui sied le mieux à ceux qu’elle rencontre. L’ourse délibère sur la créature qu’elle va assigner à cet étranger : un Vivecieux. Une créature joueuse que l’on aperçoit régulièrement près des nuages. Après avoir réceptionné sa pomme, il remercie la vendeuse puis la souveraine de la Cité d’Isvall.

« Le ridicule ne tue pas, fort heureusement, étranger. Vous avez un avantage sur moi : vous savez qui je suis.»

Les gardes se détendent légèrement comprenant que le bel inconnu ne représente aucun danger. Néanmoins, ils continuent de remplir leur devoir de protection. L’Ourse relève l’intérêt du vivecieux pour l’étal couvert d’un linge blanc et les produits qui sont dessus. Elle-même vient d’acheter aux moines de Danaé du miel après une longue et dure négociation. Peut-être qu’elle aurait pu faire encore baisser le prix de la denrée mais elle a choisi de capituler. Ce n’est pas grave, la logsogumad ne manque de rien et a la satisfaction de voir empaqueté SON miel.

« Les productions des moines de Danaé vous intéressent ? Je vous recommande leur miel.»

Un peu plus loin du stand, d’autres gardes fendent la foule. Ils semblent également protéger quelque chose ou quelqu’un. Cette personne ou chose ne saurait trop tarder : elle vient dans leur direction !

Quand la souveraine s'adressa encore à lui il détourna son attention des sucrerie pour lui répondre.

"Mes parents m'ont choisi le nom de Chal. Chal Zingara de la caravelle aux mille couleurs. Mais vous pouvez m'appeler comme il vous plaira votre altesse."

Il avait dit celà en se courbant le plus bas qu'il puisse, c'est à dire très bas. Puis il se releva alors qu'elle lui conseillait le miel. Il se tourna de nouveau vers le stand aux divers produit. Il sourit aux moines en leur demandant :

"Bonjour vénérables artisans que seriez vous prêt à me céder pour quelques piécette et une chansonnette ?"

Les fesses endolories il ne pouvait pas proposer sa traditionnelle pirouette de négociation mais il tenta alors avec une chanson. Chanson qui si ils acceptaient serait plus une comptine que lui chantait sa mère quand il était enfant qu'un chant remarquable. Son organe de voix étant ce qu'il était il ne pourrait pas faire des prouesse mais celà ne serait pas désagréable pour les oreilles autour de lui pour autant.

« Chal Zingara. Voilà un nom fort noble, vos parents doivent avoir de grandes aspirations pour vous. »

Impassible devant les courbettes du personnage, Saga le regarde embrayer la négociation avec les moines de Danaé. Des piécettes et une chansonnette. Une autre forme d’échange. Il ne propose pas le tour précédemment réalisé : les vendeurs l’ont déjà vu atterrir douloureusement sur les fesses. Les moines semblent intéressés par la perspective d’apprendre une nouvelle chanson à déclamer en se livrant à leurs travaux traditionnels. Saga se tait se refusant à commenter ses qualités de chanteur avant d’avoir entendu la performance de son organe.

La troupe de gardes qui fend la foule est désormais plus proche de leur position. La souveraine reconnut la silhouette qu’ils protègent avec compétence : une copie plus ou moins conforme d’elle-même. Sa fille Hekla, l’héritière de la cité d’Isvall et de ses colonies quand elle sera en âge d’assumer cette fonction. Amusée, la souveraine esquisse l’ombre d’un sourire. La gourmande a eu la même idée que sa mère : aller chercher le miel qu’elles adorent tant !

Les moines finissent par accepter le marché que leur proposait Chal. Ce dernier se racle la gorge. Il se tient bien droit et commence à chantonné d'une voix tout à fait plaisante et douce à l'oreille.

Dans le ciel les griffons volent,
Avec leurs ailes ils frôlent,
Les nuages blancs doux comme du lait,
Gardiens des secrets jamais en retrait.

Au sommet des montagnes dorées,
Ils veillent sur la vallée enchantée.
Leurs yeux brillants comme des étoiles,
Rendent la nuit merveilleuse et royale.

Quand le soleil se lève tout s'éveille,
Les griffons dansent sous le soleil vermeil.
Chantant des histoires de l’ancien temps,
Ils apportent magie un vent d’enchantement.

Alors, écoute bien petit rêveur,
Les griffons t'appellent avec douceur.
Dans leur monde tout est possible,
Un voyage fantastique inoubliable!

C'était une comptine qu'on chantait beaucoup dans la caravelle aux milles couleurs. Il n'avait aucune idée de si elle était connue en dehors de son chez lui volant. Il ne s'était pas rendu compte qu'autour de lui alors qu'il chantait les yeux fermés le monde s'était tu pour tendre l'oreille. La mélodie qu'il chantait était à la fois douce et joyeuse. C'était court et simple comme ce qu'on aime raconter aux enfants. Il réouvrit les yeux et les applaudissements retentir. Il avait réussi son tour bien plus que sa périlleuse pirouette quelques instants plus tôt. Il Salua la foule bien bas presque aussi bas que lorsqu'il avait salué la souveraine.

Les moines surprennent Saga en acceptant d’écouter la chanson de Chal Zingara. Perdu dans sa performance, fermé au monde qui l’entoure, il est devenu l’organe d’une chanson douce et plaisante à l’oreille. Sa voix énonce les lyriques d’une comptine enfantine.

Les veilleurs mi-aigle et mi-lion, qui gardent de nuit la vallée enchantée, se mettent à danser sous l’aube en réenchentant le monde par leurs histoires chantées de l’ancien temps. La logsogumadr hoche la tête, approbatrice. Voilà ce qui plaira aux isvalliens amateurs de riddarsagur, lendinfasogur, jornaldrsogar, rimnalog, fimmundasongur. La dernière partie de la chanson s’adresse directement à l’enfant auditeur.

Par coïncidence, une auditrice mineure Hekla est présente. Elle s’est tue par respect pour le chanteur. LA question sera posée plus tard. Quand il aura terminé. Comme sa mère, elle écoute la mélodie qu’elle juge courte et plaisante à entendre. Son regard semble dire qu’elle n’a aucune intention d’être renvoyée se coucher vu la nature du chant en question.

« Il n’est pas l’heure de dormir pour moi, Saga. Tes chants sont beaucoup plus longs que les siens. Je veux en entendre une autre chanson, monsieur. S’il vous plaîiiit monsieur. Vous avez une belle voix. Douce comme du miel. »

Saga ne peut s’empêcher d’éclater d’un rire discret et lancinant. Hekla sait comment en tirer le plus des adultes qui l’entoure. Elle demande une chanson à la personne concernée, puis la complimente tout en rappelant la sensation du miel à sa mère. Saga lui ébouriffe les cheveux.

« Petite finaude. Qu’en dites-vous Chal Zingara ? Accepteriez-vous de chanter encore une fois pour ma fille ? »

La souveraine était maintenant accompagnée d'un petit être qui lui ressemblait beaucoup il ne fallut pas longtemps à Chal pour en déduire qu'il s'agissait là de l'héritière du trône. L'avenir du bloc en un seul être. Il fut honoré des mots qui sortirent de la bouche de cette enfant. Il la salua elle aussi bien bas avant de se redresser et de s'adresser à elle et à la souveraine actuelle.

"Si je peux chanter pour vous encore une fois ? Je ne suis pas sure de connaître un autre chant aussi bien que celui ci. De plus il vaudrait mieux que vous veniez admirer notre spectacle au complet ce soir sur le port. Je vous promet que vous ne serez pas déçues."


Si il arrivait à faire se déplacer les personnes les plus importante des environs pour admirer leur spectacle alors peut être que ce dernier aurait du succès et rapporterai à la caravelle aux mille couleurs suffisamment d'argent pour renouveler quelques équipements qui se faisaient vieux. Chal pensait avant tout au bien des sien et tant bien que mal il essayait de faire de son mieux.
Il croqua dans sa pomme.

"Mais je peux vous raconter une histoire si vous le voulez. Une histoire courte certe mais passionnante. Je vous le promet"

Il avait dit celà en continuant de macher son morceau de pomme et en s'adressant avant tout à l'enfant.
Il entendu qu'on l'appelait derrière le stand et on lui lança une petite bourse pleine de friandises au miel qu'il attrapa au vol assez habilement. Il fit un clin d'oeuil à la souveraine et à sa fille pour souligner sa réussite facile.

La petite souris soupire, déçue du refus de l’étranger. Il n’a pas d’autres chansons dans son répertoire. Un spectacle sur le port ce soir ? Un spectacle dont elle ne sera pas déçue ? Hekla décide de le questionner sous l’oeil de Saga.

« Vous le promettez ? C’est une promesse ? Promis, juré, craché ? Jurez-vous sur les ancêtres comme le fait ma mère ? »

Croquer dans une pomme est-il une manière de sceller une promesse ? Par contre, il vient de récupérer une bourse de friande en l’attrapant au vol avec une impressionnante agilité et dextérité. Hekla regarde sa mère longuement, comme pour quémander les précieux bonbons au miel. Saga le devine, elle n’aura pas la paix avant d’avoir cédé un bonbon de sa propre bourse chèrement négocié.

L’ourse sort sa bourse et en tire une friandise qu’elle remet à sa fille qui s’empresse de l’enfourner. La logique est imparable : l’avaler le met à l’abri des gourmands qui pourraient le lui faucher. La souveraine d’Isvall n’est cependant pas dupe. Les avantages de sa présence à n’importe quel évènement sont clairs pour n’importe qui connaissant les affaires.

« La seule manière de le savoir est d’y assister, Hekla. Il reste du temps avant que le soir ne tombe. Occupons ce temps à montrer l’hospitalité d’Isvall aux étrangers. Chal Zingara, puis-je vous prier de nous suivre ? Quelles histoires apportons-vous avec vous ? Je suis curieuse de les entendre. »