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Vogue la caravelle [Alex]

Violet Jenkins
Violet JenkinsAlryon
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Vogue la caravelle [Alex] EmptyMar 19 Mar - 12:19
Cela faisait plusieurs semaines déjà que l’organisation du voyage annuel des Jenkins était visible dans le manoir. De plus en plus de choses quittaient leur place et des valises faisaient leur apparition. Si au début, c’était discret, depuis les fiançailles le départ semblait chaque jour se préciser, et Violet avait de moins en moins de toilettes dans ses armoires.
La jeune noble avait bien compris que cette année, le voyage était un peu particulier. Il y avait chez les nobles une certaine tension, c’était certain, et les Jenkins n’y échappaient pas. Il était clair que la disparition de l'héritier du trône d’Alryon quelques mois plus tôt, suivie des disparitions de caravelle avaient déjà mis les nerfs à rude épreuve, mais cumulées à l’incident du théâtre ryoshimais et au vent de révolte qui soufflait dans les colonies, chacun sentait que le vent risquait de tourner avec violence. Pour y faire face, la famille Jenkins avait choisi de faire comme si tout allait bien, et de maintenir son habituel tour en caravelle. Chaque année depuis des années, ils allaient dans leurs différentes maisons sur les colonies, les Cinq Cités, parfois les Cités Libres, et ils en profitaient pour régler quelques affaires. Cette année il était assez net que le réseautage était le maître mot de cette expédition et que tous leurs amis allaient avoir de leurs nouvelles. Le voyage se faisait toujours en caravelle, toujours avec leurs domestiques et un confort presque équivalent à celui du manoir.

Pourtant, cette année, Violet avait bien senti que quelque chose allait changer, et elle en eut rapidement la confirmation.

Il faisait encore froid et brumeux, en Alryon, lorsqu’ils embarquèrent tous les cinq dans leurs manteaux sur la caravelle. Violet était, il fallait l’admettre, contente de quitter Alryon, dont la grisaille et l'humidité en cette période de l’année ne l'enchantait guère. Cependant, elle n’était pas certaine que la perspective de tous ces mois en compagnie de sa famille soit une excellente nouvelle. Enfin, comme chaque année, elle les verrait peu: la caravelle était assez grande pour s’y disséminer.
Comme chaque année, ils se rendirent dans la salle de réception de la caravelle, où, comme chaque année, les attendait l’intégralité du personnel du bateau volant. Comme d’habitude Lord Jenkins, suivi de Lady Jenkins, les salua en premier, puis vinrent Edmund et Percy, et enfin Violet. Chacun se vit présenter ses domestiques personnels, et Violet soupira de soulagement quand elle découvrit qu’elle n’avait ni gouvernante ni garde du corps comme le craignait. Cependant, très vite, la demoiselle remarqua un groupe d’hommes dans un type d’uniforme qu’elle n’avait pas remarqué jusque-là. Elle leur sourit alors qu’on lui ôtait enfin son manteau d’hiver, dévoilant une chaude robe d’hiver dont le manteau, bleu nuit, s'assortissait parfaitement aux noeuds crème fleuris de pensées sur son torse et aux bras, du même tissus que le jupon, puis:

Pardonnez-moi, Père, qui sont ces messieurs ?” s’enquit-elle en réarrangeant ses longs cheveux blonds retenus en demie queue.
Notre sécurité, Violet.” lui répliqua Lord Jenkins, sèchement.
Nous avons renforcé les effectifs pour cette année, ma fille.” compléta Lady Jenkins. “De plus, en votre qualité de demoiselle …

A ces mots, Violet sentit ses oreilles commencer à bourdonner, sentant immédiatement que sa joie d’être laissée libre allait être de très courte durée. Ces mots annonçaient toujours une catastrophe imminente, elle en savait quelque chose.

... Et au vu de la … situation actuelle …

Violet n’était pas sans savoir que les Jenkins étaient très impliqués dans la lutte pour que des colonies restent des colonies, et qu’ainsi donc ils devaient avoir la sensation d’être particulièrement en danger ces derniers temps.

... Nous avons pensé qu’il serait bon …

“Nous” ? Comment ça, “nous” ? Qui était ce “nous” ? Habituellement, c’était “votre père et moi”, au plus large, mais jamais “nous” ! Alertée par cette tournure, Violet redressa un peu la tête, et s’il y avait toujours sur le visage d’Edmund le même masque inexpressif, peut-être vaguement impatient d’en finir avec tout cela, elle croisa le regard perçant et amusé de Percy, la bouche tordue en un sourire qu’elle trouvait vaguement inquiétant.
Ainsi, cette fois, ses frères étaient dans le coup. Et personne n’avait pensé à lui demander son avis une seule fois, alors qu'elle était la principale concernée ? Oh comme elle les détestait …
Et en même temps, aurait-elle accepté la moindre de leurs propositions ? Ou aurait-elle osé se rebeller ?

... Que vous soyiez particulièrement protégée. Nous avons tous des responsabilités durant ces voyages, et il nous est impensable que vous restiez seule, Violet, ce serait bien trop dangereux pour une jeune femme à marier de votre âge.

Ainsi, c’était ça leur excuse ? Violet se sentait déjà bouillir. Mais au moins, ce ne serait qu’en soirée, ou lors de sorties, ce ne serait pas si différent de son quotidien alryonnais.

Et au vu des dernières disparitions de caravelles et des attaques pirates dans certaines zones, associées à votre fragilité …” ajouta Edmund, manifestement agacé du temps que cela prenait.

De nouveau, Violet sentait le vent tourner, en sa défaveur.

... Nous avons pris la décision de vous attribuer un homme de confiance, qui restera à vos côtés et pourra dormir dans l'étude accolée à votre chambre, qui a été transformée en chambre pour lui.” conclut son aîné.

Clair, net, précis. Le couperet était tombé, Violet allait passer des mois en prison, et son peu de liberté se voyait réduit à néant, ses moindres possibilités de détente s’envolaient. Et elle pouvait faire une croix sur ses petites sorties, elle en était certaine …

Ne t’inquiète pas, petite souris,” l’interpela Percy, s’attirant un regard noir des trois autres membres de la famille à l’emploi du tutoiement et de ce surnom envers sa soeur, surtout en public, “tes livres sont encore là.” termina-t-il avec ironie.

Et, à sa voix, à son attitude, elle fut persuadée que c’était lui. Que c’était de sa faute. Et soudain, son coeur de battre plus vite: savait-il quelque chose ? Quoi ? Qui le lui avait dit ?

Et voilà justement l’heureux élu choisi pour veiller sur la perle précieuse des Jenkins !” clama Percy, faisant relever la tête à Violet pour croiser le regard de son geôlier pour les prochains mois.
Alexander Galloway
Alexander GallowayIsvall
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Vogue la caravelle [Alex] EmptyMar 19 Mar - 13:41
Brume, grisaille et humidité. L'océan de nuage se déversait sur Alryon en cette fin de février. Alexander avait lu qu'autrefois, quand la mer bordait les terres, un phénomène semblable se manifestait. On parlait alors de grande marée. L'eau était toujours présente, seulement sous forme gazeuse pour changer d'autrefois mais le résultat était là, le ciel envahissait la terre.

L'épais brouillard s'accrochait aux mâts, s'enroulait le long de la coque et avalait déjà le gaillard d'avant, transformant les matelots en ombres fugaces et bruyantes. Drapé dans son manteau sombre, des gouttelettes s'accrochant à la fourrure de son col, Alexander observait la fin des préparatifs. Son oeil unique surveillait les alentours, notant les visages et les postes occupés par chacun. C'était un long vol qui se préparait et une mission des plus intéressantes.

La liesse des fiançailles envolée, les jours s'étaient égrenés au rythme de la vie mouvementée des York et de sa propre existence. Dans les méandres des brumes, il entendait encore les conversations, le velours des mots d'Astrance alors qu'elle le recommandait chaudement à Edmund. Bien sûr qu'il protègerait la famille Jenkins, après tout n'était-il pas un ami dévoué de la famille York ? Jamais il ne laisserait arriver le moindre mal à la belle famille de sa très chère Astrance. Jamais. Quelle aubaine.

Il avait lui même sélectionné les hommes chargés de la sécurité de la caravelle, des gens de confiance dont il connaissait les capacités. Il avait déjà travaillé avec eux, leur valeur n'était plus à prouver. Quant au reste de sa mission... Alexander n'était pas dupe, il y avait bien vu un jeu d'intriguant mais il était prêt à relever le défi. Intriguerait bien qui intriguerait le dernier.

Un changement dans les bruits de la caravelle, une effervescence venant chasser la brume qui s'éparpillait, offusquée que l'on marche ainsi sur son empire. La famille Jenkins embarquait enfin, leur du départ était donc on ne pouvait plus proche. Un matelot vint l'en avertir et Alexander le remercia poliment. Se détachant de la balustrade d'où il observait la fin de l'embarquement, il se dirigea vers la salle de réception de la luxueuse caravelle. Ses bottes de cavalerie claquaient sur le pont du navire, perturbant les murmures de l'embarquement.

Il faisait chaud à l'intérieur de la salle et les lambris vernissés et richement ornés faisaient oublier que l'on était à bord d'un vaisseau volant et non dans un château alryonnais. Si le jeune homme appréciait l'ouvrage des artisans, ce faste faisait naître en lui une pointe de dégoût. Les colonies grondaient et la noblesse alryonnaise se promenait dans des navires de luxe.

Les hommes chargés de la sécurité tournèrent leurs regards vers lui et le saluèrent tandis que le puîné des Jenkins annonçait sa venue avec une pointe d'ironie qu'Alexander ignora superbement. Il était en voyage et en mission, terminé les frivolités. Son manteau noir dissimulait une tenue de voyage doublée de cuir, un message pour ceux qui assisteraient au décollage, la caravelle était défendue, un griffon était à bord et pas n'importe lequel. Epinglée à son manteau, à l'endroit du coeur, il arborait une broche d'argent représentant une boussole. Ses cheveux étaient attachés avec cet même mélange d'élégance et d'indiscipline qu'il affichait aux fiançailles d'Astrance. Une rapière était attachée à son côté gauche, saillant sous l'épaisseur du manteau et promettant qu'elle n'était pas la seule arme dont il disposait.

"Vôtre Grâce," salua-t-il le père Jenkins en s'inclinant élégamment. "Madame la duchesse, My lords et My lady, permettez moi de vous informer que toute les dispositions nécessaires à votre sécurité ont été prises, le capitaine m'a aussi informé que le décollage pourrait se faire incessamment sous peu."

Sa voix était le ronronnement d'un félin, toute de velours et de douceur, promettant les griffes à ceux qui viendraient le chercher. Son regard croisa brièvement celui de Violet, étincelle bienveillante dans un écrin de glace puis il reporta son attention sur le duc et la duchesse, attendant l'exposition de leurs instructions. Il les connaissait déjà par coeur bien évidemment mais les présentations étaient d'usage.
Violet Jenkins
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Vogue la caravelle [Alex] EmptyMar 19 Mar - 16:10
Un oeil unique, d’un bleu perçant. Cela suffit à faire tomber l’estomac de Violet au plus profond de ses jambes, et à faire battre son coeur si fort qu’elle était persuadée que l’on pouvait l’entendre dans toute la salle de réception. Tentant désespérement de retenir un peu de couleur sur son visage, elle se planta discrètement les ongles dnas la amian afin de ne pas risquer défaillir, se forçant à se concentrer, et avec un gracieux sourire, elle adressa une révérence, tête déjà baissée, à celui qui s’annonçait comme son pire cauchemar durant les prochaines semaines.
Il dormirait dans l’étude, si proche d’elle ? Mais quelle liberté allait-elle bien pouvoir avoir ? Elle bouillait, voulait hurler, et se taisait, yeux rivés au sol afin de ne pas croiser le regard de Percy, qu’elle imaginait tout à fait terriblement narquois. Que voulait-il en lui fourrant Alexander Galloway dans les jambes ? Qu’avait-il vu, aux fiançailles d’Edmund et Astrance York, qu’en avait-il déduit ? Que cherchait-il à faire, à lui faire faire ? Et qu’est-ce que sa famille, de manège générale, attendait d’Alexander ? Des informations sur les York peut-être ? Dans ce cas-là, ils risquaient d’être déçus, comme il serait sans aucun doute déçu dans sa mission d’espionnage sans aucun doute confiée par les York.

Bon sang, s’ils ne se faisaient déjà pas confiance à ce point, pourquoi alors s’épouser ? Edmund avait-il réellement envie de vivre dans un nid de vipères ? Elle avait du mal à y croire … Et pourtant, c’était bien là tout le quotidien de la noblesse alryonnaise, dont elle se sentait si éloignée …
Alexander cependant, maîtrisait tout à fait les convenances, et Lord Jenkins lui (ré-)expliquait déjà qu’il était tout particulièrement chargé de la sécurité de Violet, qu’il ne devait pas quitter d’une semelle, et escorter à bord comme lors de ses déplacement extérieurs.
De quoi avaient-ils donc si peur ? Y avait-il eu à leur égard des menaces dont elle n’avait pas connaissance ? Ou bien était-ce une simple paranoïa alimentée autant par les actualités que par une langue perfide dans le sein familial ?
Pendant ce temps, Lady Jenkins s’entretenait avec l’intendante, tandis qu’Edmund était parti échanger quelques mots avec le capitaine, avant d’annoncer qu’il se retirait afin de travailler dans son bureau. Ceci sembla sonner un signal inaudible, car de manière soudaine, tout le personnel s’activa, disparaissant de manière plus ou moins soudaine. Violet savait déjà que lorsqu’elle entrerait dans sa chambre, ses femmes de chambre seraient en train de défaire ses valises.
A cette pensée, elle sentit son coeur s’accélérer de nouveau. Elle avait emporté certains … “déguisements”, auxquels les femmes de chambre étaient habituées, dans un sac d’ailleurs qui généralement n’était même pas défait. Sauf que … sauf qu’Alexander Galloway était là. Alexander qui ignorait savoir l’un des plus grands secrets de la vie de Violet, mais Alexander qui n'était certainement pas un imbécile et qui aurait tôt fait de faire le lien entre Veronica et Violet au moindre faux pas … Et une robe noire, un manteau de laine ou une perruque aperçues pouvaient lui être fatales. Et en même temps, si ce sac n’était jamais défait, ne risquait-il pas de trouver cela suspect ?
Mais déjà les explications de Lord Jenkins à l’égard de son geôlier se terminaient, et Violet avala sa salive avec certaines difficultés.

“Monsieur Galloway, je laisse donc à vos bons soins la perle fine de notre famille.” conclut son père, avant de se tourner vers elle. “Violet, soyez sage.”
“Oui, Père.” murmura-t-elle d’une voix faiblarde alors qu’il s’éloignait, rejoignant sa femme.

La dynamique entre ses parents l’intriguait toujours, même après tant d’années à leurs côtés. Il y avait comme un déséquilibre compensé, une tension permanente mais toujours dissimulée. Mais elle dut vite s’en détourner afin de se concentrer un peu sur celui qui risquait fort de lui gâcher le voyage. Pourtant, elle n’en montra rien, et lui sourit.

Monsieur Galloway, je n’aurais pas cru vous revoir aussi rapidement, et encore moins dans de telles circonstances,” le salua-t-elle. “et j’en suis surprise autant qu’heureuse croyez-le bien.” mentit-elle avec une assurance polie et souriante.
Alexander Galloway
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Vogue la caravelle [Alex] EmptyMar 19 Mar - 17:54
L'indifférence d'Edmund, la mine narquoise de son frère, la pâleur de la benjamine de la fratrie, le tout éclipsé par la prestance du père qui l'entretenait sur ses devoirs, Alexander contemplait ce tableau avec intérêt. Il y avait beaucoup à en apprendre après tout. Il inclina légèrement le buste alors qu'on lui confiait l'existence du bouton de rose. Les paroles que reçut ce dernier éveillèrent une pointe de colère au fond de lui, nuance écarlate que le bleu confiant de son regard avala, n'en laissant rien paraître. Il parlait mieux à son griffon que cet homme à sa fille.

Il écouta d'une oreille la réponse de la demoiselle, notant le souffle dans sa parole, comme un chuchotement de détresse soumise. Cela l'interpela aussi. Quelles violences pouvaient avoir lieu dans le cercle privé de cette famille ? Puis, alors que son père s'éloignait, l'attitude de la jeune femme changea, redevenant celle d'une délicieuse aristocrate, toute en politesse et en délicatesse. Surprise peut-être, heureuse, il n'en croyait pas un mot mais il répondit à ses paroles par une révérence et un sourire.

"Le plaisir est partagé Lady Jenkins," dit-il avec bienveillance. "Je n'aurais su refuser une telle demande, la sécurité des proches des York m'importe autant que la leur."

Les amis des York sont mes amis, il aurait pu le dire. Un pieu mensonge ? Probablement. Enfin, dans cette entreprise c'étaient ses intérêts qu'il servait. Astrance lui avait ouvert une voie royale, à lui d'en tirer profit.

Galamment, il offrit son bras à la jeune demoiselle Jenkins.

"Permettez moi de vous escorter jusqu'à votre cabine," proposa-t-il. "Il me semble que vos affaires y ont déjà été portées. Souhaiterez-vous assister au décollage ?"

Il reconnut sans peine le contact léger de cette main sur la sienne. Malgré ses gants de cuir, il ne pouvait ignorer cette pression de plume, souvenir d'un aparte le temps d'une danse. Le jeune homme guida donc sa protégée sur le pont puis à l'intérieur des quartiers destinés à la famille Jenkins. Boiseries vernissées, portes aux poignées délicatement ouvragées. Le sol de la coursive était tapissé d'une moquette rendant les sons feutrés. Alexander nota ce détail, parfait pour s'éclipser sans bruit. Il s'arrêta devant une porte et l'ouvrit, dévoilant l'espace de la cabine à la fois élégant et confortable, bien plus grand que tout ce qui pouvait se trouver dans les caravelles qu'il croisait d'ordinaire. Les femmes de chambre terminaient de s'y affairer, ranger les effets de leur maîtresse. La jeune femme serait presque comme chez elle. Le lit était placé le long de la cloison séparant la pièce du cabinet où dormirait le mercenaire. Une petite porte y menait. La cabine disposait de rangements et d'un petit bureau taillé dans le bois du mur. L'ensemble était complété par des rideaux aux fenêtres et d'épais tapis.

"J'ai mon propre accès à mes quartiers," précisa-t-il. "La porte entre nos deux cabines ne servira qu'en cas d'absolue nécessité."

Mettant la gêne de la jeune femme sur le compte d'une proximité imposée avec un homme inconnu, Alexander préférait la rassurer sur ce point. Il s'écarta pour laisser la demoiselle Jenkins prendre possession de ses quartiers.

"Je ne serai pas loin, faites moi savoir si vous souhaitez assister au départ," lui dit-il en se retirant.

Alexander gagna sa propre cabine. Il y avait déposé ses effets quelques heures plus tôt, non pas qu'il fut particulièrement chargé mais il avait apporté avec lui le nécessaire pour voyager sereinement. Sylphide était depuis un moment installé dans une stalle dans les cales du navire. Il s'était assuré que son compagnon ne manque de rien et pour la peine le griffon était presque aussi luxueusement installé que lui car oui, malgré l'étroitesse du cabinet, il n'en restait pas moins un couchage confortable et un coin spacieux par rapport à ce que l'on pouvait trouver habituellement. Le mercenaire profita de ce temps de liberté pour ranger quelques uns de ses effets et organiser son espace, attendant le signal lui indiquant que sa protégée était disponible.
Violet Jenkins
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Vogue la caravelle [Alex] EmptyMar 19 Mar - 19:31
Il la gratifia d’un révérence et d’un sourire tout en lui présentant son poing et en lui confirmant qu’en effet, c’était bien par l’entremise des York qu’il s’était retrouvé sur cette caravelle. Elle avait très envie de lui demander s’il était habitué à être ainsi relégué au rang de duègne garde du corps, ou bien s’il faisait une exception en son honneur, mai se retint: ce n'était absolument pas poli, et cela ne cadrait en rien avec son personnage; elle risquait fort de se trahir.
Silencieusement, elle le suivit donc jusqu'à ses appartements, étudiant encore la possibilité ou non d’assister au décollage. Elle n’en était pas spécialement friande: il faisait froid, brumeux, cela gonflait ses cheveux, et il faisait encore nuit si bien qu’on n’y voyait que bien peu. Pourtant, l’idée d’avoir un bol d’air pour se remettre de ses émotions, de l’obscurité pour cacher son visage, un peu d’espace de liberté, tout cela la tentait assez.

Ces hésitations furent balayées en découvrant sa chambre. Celle-ci était identique à son habitude, mais bien plus remplie. Ses livres, son nécessaire de calligraphie, sa papeterie, sa correspondance, tout ce qui avant était dans l’étude avait été transporté dans sa chambre afin de faire de la place pour son garde du corps. Evidemment, ses malles éventrées ajoutaient à cet effet de confusion qui la submergea immédiatement et la statufia alors qu’Alexander Galloway lui assurait avoir un accès indépendant à ses quartiers, ce qu’elle savait très bien vu qu’ils faisaient auparavant partie des siens et qu’il aurait été impensable de devoir passer uniquement par la chambre d’une dame pour la voir. Hochant distraitement la tête, elle le laissa partir, et congédia ses femmes de chambre avec douceur, arguant qu’elle avait besoin de rester seule un petit instant.
Sentant sa poitrine terriblement serrée face à tant de changements, elle alla à la fenêtre, qu’elle ouvrit afin de respirer par grandes goulées l’air extérieur. Ce fut difficile, douloureux, même, au départ. Il lui était difficile de respirer correctement; tous ses muscles semblaient contractés à en exploser, et les bouger demandait de grands efforts. Et puis, il y avait son corset, qui ne l’aidait pas évidemment. Sans oublier non plus cette énorme boule dans sa gorge qui allait finir par la faire exploser.

Il y avait trop de changements, trop de surprises pour qu’elle soit tranquille.
Cette cabine, elle la connaissait par cœur, cela avait même été sa demeure lors de son premier voyage, et elle n’en avait pas bougé depuis. Cette cabine avait vu passer toutes ses années, et beaucoup de secrets, de rêves et de découvertes. Son agencement n’avait jamais changé, car rien ne bougeait jamais chez les Jenkins et leur ordre immuable. Violet aurait pu y évoluer les yeux bandés, elle ne se serait pas cognée.
Et là, soudainement, plus rien ne ressemblait à rien. Cerise sur le gâteau, un homme dormait dans ce qui était auparavant son étude, et pas n’importe quel homme non ! L’homme qui connaissait son plus grand secrets sans le savoir, l’homme qui risquait de la démasquer devant sa famille, l’homme qui la menaçait le plus. Mais aussi l’homme qui la traitait comme un joyau rare, l’homme qui la regardait comme quelqu’un et non pas un rang, un statut, une dot ou une main où passer une bague.
Ah, si elle avait su en envoyant cette lettre à Rosalie ! Quelle ironie …

Elle avait de pleurer, de hurler, de vomir.

Inspirant à grandes goulées, oubliant parfois un peu d’expirer, elle finit pourtant par trouver un rythme, se concentrant et éloignant peu à peu la confusion qui l’avait un instant submergée.
Des bruits lui parvenaient, de dedans, oui, mais de dehors aussi. Les bruits d'une ville qui s’éveille, les bruits d’un port au matin, les bruits d’une caravelle se préparant à prendre le ciel.
Elle s’en sortirait.
Elle y arriverait.
Il ne pouvait pas être si dangereux, et il devait avoir à perdre, lui aussi, en la trahissant après tout. Restait à savoir ce que les York savaient réellement de ses obédiences, évidemment, mais Violet devait bien pouvoir faire peser sur lui quelque chantage s’il lui posait trop de problèmes.
Mais là, dans l'immédiat, il fallait se dissimuler, le plus longtemps possible. Ah par Aëlia, quelle perte de liberté !! Il était le pire choix possible ! Celui qui risquait le plus de …

Soudain,elle se redressa un peu. Une idée venait de lui traverser l’esprit.
Le pire choix possible, vraiment ? Et si en fait … Et si en fait, sans le vouloir, sa famille venait de lui offrir sa liberté sur un plateau, sous la forme d’un blond tout de noir vêtu ?
De ses yeux clairs, elle balaya sa chambre des yeux, s’arrêtant même un instant sur la porte qui la séparait du jeune homme. Oui, peut-être qu’il n’était pas tant une malédiction qu’elle le pensait, mais avant ça …
Avant ça, il y avait plus urgent: sa chambre. Elle devait la réorganiser, car son agencement actuel lui déplaisait au possible à présent que des meubles de l’étude y avaient pris leur place. Et il allait lui falloir ranger tous ces livres et …

Violet ferma la fenêtre. Elle lissa sa robe, alla jusqu’à sa coiffeuse, où elle arrangea sa mise afin que son bouleversement passager fasse totalement partie du passé. Mais cela lui confirmait une chose: elle avait besoin d’air.
Elle alla toquer à la porte d’Alexander tout en mettant sur elle un manteau qui ne lui avait pas encore été enlevé.

Nous y allons ?” lui demanda-t-elle avec un sourire.

Le décollage était à présent imminent. Et les femmes de chambre pourraient reprendre leur ouvrage en son absence.
Alexander Galloway
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Vogue la caravelle [Alex] EmptyMer 20 Mar - 13:18
Tout était rangé et ordonné, Alexander vérifia le bon coulissement du poignard qu'il gardait dans sa manche. Sa rapière pesait à son côté gauche et le fouet qu'il avait gardé en souvenir de Fujikonawa était sagement enroulé à son côté droit. Paraître aussi armé pour escorter une demoiselle était excessif mais les Jenkins avaient insisté sur leur sécurité et le jeune homme considérait que cet apparat les rassurerait peut-être un peu ou enverrait un message plutôt clair à propos du fait qu'il valait mieux ne pas marcher sur ses plates bandes.

Il savait pertinemment que le fouet attiserait la curiosité et c'était bien pour cela qu'il l'avait emporté avec lui. Il avait après tout bien l'intention de maintenir le rôle exotique qu'il avait endossé depuis les fiançailles.

L'on frappa doucement à la porte et d'un pas tranquille il alla ouvrir pour trouver sa protégée dans la coursive. Drapée dans un long manteau, différent de celui qu'on lui avait retiré plus tôt, elle l'attendait pour assister à l'envol.

"Bien entendu," répondit-il.

Il referma l'étude transformée en cabine derrière eux et escorta la jeune femme sur le pont, la guidant comme il se devait et choisissant l'avant du navire pour assister à son envol. Autour, les cris et les ordres pour le décollage fusaient. Un léger vrombrissement se fit entendre alors que l'énergie solaire se mettait en marche. La caravelle ronronnait avant de prendre son envol. Bientôt, libérée de ses amarres, elle s'écartait du quai, s'élevant en douceur pour embrasser le vide. Les voiles claquèrent au vent et le majestueux navire se hissa à travers les nuages jusqu'à ce que la brume s'écarte.

Par dessus la grisaille était le ciel, horizon lointain dont les mystères résonnaient comme le chant de sirènes, envoûtant. Chaque décollage était une histoire, la première page d'un vol, l'introduction d'un univers, de personnages, la pose d'un décor pour un nouveau récit. Alors que le ciel pâlissait, Alexander savourait cet instant mais n'en oubliait pas la jeune femme qui se tenait à ses côtés.

"Chaque décollage est unique en son genre," apprécia-t-il avec un sourire. "Je ne m'en lasse jamais."

Il faisait frais mais les vents chassaient l'oppressante humidité qui régnait sur Alryon. Un peu d'air pur était appréciable.

"J'espère que ce vol vous sera agréable," dit-il gentiment. "Allez-vous retrouver des connaissances lors de nos escales ?"

Après tout, si ce tour était une tradition familiale, il était fort possible que la jeune femme entretienne des amitiés dans les différentes cités. Peut-être lui tardait-il de les revoir ? Il l'espérait pour elle en tout cas. Il avait vu les regards, vu la pâleur, entendu ce frémissement imperceptible de la voix et il s'en voulait que sa présence puisse indisposer la cadette du duc tout comme il en voulait à sa famille de la traiter avec aussi peu de respect. Alexander savait reconnaître une mauvaise surprise quand il en croisait une et même si mademoiselle Jenkins le cachait admirablement, il ne pouvait ignorer ce qu'elle vivait et cela ressemblait de fait à une mauvaise surprise.

Le voyage commençait, ils étaient tranquilles dans cet instant où les matelots et le personnel étaient bien occupés. Ses hommes prenaient leurs tours de garde, semblables à des ombres silencieuses sur le pont. Alexander les avait triés sur le volet et avait été très clair, leur comportement devait être absolument irréprochable et il savait qu'ils s'y tiendraient. Il ne lui restait plus qu'à s'assurer d'une chose, veiller sur la demoiselle Jenkins, ce qui ne s'annonçait pas être la mission la plus compliquée qui soit. Toutefois, il ne pouvait décemment la réaliser en sachant importuner la jeune femme.

"Vos parents m'ont chargé de votre sécurité durant ce voyage," dit-il. "Je suis à votre disposition et vous pouvez compter sur ma discrétion."

Non, il n'était pas là pour faire des rapports sur sa conduite. Tant qu'il l'avait en visuel, il n'avait pas à juger de ce qu'elle ferait de ses journées. Si elle souhaitait sa compagnie, il serait présent. Si elle préférait qu'il se tienne en retrait, c'était possible aussi. Le jeune homme n'allait pas par quatre chemin, il préférait poser les règles dès à présent, énonçant une vérité primaire en quelque sorte pour glisser la suite du message en espérant que la jeune noble en soit un peu rassurée.
Violet Jenkins
Violet JenkinsAlryon
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Profil Académie Waverly
Vogue la caravelle [Alex] EmptyMer 20 Mar - 15:36
Il ouvrit sa porte, la rejoignit dans le couloir, et alors qu’il refermait l’étude, elle put y jeter un oeil, constatant la transformation de celle-ci en chambre sommaire mais fonctionnelle. Avec son aisance teintée de désinvolture, Alexander escorta Violet jusqu’à l’avant de la caravelle, louvoyant au milieu de l’équipage qui s’activait pour trouver avec elle une place de choix pour assister au décollage. Elle se fit la réflexion à cet instant que cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait pas assisté au décollage d’Alryon: trop tôt, trop sombre, trop occupée à ranger sa cabine, à en reprendre possession. C’est avec un certain plaisir qu'elle emplit de nouveau ses poumons d’air frais, et laissa ses yeux dériver sur le paysage qui apparaissait et le ciel qui s’ouvrait. Un instant, juste un instant, elle en oublia le jeune homme près d’elle, ses pensées s’envolant vers le monde à découvrir loin des circuits ritualisés des Jenkins, vers sa sœur et les aventures qu’elle voulait vivre avec elle.
Très vite, pourtant, il se rappela à son bon souvenir, et elle tressaillit alors que son ton lui rappelait un instant leur entrevue au Rose Temple pour ensuite retrouver la douceur qu’elle y avait découvert lors des fiançailles, quelques semaines plus tôt. Il lui semblait avoir mille et une facettes, et elle ne savait absolument pas à laquelle se fier. Elle lui jeta un regard farouche, puis exhala un soupir. Oui, évidemment, elle allait retrouver des connaissances. Après tout, c'était très exactement ce qu’on lui avait appris depuis petite: se faire des amis, partout, afin d’infiltrer toutes les familles riches et puissantes que Terreciel comptait. Il ignorait, cependant, qu’elle avait aussi prévu de retrouver de ci de là des membres du réseau, ce qui sous-entendait de lui filer entre les doigts, et ce de manière régulière.
Ce qui lui rappelait … Et s’il pouvait l’aider au lieu de lui mettre des bâtons dans les roues ? Après tout, ils avaient tout de même quelques points communs et … Et il lui rappela soudain qui l’avait engagé et elle sentit ses épaules tomber. Oui, oui évidemment, il était au service de ses parents.

Comment ça, il était à sa disposition ?

Cette fois, c’est franchement que la jeune aristocrate se tourna vers son garde du corps, osant le détailler de la tête aux pieds ce qu'elle n’aurait jamais fait dans une salle de bal. Oui, il fallait vraiment qu’elle soit éloignée de tout un faisceau de regards pour s’autoriser un tel comportement. Tout de noir vêtu, il y avait dans sa coiffure la même sensation de souffle d’air qu’aux fiançailles, et pourtant il parvenait à être étonnamment élégant. Il portait toujours ce cache-oeil, dont elle ne pouvait s’empêcher de se demander l’histoire qu’il dissimulait, et son oeil unique restait un mystère insondable malgré son bleu de cristal. Sur sa poitrine, elle remarqua évidemment cette boussole d’argent, et à son côté, rapière et fouet. Pensait-il vraiment en avoir besoin, ou faisait-il cela pour impressionner ? Il éveillait en elle tant de questions …
Etait-il sincère dans ce qu’il venait d’énoncer ? Ou était-ce simplement une façade, afin qu’elle lui fasse confiance et qu'il puisse mieux rapporter ses agissements à York, à ses frères, à ses parents ? Violet avait envie de le croire, évidemment,car cela lui faciliterait grandement le trajet, mais elle ne se faisait pas d’illusions. Si elle lui filait entre les doigts, sa surveillance serait resserrée, et sa liberté envolée.
Avait-il le même parfum boisé qu’aux fiançailles ? Chassant cette pensée parasite, elle battit un instant des paupières avant de s'adresser à lui:

Oui, je suppose que le fouet sert à cette discrétion.” releva-t-elle en souriant avec une ironie peut-être plus mordante qu’elle ne l’avait calculée. “Mais je vous remercie de cette attention. Vous verrez sans aucun doute rapidement que je suis bien plus ennuyeuse que ce à quoi ma famille vous a préparé. Je passe la majorité de mes journées à lire, ou broder lorsque nous sommes en caravelle, et lorsque nous sommes à terre, les réceptions s’enchaînent. Les rares moments où je ne suis pas avec le reste de ma famille, c’est lorsque je vais rejoindre des cercles de jeunes filles où vous risquez d’être fort lassé, ou bien de faire sensation plus que vous ne l’espéreriez.” Violet soupira. “En clair, je ne crois pas être spécialement en danger, et j’ai bien peur que vous ne vous ennuyiez terriblement à mes côtés, Monsieur Galloway, mais j’ai l’impression que vous et moi n’avons guère le choix pour les semaines à venir.

Evidemment, elle faisait son possible pour endormir sa méfiance. S’il l’imaginait avec ce quotidien de recluse, de petite fille sage, peut-être en effet relâcherait-il son attention à la longue, et peut-être pourrait-elle filer. Et puis, il fallait bien qu’il dorme, parfois, n’est-ce pas ?

Vous avez pu assister à de nombreux décollages, Monsieur Galloway ?” changea-t-elle brutalement de sujet une fois cette mise au point réalisée, rebondissant sur un point qu’il avait évoqué plus tôt.

En l’amenant à parler de lui, peut-être pourrait-elle un peu mieux le découvrir, le comprendre, et déterminer quelle confiance elle pouvait placer en lui dans ce contexte.
Alexander Galloway
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Vogue la caravelle [Alex] EmptyMer 20 Mar - 16:27
Une voile claqua sous la bourrasque alors que mademoiselle Jenkins se tournait vers lui, osant peut-être pour la première fois le regarder avec franchise. L'oiseau en cage montrait ses serres baguées. Une étincelle s'alluma dans le regard d'Alexander alors que le vent lui portait une fragrance légère, à peine une touche florale au milieu des effluves de bois, de cordage et du cuir de sa tenue de voyage. Si le jeune homme afficha une moue mi surprise, mi amusée, elle se mua en un franc sourire à la remarque dont la soudaine brutalité lui laissait entrevoir un caractère bien différent de celui que la demoiselle montrait en société.

"En partie," répondit-il avec une pointe de malice.

Elle lui exposa par la suite un quotidien qu'elle voulait parfaitement ennuyeux et rebutant, visiblement bien décidée à lui faire comprendre qu'il n'était pas le bienvenu dans son rythme de vie. Le mercenaire ne s'en formalisa pas. Cela ne lui confirmait qu'une chose, la cadette de la famille Jenkins s'était vue imposer un garde du corps alors qu'elle n'avait rien demandé.

"Ce n'est pas comme s'il y avait beaucoup d'autres choses à faire à bord d'une caravelle en plein milieu du ciel," répliqua-t-il posément. "Je doute que vos frères aient des activités plus passionnantes de leur côté."

Alexander n'était jamais contre un moment à lire. Il avait toujours un ouvrage dans son paquetage et il aimait ces moments de tranquillité où perché sur une balustrade ou adossé au mât, il pouvait se plonger dans un univers de pages et de caractères. La mention des cercles de jeune fille et de la sensation imprévue qu'il pourrait y faire lui tira une moue amusée.

"Eh bien, cela changera agréablement ces demoiselles de leurs sujets ordinaires," s'amusa le jeune homme.

Ce petit élan de caractère lui plaisait et attisait sa curiosité. Qui était Violet Jenkins ? Que se cachait-il derrière ses airs de poupée de porcelaine ? Quelles étaient ses aspirations ? Ses envies ? Quelles lectures affectionnait-elle ?

"Je vous laisse juger, et probablement à raison, de l'état de votre sécurité, permettez moi d'être juge de ce qui m'ennuie ou non."

Un sourire, des mots exprimés non sans malice, tout cela pour lui dire qu'il ne se laisserait pas plus marcher sur les pieds qu'elle. Il espérait sincèrement qu'ils s'entendraient bien, cette jeune femme avait probablement énormément à lui enseigner et elle ne le savait même pas.

Il ne se formalisa pas du changement de ton de la conversation, bien au contraire. Les choses étaient dites, il n'y avait pas besoin d'épiloguer. Le badinage reprenait sa place dans cette bulle d'air qui les entourait. Alexander reporta son attention sur le ciel, savourant le contact du vent sur son visage. Souvent, il pensait à ce récit d'un autre temps où un dirigeant offrait une bague à la mer pour honorer l'alliance entre les hommes et les flots et chaque fois qu'il y songeait, il se disait qu'il aurait aimé offrir un tel bijou aux cieux. à l'immensité du ciel, son coeur à jamais.

"Tellement que le compte se perd dans les nuages," répondit-il en s'accoudant au bastingage. "Ils sont tous différents. Parfois c'est une manoeuvre avec des jeunes gens qui courent en tous sens sous les directives de leur instructeur, parfois c'est un vol de nuit plus silencieux qu'un rapace nocturne ou une envolée glorieuse à midi, les voiles inondées de lumière. Certains ont le goût des tempêtes, la saveur de l'orage d'autres sont paisibles comme un matin de printemps. Il y en a des brumeux aussi."

Comme ce jour. Un jour pour quitter Alryon et saluer le ciel en sachant que l'on reviendra par un moyen ou un autre.
Violet Jenkins
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Vogue la caravelle [Alex] EmptyMer 20 Mar - 18:43
Elle remarqua qu’elle l’amusait et en fut agacée plus que flattée. Violet n’était pas grande amatrice d’humour, et surtout, Violet Jenkins n’était pas censée être drôle, aussi, cet amusement qu’elle lisait dans les yeux du jeune homme l’inquiétait un peu: ne risquait-il pas de faire plus facilement le lien, alors, avec Veronica ?
Cependant, il avait dû être fort bien prévenu des activités du trajet car l’ennui qu’elle lui décrivait ne semblait nullement l’inquiéter, ce qui l’agaça encore plus. Bon sang, cet homme était-il impossible à déstabiliser ?! Elle eut un soupir ostensible aux remarques du jeune homme, avant de se laisser, bien malgré elle, happer par la poésie de sa description des décollages de caravelles. Sans s’en rendre compte, elle s’était mise à le regarder lui, plus que le ciel qui leur tendait les bras. Lui, accoudé au bastingage, qui laissait son œil unique se perdre dans les nuages, ses cheveux blonds volant au vent qui leur caressait le visage. Lui, son charme exotique savamment entretenu et son intelligence vive, le verbe haut et pourtant le regard si doux. Lui, dont la voix la portait loin, bien loin de cette caravelle, l’emmenait vers d’autres vols, d’autres horizons, d’autres temps et d’autres ciels comme l'aurait fait un roman. Elle se prenait, soudain, à rêver de voyages loin de sa cabine, d’aventures en plein ciel.
Se rendant compte qu’elle le caressait du regard en buvant ses paroles, elle se détourna vers le ciel, priant pour qu’il ne l’ait pas remarquée - même si cela aurait le mérite de poursuivre l’illusion de l’oie blanche amoureuse qu’elle avait donnée à n’en pas douter lors des fiançailles. Quel était donc cet étrange pouvoir d’Alexander qui la poussait ainsi à l’écouter ? Agacée de sa propre mollesse, cette fois-ci, plus que de l’attitude du jeune homme, elle prit sur elle de sourire pourtant, et de se forcer à se détendre.

Vous avez un indéniable talent de conteur, Monsieur Galloway.” nota-t-elle. “Je suppose que les récits de vos nombreux voyages pourront animer nos trajets. Faites-vous souvent ainsi office de garde du ...

Et la caravelle, bougeant soudain sous ses pieds, l'interrompit. Violet, par réflexe, s’accrocha, crispée, au bastingage. Il y avait une sorte de poussée alors que le décollage commençait et que le véhicule prenait de l’altitude à laquelle elle n’était pas insensible. Si elle n’avait jamais été touchée réellement par le mal de l’air ou le vertige, il restait tout de même que la sensation de quitter le sol était toujours quelque peu déconcertante … et cela faisait des années à présent qu’elle ne l’avait plus vécue debout sur un pont, mais généralement assise dans un salon. Cela changeait tout.
Raide, proche du bastingage, elle s’y tenait d’une main dont les phalanges commençaient déjà à blanchir alors que de l’autre main tout aussi crispée, elle tenait fermé son manteau. Sous ses pieds, elle avait la sensation que le sol se dérobait alors que la caravelle bougeait, prenant de l'altitude, et qu’elle retenait son souffle effrayée et fascinée à la fois par cette sensation tant oubliée qu’elle en redevenait nouvelle. Devant eux, c’était l’immensité du ciel qui leur tendait les bras alors que le soleil se levait, teintant le ciel de nuances lavande. Légèrement tremblante, elle était muette devant la beauté de l'instant comme face à son corps qui s'affolait quelque peu.
Alexander Galloway
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Vogue la caravelle [Alex] EmptyJeu 21 Mar - 11:05
Le compliment tira un sourire à Alexander. Des récits, il en avait à conter c'était une certitude. Chaque voyage en était un après tout. Mademoiselle Jenkins fut interrompue par le mouvement d'ascension de la caravelle. Une sensation qui faisait naître une pression au niveau de l'estomac comme si les tripes d'un individu suppliaient de rester au sol plutôt que de prendre les airs. Alors que la jeune femme se raccrochait au bastingage, la main crispée sur le bois, Alexander déploya une main, prêt à la rattraper mais tout allait bien. Son geste resta en suspend une seconde avant qu'il ne ramène sa main sur le rebord. L'aile du griffon s'était simplement déployée pour abriter la colombe.

"Office de garde du corps ?" reprit-il la conversation. " Ce n'est pas la première fois en effet."

Cela le ramena auprès d'Arkimedes sur un bloc perdu au milieu de nulle part. Il était heureux d'avoir pu le recroiser à l'occasion des fiançailles. Probablement lui écrirait-il d'ailleurs au cours de ce voyage.

"Il m'arrive d'organiser des voyages et d'escorter des gens à travers le ciel," poursuivit le jeune homme. "Parfois ce sont des trajets calmes, parfois le danger rôde, aucun n'est pareil c'est ce qui en fait toute la saveur."

De la douceur complice de Silje aux déboires d'Arkimedes, l'éventail des histoires était vaste et chacune était unique en son genre. Alexander les chérissait toutes. Après tout, chacune de ces expériences lui avait apporté quelque chose, des amitiés, des contacts, des secrets, des alliés, parfois des ennemis aussi mais toujours de nouvelles connaissances. A l'heure actuelle, il était curieux de ce que cette nouvelle aventure lui apporterait.

Le ciel se déployait à l'infini à présent. Alryon avait disparu dans son brouillard et il ne restait plus que les nuages à perte de vue ainsi que quelques oiseaux qui suivaient le vol de la caravelle, grapillant les miettes des humains et usant du voilier comme aire de repos. Il leur faudrait quelques jours avant d'atteindre leur première étape. Alexander était serein à cette perspective. Les vols lui procuraient toujours cet apaisement comme si le contact du ciel dissipait les nuages de ses pensées.
Violet Jenkins
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Vogue la caravelle [Alex] EmptyJeu 21 Mar - 17:07
Du coin de l’oeil, elle nota le geste d’Alexander, et la manière dont il s’était retiré en constatant qu’elle ne courrait pas de danger, qu’elle n’allait pas tomber. Reconnaissante de cette attention, de cette manière de ne pas s’imposer, elle se sentit se détendre, un peu, à peine. Les yeux rivés vers l’horizon, Violet écoutait la réponse de son garde du corps, qui n’en était pas à sa première expérience. Ceci la déçut un peu: s’il avait l’habitude de ce genre de voyages, il n’en serait que plus compliqué de lui filer entre les doigts. Elle lui était reconnaissante, cependant, d’avoir simplement continué la conversation sans relever son malaise soudain.
La jeune noble répliqua un peu, et ils bavardèrent quelques instants jusqu’à ce que devant eux ne s’étalent plus qu’une infinité de nuages. Puis, la jeune fille frissonna: le lever de soleil était terminé, et elle avait un peu froid. Elle rentra donc, escortée du jeune homme qui la ramena à sa cabine. Là, elle ôta son manteau en admirant l’efficacité des femmes de chambre. Tout était déjà presque rangé. Violet les trouvait phénoménales, et ne devait surtout pas oublier de les remercier. Souvent, elle faisait en sorte de leur laisser des chocolats, des biscuits ou d’autres douceurs quand elle ne les croisait pas. Si ses bonnes l’ignoraient, Violet avait une conscience aiguë qu’en d’autres circonstances, elle aurait pu se trouver à leur place, et qu'il n'y avait entre elle et ses domestiques, qu’une différence de chance.
Comme elle l’avait notifié à Alexander, elle passa la matinée dans sa cabine, jusqu'à ce que l’heure du repas n’arrive. A son rythme, assistée par des femmes de chambre parfois, elle termina de ranger ses valises et en particulier son sac de costumes dont elle dissimula le contenu dans une de ses armoires. L’organisation de sa coiffeuse lui prit du temps, mais ce ne fut rien face à l'organisation du bureau qui était usuellement vide, ou presque et qui venait, sur ce voyage, d’être chargé à lui seul de l’intégralité du contenu de l’étude. Elle y avait depuis longtemps aménagé des doubles fonds dans les tiroirs, qu’elle utilisa de nouveau. Il n'était pas question que quiconque puisse accéder à certains aspects de sa correspondance. Tranquillement, donc, elle se réappropria son espace dérangé, faisant en sorte de se sentir un peu chez elle de nouveau. Il était un peu perturbant, cependant, qu’à travers la cloison elle puisse entendre parfois Alexander mais elle décida de l’ignorer pour l’instant.
En fin de matinée, elle parvint même à prendre le temps de griffonner quelques plans pour sa chambre, ré-aménageant certains aspects sans devoir pour autant déplacer les armoires et autres commodes, le bureau ou le lit. Elle parvint ainsi à isoler un peu l’espace de nuit d’un espace de jour par un jeu de paravent et la création d’une sorte de petit salon avec les fauteuils rapatriés de l’étude. Quand on vint la chercher pour le repas, elle demanda à la femme de chambre si elle pouvait transmettre cette demande, afin que cela soit fait quand ce serait possible pour les domestqiues. Elle ne voulait surtout pas leur ajouter plus de pression qu’ils n’en avaient.

Le repas se déroula dans le calme silencieux habituel des Jenkins, et après le thé, Lady Jenkins releva la mine pâle de sa fille, la renvoyant ainsi dans sa chambre afin qu’elle se repose, ce qu’elle ne se fit pas dire deux fois. Se réfugiant dans son antre, elle y ferma les rideaux, et se laissa somnoler un peu, son esprit vagabondant par monts et par vaux alors qu’elle était allongée dans son lit.
Evidemment, ses pensées finirent par revenir vers l’homme qui dormait si près d’elle, simplement rendu invisible par une cloison. Ce n’était pas par son charme, sa blondeur en bataille ou son unique oeil au bleu perçant qu’il l'accompagnait à ces instants, ni même par le souvenir de cette valse comme un moment de grâce mais bien par les émotions contradictoires que sa simple présence lui inspiraient. Le fait qu’il soit là, avec cette mission de la “protéger” (l’espionner, oui, plutôt !) la tendait terriblement. Elle craignait de n’avoir plus aucune liberté, plus aucune marge de manœuvre, plus aucune intimité. Elle redoutait, évidemment, qu’il la perce à jour et pire encore, qu’il la perce à jour face à sa famille. Elle appréhendait, plus que tout, de ne pas pouvoir lui faire confiance, et qu’il utilise ce qu’il savait d’elle pour la faire chanter, ou avoir une mainmise sur elle, voire la dénoncer tout simplement à sa propre famille ou aux York. Sentant l’angoisse lui nouer de nouveau les entrailles, elle se força à respirer, doucement, profondément, les yeux fermés.
Bercée par ses propres inspirations et expirations, la jeune noble vit resurgir le souvenir de la douceur avec laquelle Alexander l’avait menée à la piste de danse, les étincelles de bienveillance dans son oeil, à plusieurs reprises, sa manière de faire de l’humour. Il y avait aussi ses mots lors de leur entrevue au Rose Temple, sa manière de la regarder, de la traiter, pas si différente, finalement, de la façon dont la traitait sous son masque de noble et cela lui inspirait confiance.
Oui, certes, mais il était là. Missionné par les faisceaux croisés de ses frères, ses parents et cette nouvelle belle-famille, sans se douter un instant sans aucun doute de la situation plus que délicate dans laquelle il la plaçait. Mais après tout, n’avait-elle pas, elle aussi, des cartes à jouer ? Comment sa famille réagirait-elle en apprenant qu’il était anti-colonialiste, lui aussi, et qu’il fréquentait la fiancée d’Edmund malgré ce statut ? Cela ne risquait-il pas de porter préjudice à Alexander et à Astrance, bien plus qu’à Violet elle-même finalement ? Et lui, ne pouvait-elle pas l’aiguillonner avec le regard qu’il lançait à la princesse Jhareelienne ?
Evidemment, Violet n’était pas démunie, pas aussi démunie en tous cas qu'elle aurait pu le croire à chaque fois qu’elle avait croisé Alexander, à chaque fois qu’il l’avait surprise. Elle avait des armes à sa disposition, elle le savait à présent, et se sentait se détendre sur son lit, plongeant peu à peu dans un doux état d’entre-deux précédant le sommeil et compensant le réveil, si tôt ce matin-là. Elle avait des armes oui, mais devait-elle les garder pour sa défense, ou bien les utiliser et attaquer ? Ou bien pouvait-elle faire le choix de cesser de considérer son garde du corps comme un ennemi, mais bien comme un allié ? Ce fut d’ailleurs sans aucun doute sa dernière pensée avant qu’elle ne s’endorme, réveillée uniquement pour l’heure du dîner, le repos de l’après-midi ayant évincé le thé. Comme il était d’usage de se changer pour le dernier repas de la journée, elle s’excéuta avec l’aide d’une femme de chambre, ce qui lui permit aussi de défroisser son visage ensommeillé.
C’est plusieurs minutes plus tard que la jeune fille, vêtue d’une robe aux tons roses poudrés, dont quelques broderies fleuries faisaient ressortir la délicatesse, sortit de sa chambre. Ses cheveux blonds, retenus en un chignon bas, adoucissant encore son visage qui n’était altéré par nul artifice. Avec un sourire doux, elle salua son garde du corps qui l’attendait à sa porte et l’escorta jusqu’à la salle à manger, où ils arrivèrent bons derniers.

Eh bien, souricette, tu ne parvenais pas à choisir ta robe ?” ironisa Percy à peine eut-elle posé un orteil dans la salle.

Violet l’ignora sans peine, alors qu’elle saluait leurs parents et que sa mère lui glissait un compliment sur cette robe.

Monsieur Galloway, restez donc dîner avec nous.” proposa Edmund après un signe de tête de Lord Jenkins. “Nous serons ravis de vous avoir à notre table.
Vous pourrez ainsi nous narrer les passionnantes aventures de notre chère petite Violet !” renchérit Percival.
Cessez, mon fils.” le rabroua Lady Jenkins. “Allons nous asseoir.” proposa-t-elle dans un sourire.

Et ainsi fut fait. Lord et Lady jenkins étaient chacun à un bout de la table, le capitaine à la droite de Lord Jenkins. Près de lui, on retrouvait Percy, qui avait lui-même à sa droite sa mère. A la droite de celle-ci, Alexander trouva sa place, près de Violet. Celle-ci, entourée de son garde du corps et d’Edmund, ne faisait pas tout à fait face à Percy, qui se trouvait très exactement entre elle et Alexander, afin de faciliter le naturel des conversations. Le sourire carnassier que lui adressa son aîné ne fit ni chaud ni froid à la jeune fille, habituée à ces provocations sans fondement. Si leurs parents avaient toujours dit que c’était la manière dont Percy exprimait son amour, elle n’aurait certainement pas parié là-dessus.
Après quelques échanges autour du voyage lui-même et des conditions de vol avec le capitaine, ainsi quelques banalités, Lord Jenkins se tourna vers Alexander:

Nous tenions à vous remercier de nouveau, Monsieur Galloway, pour avoir accepté d’assurer notre sécurité au cours de ce voyage. Et le fait que vous assuriez vous-même la protection de notre très chère Violet est pour nous un immense soulagement.”

A ces mots, Violet avait envie de soupirer. Comme si elle avait besoin d’une nounou garde du corps … Elle avait envie de leur répliquer que s’ils l’avaient laissée apprendre à se défendre, comme elle l’avait tant demandé, ils n’en seraient pas là. Evidemment, elle ne dit rien. Ce n'était pas son rôle, pas sa place, et elle devait simplement attendre que le repas se passe.

Faites-y attention Monsieur Galloway. C’est notre fille unique, et elle est plus fragile qu’un pétale de fleur.” prévint Lady Jenkins avec un sourire qui aurait presque pu passer pour tendre.
Et on ne sait jamais ce que ces … colonisés séditieux pourraient imaginer pour nous nuire.” lança son mari. “Nos femmes sont si belles et pures qu’elles sont sans doute notre plus grande faiblesse face à eux.
Et il est évident que la pureté physique comme morale de notre petite souris n’est plus à prouver !” sembla plaisanter Percival. “Ne vous a-t-elle point ennuyé Monsieur Galloway ? J’ai entendu dire qu’elle s’était réfugiée dans sa chambre à la première occasion. Faites attention à ce qu’elle ne file pas par une porte dérobée … ou à ne pas tomber sous le charme de ces grands yeux bleus, nous en vous le pardonnerions pas !” s’amusa ensuite le jeune homme.

Alexander Galloway
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Vogue la caravelle [Alex] EmptyVen 22 Mar - 9:02
Cette première journée de vol fut des plus paisibles. La demoiselle Jenkins fit rapidement voeu de retourner à l'intérieur et se consacra à l'arrangement de son espace. Alexander éprouvait quelques remords à la savoir contrainte de recréer son environnement parce qu'on lui avait imposé sa présence. Les efforts de "préservation" et de "protection" de la cadette de la famille avaient quelque chose de faux et le jeune homme se demandait si ce n'était pas une sorte de test ou de jeu pervers auquel se livraient les membres de la famille Jenkins et dont la benjamine était la victime.

Il profita du déjeuner pour s'entretenir avec ses hommes et veiller à ce que les quarts de ronde se passent bien. Il échangea un peu avec le capitaine, discutant de leur trajet et partageant quelques expériences de vol avec cet aéronaute aguerrit. Il offrit aussi de son temps à Sylphide pour qu'il se dégourdisse les pattes dans la cale. Quelques négociations avec le capitaine avaient permis d'obtenir quelques passe droit au griffon. Alexander profiterait du soir pour le laisser sortir sur le pont.

L'après midi se déroula sans heurt. Installé dans l'étude, le jeune homme en profita pour lire un peu et s'entraînait à sa calligraphie du ryoshimais. Pinceau en main, encre posée sur le rebord d'une commode, il recopiait les délicates arabesques d'un ouvrage qu'on lui avait prêté. Ce travail de précision était apaisant et lui laissait le loisir de songer au voyage qui s'annonçait. Il était important qu'il fasse bonne impression et qu'il apprenne un maximum de choses de la famille ducale. Ces gens n'avaient clairement pas sa sympathie mais ils pouvaient s'avérer utiles et, s'il ne l'était pas, avoir des moyens de les faire tomber serait une bonne chose. Son pinceau resta suspendu un instant, sa rêverie le portant dans la pièce attenante. Il n'aimait pas ce qu'il voyait de cette famille. L'insistance dès le début, les attitudes, les mots, il sentait quelque chose qu'il détesterait profondément. Alexander n'avait jamais aimé voir les oiseaux en cage. Aussi ouvragée et belle qu'elle fut, son premier réflexe était de tendre la main pour déverrouiller le délicat loquet.

Le soir vint et le mercenaire troqua sa tenue de cuir contre quelque chose d'un peu plus léger et élégant. Pantalon noir et veston d'un indigo sombre par dessus une chemise blanche, la boussole épinglée sur le satin de sa tenue. La rapière était pour l'heure soigneusement rangée ce qui ne signifiait pas qu'il n'était pas armé. Il avait trop regretté de ne pas avoir d'arme au théâtre de Fujikonawa, il ne referait pas une telle erreur.

Le rose pastel de la robe de Mademoiselle Jenkins était charmant et soulignait plus encore la délicatesse de son apparence. Le griffon escorta la colombe auprès de sa famille non sans avoir eu un mot aimable à son égard lorsqu'elle posa sa main sur son bras à la sortie de leurs "appartements".

Arrivés dans la salle à manger, la pique de Percy Jenkins sonna comme un désagréable sifflement aux oreilles du griffon d'Isvall. Au fond de lui, le fauve agita sa queue et secoua ses ailes, créant une désagréable chaleur dans la poitrine d'Alexander.

"Bien volontiers," répondit-il à Edmund. "J'en serai honoré."

Son regard se porta sur le puîné et une étincelle y brilla fugacement avant de se faire chasser par un sourire des plus polis.

"Il serait inconvenant que je m'exprime en lieu et place d'une demoiselle," répondit-il avec élégance.

Certes, c'était bien loin de la réalité des moeurs alryonnaise mais Alryon s'entichait bien d'une fausse courtoisie. L'on disait "les dames d'abord", l'on leur parlait comme à des joyaux, l'on agissait comme si elles étaient la chose la plus exquise et la plus sacrée qu'il soit tout en les foulant du pied dans cette réalité qui se trouvait au delà des apparences.

Il prit donc place à la droite de la duchesse après lui avoir tiré son siège pour qu'elle puisse s'asseoir. La cadette de la famille se trouvait à ses côtés. Le repas se déroula sans heurt. Alexander écoutait les conversations concernant le voyage et les activités prévues lors de leurs escales jusqu'à ce que Lord Jenkins se tourne vers lui. Il accueillit ses mots avec un acquiescement respectueux.

"C'est avec un immense plaisir, Votre Grâce," répondit-il.

Lady Jenkins ajouta son grain de sel, soulignant la fragilité de sa fille. Alexander avait bien des avis sur la vulnérabilité féminine et la plupart prenaient la forme de reproches bien acerbes qu'il garda pour lui. Un sourire aimable pour la duchesse.

"Soyez assurée Votre Grâce que votre fille sera en parfaite sécurité à mes côtés," la rassura-t-il.

Après tout, n'avait-il pas protégé la sororité York au péril de sa vie à Fujikonawa ? Enfin, cela c'était la version saupoudrée de sucre et de boutons de roses que servaient Astrance quand il en était question.

Dans le silence de ses pensées, le griffon ronronna. Oh, il en voyait bien d'autres des faiblesses de cette noblesse alryonnaise face à l'ire populaire. La délicatesse des femmes devrait être la moindre de leurs préoccupations... Quoique... Alexander connaissait bien des femmes qui pourraient être la perte de ces gens et ce de part leurs propres initiatives.

"Il me semble my lord que passer du temps dans sa cabine fasse hélas partie des maigres activités possibles au sein d'une caravelle, je crois que tous autant que nous sommes nous avons accordé du temps à prendre possession de nos quartiers."

L'insistance du frère Jenkins commençait doucement à lui peser. Ses remarques narquoises tout comme ses allusions auxquelles la jeune femme ne répondait pas ne manquaient pas de l'agacer particulièrement. Il n'était pas étonnant à ses yeux que Violet Jenkins cherche tant à s'isoler au vu de la pression familiale qu'elle recevait à chaque instant. Alexander reposa ses couverts avec délicatesse sur le rebord de son assiette et prit le temps de plier sa serviette avec soin. La lame du couteau en argent brillait joliment à la lueur des bougies. Le jeune homme reporta son regard sur le puîné des Jenkins, un sourire aimable sur le visage, comme s'il riait bien à la plaisanterie du fils du duc. Il croisa son regard avec une tranquille assurance doublée de courtoisie et pourtant...

"Je vous serai gré My Lord de ne point douter de mon honneur, celui de votre soeur n'étant pas à prouver."

Une flamme, comme une touche glaciale au fond de cet iris unique, dévastatrice. Il était fils de roi, il était enfant d'Isvall, plus noble que Percy ne le serait jamais, son maintien parlait pour lui. Le griffon était là, fils des vents, annonciateur des tempêtes. La légèreté de son ton et l'amabilité de son sourire étaient la brise porteuse d'une promesse d'orage, insaisissable, ingénue dans son existence même et pourtant...

Sans laisser le temps à Percy de répliquer, Alexander se tourna vers Edmund, se penchant légèrement pour capter son regard.

"Votre fiancée m'a vanté vos qualités de bretteur, My Lord," dit-il. "L'escrime est-elle une discipline qui vous est chère ?"

Toute son attention pour le fiancé d'Astrance et pour l'instant son élégante bienveillance. Dans ses mots couvaient une invitation, à voir si l'aîné Jenkins la saisirait au vol. Alexander était curieux de faire sa connaissance.
Violet Jenkins
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Vogue la caravelle [Alex] EmptyVen 22 Mar - 12:17
Violet était habituée aux attaques de son frère, et elles glissaient sur elle comme de l’eau sur les plumes d’un canard, en tous cas en apparence; en réalité, elle était un peu inquiète par cette mention de porte dérobée: Percy savait-il quoi que ce soit ? Non, non c’était impossible … Il serait déjà passé à l’attaque depuis bien longtemps sinon ! A moins qu’il n'ait d 'autres projets, plus sombres ? Non, enfin, non !
Celui sur qui cela ne glissait pas, par contre, c’était Alexander. Violet faillit en lâcher sa fourchette de surprise lorsqu’il se dressa de manière frontale contre Percival. Les Jenkins avaient-ils prévu que le garde du corps qu’ils avaient engagé pour la surveiller la protégerait même contre eux ? Certainement que non, à en croire le visage soudain tendu de Percy, le sourire en coin du capitaine, le regard étincelant de Lord Jenkins, les sourcils arqués de Lady Jenkins. Violet, elle, ne fit aucun commentaire, son attention toute entière portée sur son assiette. Pourtant, tout en éparpillant sa nourriture afin de cacher le fait qu’elle en avait fort peu mangé, elle n’en pensait pas moins: Alexander, sans s’en rendre compte, venait de basculer de l’ennemi à l’allié potentiel, gagnant sa confiance. Restait simplement à espérer que ce ne soit pas une manœuvre stratégique de la part du jeune homme, mais elle en doutait, ou bien il était stratège en permanence: sa réaction, son attitude, cadraient avec tout ce qu'elle avait vu de lui jusque là. Et c’est avec un certain plaisir qu’elle nota cela.
Elle avait bien noté la tension qui émanait de lui, la flamme glaciale dans son regard si particulier, et en d’autres circonstances, elle aurait presque été tentée de poser une main sur la sienne pour l’apaiser, lui dire de simplement laisser filer. Mais pas ici, pas devant sa famille. Elle n’avait aucun droit de se montrer ainsi familière.
Lorsqu’il changea de sujet, la jeune fille sentit un léger frisson la parcourir, alors que la tension tombait et que Percy se voyait privé de toute possibilité de répliquer. Sentant qu’il dardait sur elle un regard agacé elle releva la tête et lui sourit, les yeux un peu brillants de cette victoire qui n’était pourtant pas la sienne. Finalement, peut-être que cette idée de garde du corps n'était pas que mauvaise … Alexander faisait preuve d’une certaine habileté, ce qui lui plaisait. Cela avait, par contre, surpris Edmund qui était comme bien souvent quelque peu étranger à ce qu’il se passait autour de la table. Ainsi, il avait relevé la tête et croisé le regard d’Alexander Galloway, une expression presque surprise sur son visage, qui redevint vite un masque inexpressif.

Ni plus ni moins, il me semble, qu’à n’importe quel gentilhomme de mon rang.” répondit Edmund, un peu évasif.

A vrai dire, Violet était même surprise qu’Astrance ait mentionné un tel point à Alexander. Dans la famille, le sportif était Percy, bien plus qu’Edmund qui était bien plus stratège. Son garde du corps semblait pourtant tout à fait sérieux, et un regard de Lord Jenkins envers son aîné fit manifestement basculer la conversation.

Enfin, j’admets avoir une certaine inclinaison pour cette discipline. La rapière que vous portiez aujourd’hui me souffle que c’est également votre cas, Monsieur Galloway ? Je serais ravi d’échanger quelques passes avec vous. Cela animera plaisamment notre trajet.

Le temps de cet échange, les domestiques s’étaient activés et la table avait été débarrassée, cachant ainsi le peu que Violet avait avalé, et déjà le dessert arrivait. Relevant le regard, surprise par cet échange, elle croisa les yeux de Percy, qui brillaient d’amusement. Edmund, accepter un duel, qui plus est avec un homme manifestement rompu au combat ? Voilà qui promettait d’être amusant, semblait hurler le regard du jeune homme. Violet partageait tout à fait cet avis, et Percy lui fit un discret clin d’oeil en voyant sa sœur avoir dans son regard un miroir de son expression.
Violet se promit que sous aucun prétexte elle ne louperait ce spectacle qui promettait d’être mémorable. Et manifestement, Percy avait la même idée. Forts de cette perspective, le reste du dîner se déroula tranquillement, et après que les hommes aient partagé un verre, peut-être un cigare, loin du regard de Violet et sa mère qui échangeaient quelques banalités autour d’une infusion, Alexander Galloway vint rejoindre Violet Jenkins afin de la raccompagner jusqu’à sa cabine. Dans un sourire, elle le suivit, puis une fois certain d’être hors de portée de toute oreille indiscrète, le son de leurs pas étouffé par la moquette du couloir, elle lui glissa:

Monsieur Galloway … Je tenais à vous remercier de vive voix pour vos propos et votre comportement de ce soir. Il est plus que galant de votre part de prendre mon parti face à ceux qui vous emploient, et je vous en suis reconnaissante au-delà de ce qui m’est possible d’exprimer.

Tournée vers lui, elle lui souriait, une main déjà sur la poignée de la porte de sa chambre.

Cependant … Percy parle plus qu’il n’agit, et ses mots ne sont un venin que pour ceux qui se laissent atteindre. Plus vous réagirez, plus il s'amusera à vous provoquer jusqu’à trouver votre point de rupture et pouvoir ensuite l’utiliser contre vous; et rien de mieux que l’aconit pour contrer la cigüe, n’est-ce pas ? Ne laissez pas ma famille vous emporter dans leur jeu, ce serait fort dommage.” appuya-t-elle avec un sourire entendu. “Bonne nuit, Monsieur Galloway.

C’est le cœur battant qu’après une brève révérence, elle se glissa dans sa chambre. Elle venait de lui glisser un premier indice quant à sa double identité, motivée par l’attitude du jeune homme, l’idée qu’elle pouvait peut-être trouver en lui un allié sur cette caravelle. Se laissant un instant pour reprendre ses esprits, elle s’abandonna aux boins soins de sa femme de chambre, qu’elel remercia amplement pour le travail effectué sur la jorunée; la pièce vait déjà été réaménagée, et Violet se sentait un peu plus chez elle. La domestique la changea, puis brossa longuement ses cheveux blonds avant de les tresser tout en échangeant quelques banalités.
Puis, Violet alla se glisser entre ses draps, se demandant si Alexander Galloway était lui aussi couché, alors que dans sa chambre, les lumières étaient soufflées une à une. Elle lut un peu, quelques instants à peine, afin de chasser de son esprit le jeune homme, et le jeu de piste qu’elle lui réservait. Puis, sentant la fatigue l’engourdir, la jeune noble renonça, et laissa l’obscurité envahir sa chambre, la guidant vers le sommeil.

Demain serait un autre jour.
Alexander Galloway
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Vogue la caravelle [Alex] EmptyVen 22 Mar - 14:13
Les regards, les moues, les sourcils haussés, tout cela passa sur Alexander comme la bruine sur le plumage de Sylphide. Astrance l'aurait probablement fortement jugé pour cette riposte mais il n'aurait pas été son poulain s'il avait été du genre à se laisser marcher sur les pieds. Aussi surpris qu'il fut par le fait qu'on s'adresse à lui, Edmund finit par proposer quelques passes d'arme ce que le mercenaire accepta bien volontiers, son oeil se plissant légèrement alors qu'il souriait.

La conversation à propos de l'escrime se poursuivit un peu plus tard autour d'un verre de brandy. Alexander déclina le cigare qu'on lui proposait. D'aussi grande qualité qu'il soit, il n'était pas friand de ce genre de choses. En revanche, il ne disait pas non au digestif à la robe ambrée. Il fut convenu qu'Edmund et lui se donnent rendez-vous le lendemain matin pour un petit duel amical, l'occasion de se défouler un peu et d'évaluer les compétences de chacun ou de montrer les siennes des fois qu'il y ait besoin d'une piqûre de rappel.

Alors que la soirée touchait à sa fin, Alexander escorta la demoiselle Jenkins jusqu'à sa cabine. L'insistance de son frère chiffonnait le mercenaire. Il ne faisait pas grand cas du personnage en lui même, c'était la destinataire de ses mots puérilement acérés qui lui importait. Sur la liste des choses qu'Alexander Galloway détestait, ce type d'attitude arrivait dans le haut du classement et un point supplémentaire était accordé si cela venait d'un noble.

Les mots reconnaissants de mademoiselle Jenkins firent battre son coeur. Ils n'auraient pas dû exister. Ils n'auraient pas dû avoir de raison d'exister. Elle aurait dû pouvoir deviser gaiement de sa soirée, échanger quelques banalités avant de disparaître dans sa cabine, aussi fugace qu'un songe d'une nuit d'été avec pour seule préoccupation le livre ou la quelconque activité qui lui siérait pour ses heures solitaires. Le jeune homme dissimula son pincement au coeur par un sourire aimable.

"Je vous en prie," répondit-il sobrement.

Il n'y avait rien de plus à dire. Il ne le pouvait pas. Il n'allait pas dévaloriser son geste au nom d'une quelconque galanterie. Il n'était pas normal qu'il intervienne parce qu'il n'était pas normal qu'il ait à intervenir. Il n'y avait pas non plus de gloire à en tirer. Le jeune griffon espérait seulement que le joli oisillon puisse utiliser un peu ses ailes à l'ombre des siennes. Il le lui avait dit, elle pourrait compter sur sa discrétion et il ne parlait pas de sa capacité à se faire oublier.

Une étincelle s'alluma dans son regard alors que la demoiselle poursuivait. Un demi sourire étira ses lèvres. Si les premiers mots énoncés étaient une incitation à se tempérer, une de celles qu'il avait trop souvent entendues dans la bouche de personnes quotidiennement bafouées, quelques uns retinrent son attention, lui rappelant sans peine des souvenirs récents.

"Bonne nuit à vous, Mademoiselle Jenkins," répondit-il avec bienveillance.

Une fois seul à l'intérieur de sa cabine, Alexander se permit un léger soupir. Bien avant les fiançailles, il avait exécré ces gens, ce tour en caravelle promettait de s'avérer épuisant. Le griffon avait l'impression que ses ailes étaient souillées de goudron. Il se défit de sa tenue de soirée comme l'on retirerait la crasse et se changea pour la nuit. Le contact d'une chemise plus ample et plus légère le libéra un peu de ce sentiment oppressant qui l'étreignait. Il se passa un peu d'eau sur le visage et se coucha à son tour.

Demain serait un autre jour.

***

Un autre jour qui vint, entre deux levers de soleil, sur une mer de nuages. Un autre jour qui s'annonça avec le tintement des lames sur le pont. Après le petit déjeuner, quand chacun fut apprêté et disposé à assister à la démonstration. Les deux adversaires se saluèrent d'un geste de leur arme, geste qui n'était pas sans en rappeler un autre à Alexander. Il avait depuis ce jour une curieuse affection pour ce salut protocolaire, allez savoir pourquoi.

Les lames s'entrechoquèrent, le fer se croisa avec une élégance guindée et quelques passes s'échangèrent. Alexander observait, analysait la posture de son adversaire, apprenait de ses mouvements. Un léger sourire aux lèvres, l'oeil vif, il passa à l'attaque quand vint son tour, cherchant la faille aux parades et esquives du futur duc puis se retira, ses pas étrangement silencieux pour un homme se battant contre un autre. Le griffon dansait. Son adversaire pour cavalier ou pour proie, la confusion était facile, il dansait. L'air froid aiguisait ses sens, l'incitait à l'envol. En dépit de son aérienne légèreté, chaque pas était calculé. Il y avait ce qu'il pouvait se permettre ; un coup du plat de l'arme sur son bras, octroyant un point à Edmund. Et il y avait ce qu'il ne laisserait pas passer ; sa réponse par un point marqué sur le flanc de son adversaire.

Le combat reprit après une brève pause, gagnant en force pendant un court instant mais Alexander devait l'admettre, il ne sentait aucune passion dans ce que faisait l'aîné des Jenkins, aucun engouement pour le duel ni pour l'activité qu'il procurait. Il le sentait presque prier dans ces gestes pour que cela ne dure pas trop. Le griffon envoya un coup de patte après avoir esquivé une attaque et l'arme échappa des mains de son adversaire, mettant fin à l'affrontement.

Alexander et Edmund se saluèrent. Le jeune homme rendit son arme à l'aîné des Jenkins.

"Je vous remercie pour ce plaisant duel," dit-il poliment. "J'espère que nous aurons d'autres occasions de croiser le fer."

Un domestique leur apporta de quoi se rafraîchir. Alexander l'en remercia en prenant son verre qu'il but à longs traits. Il aurait apprécié voir l'affrontement durer un peu mais tant pis, il aurait d'autres occasions. Il récupéra sa veste au bras d'un majordome après avoir remis son arme au fourreau. Son regard se posa ensuite sur la duchesse et sa fille qui étaient non loin. Il alla les saluer en compagnie d'Edmund.

"Votre Grâce, My lady," les salua-t-il en s'inclinant devant elles.
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Vogue la caravelle [Alex] EmptyVen 22 Mar - 18:11
La nuit fut légère, entrecoupée, pour Violet, comme bien souvent lorsque son cerveau était occupé à calculer les possibilités qui s’offraient à elle, à soupeser pour et contre, à faire une balance entre les risques et les bénéfices, comme bien souvent aussi lorsqu’elle était dans un nouveau lieu. Cela ne la dérangeait pas cependant: elle en avait l’habitude, d’une part, et son statut de jeune fille fragile lui donnait bien souvent la possibilité d’aller se reposer en journée sans craindre d’offenser qui que ce fut.
Une fois le petit déjeuner passé, Violet, cheveux relevés en un chignon dont quelques mèches blondes aux boucles lâches s’échappaient harmonieusement, suivit toute sa famille jusqu’au duel amical entre Edmund et Alexander.
Elle y admira les passes d’armes avec un œil véritablement novice, là où Percival, de l’autre côté de la pièce, avait l’air de bien s’amuser. Lord Jenkins était parti travailler après le premier point d’Edmund, comme si l'honneur était sauf. Lady Jenkins, elle, était restée près de sa fille, et suivait chaque échange d’un regard des plus attentifs. Il était évident qu’elle couvait du regard son fils et admirait ses performances, mais évaluait aussi son niveau, et les risques de le perdre lors d'un duel. D'ailleurs, lorsque le duel gagna en force, Violet sentit sa mère lui agripper le bras avec force, lui transmettant sa tension. Elle posa sa main, légère, sur la sienne, comme pour la rassurer: Alexander, c’était évident, ne ferait aucun mal à Edmund. Il était bien trop intelligent pour cela. Mais Lady Jenkins adorait ses enfants bien plus qu’elle en l’exprimait, bien plus que Violet ne l’imaginait sans doute, et elle ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter. La jeune fille la sentit d'ailleurs se détendre lorsque les deux hommes rendirent les armes, et se rafraichirent. Quant à elle, elle était restée fascinée par la fluidité des gestes de son garde du corps, sa souplesse féline, sa grâce de danseur, sa légèreté absolue. Du fait de son statut, elle n’avait que fort rarement assisté à des duels, des passes d’armes ou même des entraînements d’escrime, et ses souvenirs de cette discipline dataient de l’époque où elle était autorisée à regarder les cours de ses frères. leur style de combat était très différent: Edmund était mesuré, sans passion, mais méthodique et efficace, académique à l’extrême, là où Percival multipliait les feintes et mélangeait les techniques en utilisant son environnement dans une explosivité agressive qui avait de quoi déstabiliser mais dont l’efficacité n’était de fait plus à prouver. Alexander avait encore une technique bien différente, dont elle se demandait si elle ne tirait pas ses origines bien loin d’Alryon.
Lorsque les bretteurs vinrent les saluer, sa mère et elle, elles s’inclinèrent, Violet plus bas que la Duchesse.

Toutes mes félicitations, Monsieur Galloway, pour ce duel des plus brillants.” le félicita Lady Jenkins, tout en posant une main presque tendre sur le bras de son fils, lequel se dégagea aussi rapidement que discrètement.

Violet adressa à son garde du corps un sourire entendu de félicitations, qui en disait bien plus que les mots qu’elle prononça:

Vous venez de prouver de la meilleure des manières que je suis entre de bonnes mains, Monsieur Galloway.

Cette remarque lui attira un regard d’Edmund, où couvait presque une surprise de voir sa petite soeur accepter ainsi la présence du jeune homme. Il lui sourit, alors même que Percy arrivait, légèrement moqueur:

Tu manques d’entraînement, mon frère ! Je t’avais bien dit que tu aurais dû concentrer ton attention sur tes techniques de combat plutôt que sur les belles demoiselles !

En sachant qu’Edmund n’avait jamais montré d’intérêt particulier envers la moindre jeune femmeet que son choix d’Astrance York avait surpris tout le monde, cette remarque ne manquait ni de sel, ni d’humour, et Violet y sourit de bon gré en baissant légèrement la tête sans cesser de regarder Alexander.

Ce sera un plaisir que de rejouer ce match, Monsieur Galloway.” salua poliment Edmund, avant de s’éloigné flanqué de Percival.

Cela sembla également sonner le signal de la retraite pour Lady Jenkins, qui laissa ainsi seuls Violet et son garde du corps.

C’était très impressionnant, Monsieur Galloway. D’où vous viennent vos techniques de combat ?” s’intéressa-t-elle poliment.
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Vogue la caravelle [Alex] EmptyVen 22 Mar - 19:21
Alexander accepta le compliment de Lady Jenkins avec humilité.

"Merci, votre fils est un excellent bretteur, l'issue de ce duel fut serrée," répondit-il.

Les divers échanges lui tirèrent un sourire. Il répondit bien volontiers à Edmund alors que ce dernier prenait congé.

"Je me tiens à votre disposition"


Il n'était pas certain que la revanche viendrait un jour mais il ne dirait pas non si elle venait à arriver. Comme si un signal avait été donné, la famille se dispersa comme une envolée d'étourneaux, les laissant seuls Violet et lui. Le visage de la jeune femme lui parut plus ouvert que la veille. C'était une nuance, un délicat changement dans son attitude mais elle semblait, à défaut d'à l'aise, plus détendue et d'humeur à faire la conversation.

"Je vous remercie," répondit-il aimablement. "Je vous avoue que je mélange plusieurs techniques, ma base vient d'Isvall mais j'ai élargit mes connaissances au gré de mes voyages. Dernièrement, je m'intéresse particulièrement aux techniques ryoshimaises."

Il avait commencé à suivre des cours et à s'entraîner grâce au soutien de l'impératrice douairière et il avait bien l'intention de poursuivre son apprentissage en dépit de la mission actuelle. Alexander leva le nez, évaluant le temps. Le ciel était calme et clément aujourd'hui, les marins n'auraient pas à prévoir de manoeuvre trop importante.

"Je dois m'occuper de mon griffon, vous plairait-il de m'accompagner ?" offrit-il.

Il guida Violet jusqu'aux cales, probablement un endroit dont la jeune femme ne devait pas être familière. Une trille joyeuse les accueillit alors qu'ils descendaient la rampe. Alexander délaissa sa protégée pour aller saluer son compagnon et ouvrir la porte de sa stalle. La cale sentait la paille et le cuir de la sellerie. Sylphide s'ébroua et sortit après avoir joué du bout du bec dans les cheveux de son maître.

"Tu viens mon grand ? C'est l'heure de ta sortie ?"

Une trille joyeuse lui répondit, témoignant de l'impatience du griffon à retrouver le ciel puis le fauve ailé darda un regard curieux sur la jeune femme qui accompagnait Alexander.

"Lady Jenkins, notre cliente mon grand," dit Alexander avant de se tourner vers la jeune femme. "Lady Jenkins, voici Sylphide, le meilleur des compagnons de voyage."

Il flatta l'encolure recouverte de plumes, guettant les réactions de la jeune noble. Sylphide se tenait sage sous la main de son cavalier, attendant de voir si la nouvelle arrivante était une amie ou s'il fallait faire attention.
Violet Jenkins
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Vogue la caravelle [Alex] EmptyVen 22 Mar - 19:45
Violet hocha la tête à la réponse de son garde du corps. Ainsi donc, il s’était formé à Isvall ? Intéressant … Peu à peu, elle rassemblait sur lui les miettes d'informations qu’il lui donnait, et peut-être qu’à force, elle parviendrait à esquisser un portrait plus complet du jeune homme qui lui tiendrait compagnie ces prochains mois. La mention de Ryoshima cependant l’intrigua; elle avait entendu parler de l'incident de Fujinokawa par ses frères, et avait fini par faire le lien entre Alexander et les différentes rumeurs qu’elle avait pu entendre. Se pouvait-il qu’il ait à présent des liens plus forts avec cette Cité, propulsé par son héroïsme ?
Lorsqu’il changea brutalement de sujet, lui proposant de l’accompagner s’occuper de son griffon, elle acquiesa sans réellement réfléchir, contente à l’idée de ne pas avoir à retrouver sa famille immédiatement et surprise, surtout, qu'il ait pu emmener avec lui sa monture. A dire vrai, elle ne s’était pas posé la question, ni ne l’avait imaginé monter. Son lien avec Escanor Eventide aurait pourtant dû lui mettre la puce à l’oreille, bécasse qu’elle était ! Elle avait pourtant un peu oublié son manque d’aisance face aux animaux, peu habituée à leur contact. Elle était, certes, bonne cavalière, mais cela s'arrêtait là, et elle faisait généralement en sorte de ne pas avoir à trop côtoyer ces gros animaux qui l’impressionnaient beaucoup de par leur puissance. Elle commençait déjà à regretter alors que l’odeur un peu âcre de la paille la saisit en arrivant dans les cales. La trille qui les accueillit la fit frémir: incapable de l’identifier comme joyeuse, Violet l’identifiait surtout comme le signe de la pésence d’un animal assez grand et fort pour la déchiqueter. Pourtant, Alexander n’en avait clairement pas peur, et laissait même la bête jouer avec ses cheveux, ce qui fit s’arrondir les yeux de la jeune noble de surprise. Jamais elle n’aurait imaginé rapport si fusionnel avec un animal … Inconsciemment, elle restait très proche du jeune homme, mais un peu dans son dos, pour se cacher autant que pour se protéger. A force, la chemise crème risquait de lui chatouiller le bout du nez … Cela n’empêcha pas le fauve de darder sur elle un regard perçant, et Violet se cacha involontairement encore un peu plus, le bas de sa robe frôlant la paille de la stalle. Elle ne put que tressaillir lorsqu’Alexander se tourna vers elle, avec le sentiment de perdre son bouclier. Pourtant, lorsque son garde du corps la présenta, Violet fit la seule chose qu’elle savait faire dans ces circonstances: une révérence.

Enchantée, Sylphide.” parvint-elle à articuler, très impressionnée, en se redressant.

Faisant en sorte de ne pas croiser le regard du griffon, ignorant tout de ses possibles réactions et redoutant qu’un contact oculaire direct ne la fasse passer pour agressive, comme cela pouvait être le cas avec les chiens par exemple, elle chercha l’oeil unique d’Alexander dans la semie pénombre.

Je suis désolée, je ne côtoie que bien peu d'animaux et …” s’excusa-t-elle en soupirant. “... je ne sais pas du tout quelle conduite adopter face à eux.” confia-t-elle, un peu embarrassée et le rose envahissant ses joues.

C’était très clairement, à ses yeux en tous cas, une invitation à la guider face au griffon dont elle ignorait tout sauf le nom, et ce malgré son coeur battant un peu trop vite. Il en serait pas dit que Lady Violet Jenkins tournerait de l'oeil face à un griffon !
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Vogue la caravelle [Alex] EmptyVen 22 Mar - 22:07
En se retournant pour faire les présentations, Alexander avait trouvé la demoiselle Jenkins dissimulée dans son dos. Son tressaillement à son mouvement et le regard qu'elle lançait à Sylphide trahissaient son malaise. Pourtant, elle exécuta une révérence devant le griffon lorsque les présentations furent faites. Réflexe ou véritable respect, Alexander ne chercha pas à trancher, le geste lui paraissait absolument sincère. Sylphide pencha la tête de côté, curieux. Quant aux excuses de la jeune femme, doublées qu'elles étaient d'un rosissement des joues et d'un soupir, elles lui tirèrent un sourire encourageant.

"La prudence me semble être un très bonne conduite," approuva-t-il. "Vous pouvez le regarder mais ne le fixez pas dans les yeux trop longtemps, voyez, vous avez déjà de bons réflexes."

Sylphide avait l'habitude des nouvelles rencontres et surtout des rencontres avec gens qui ne connaissaient pas les griffons. Alexander avait veillé à ce que son compagnon de route soit parfaitement sociabilisé. Cela dit, il n'avait pas eu à travailler énormément là dessus ; son compère était curieux mais surtout sensible aux attitudes des uns et des autres. Alexander savait qu'il adapterait son comportement à Violet.

Le jeune homme offrit une main à la jeune femme, l'invitant à poser la sienne dans le creux de sa paume.

"Vous permettez ?"

La main se posa, aussi légère que le temps d'une danse, aussi tendue aussi. Il commençait à reconnaître cette infime crispation chez la demoiselle. Enfin, pour une fois, cette tension n'était pas imputée à sa famille. Une progrès peut-être ?
Alexander plaça la main de Violet dans le creux de la sienne, paume tournée vers le haut. Sans la brusquer, il l'invita à avancer un peu pour qu'elle se présente au griffon. Sylphide connaissait le rituel et attendait patiemment, attentif aux gestes de son partenaire. Mains jointes et paumes offertes, sous l'oeil du fauve, c'était un délicat tableau qui s'esquissait dans la pénombre de la cale.

"Les griffons comme beaucoup d'oiseaux n'ont pas un très bon odorat," expliqua Alexander. "mais ils sont sensibles aux détails et aux sons. Quand un pégase ou un cheval viendra sentir votre odeur, un griffon lui mémorisera votre main, votre façon de vous mouvoir, les sonorités qui vous accompagnent."

Le bout du bec effleura la paume, suivant presque les lignes tracées sur la peau. Sylphide laissa échapper un léger sifflement, son oeil doré guettant les réactions de Violet. Doucement, Alexander la mena plus avant, jusqu'à ce que ses doigts si fins effleurent le plumage. Sa main à lui se détacha de celle de Violet, la laissant une fraction de seconde au contact du griffon tandis qu'il le caressait sous le cou. Sylphide ferma les yeux et un ronronnement fit vibrer sa cage thoracique.

Dans la pénombre, l'oeil d'Alexander brillait d'un éclat tendre à l'égard de son griffon. Quand il présentait Sylphide, c'était une part de lui qu'il présentait. Une facette de sa personnalité qui prenait le nom de liberté. Elle avait le goût du ciel, la saveur de la brise, la légèreté d'un plumage.

"Monsieur Eventide a déjà dû vous faire l'apologie de la relation entre un griffon et son griffonnier,"
dit-il. "Je ne saurais le contredire. Vous pouvez considérez Sylphide comme mon partenaire ou mon associé."

Mon ami, mes ailes, ma moitié, mon frère. Ces mots étaient vrais aussi, aussi vrais qu'il y avait deux soleils dans ce ciel. Sylphide s'ébroua doucement et tourna le regard vers la rampe pour sortir. Sa queue s'agita doucement et Alexander sourit.

"Aller va," dit-il.

Libéré par les mots de son maître, le griffon s'empressa de sortir sur le pont. Les marins avaient été prévenus et l'heure avait été choisie expressément pour ne pas les déranger. Alexander escorta Violet au dehors. Déjà Sylphide explorait le pont, furetant avec sa mine curieuse, prenant la mesure de l'endroit où il se trouvait. En dépit de sa taille, ses pattes léonines ne faisaient aucun bruit sur le navire ; le griffon n'était qu'une ombre mordorée se déplaçant d'un rayon de soleil à l'autre.

"Vous n'avez pas froid ? " s'enquit Alexander auprès de Violet alors qu'ils prenaient place sur le pont pour surveiller les allées et venues du fauve ailé.
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Vogue la caravelle [Alex] EmptySam 23 Mar - 12:35
Coeur battant, la plus jeune des Jenkins laissa son garde du corps prendre sa main et la guider vers le griffon, tout en douceur. Ce n’était, finalement, pas si différent d’une danse, et les conseils et explications du jeune homme la rassuraient alors qu’elle était loin d’être tranquille. Concentrée sur le griffon, elle percevait à peine la proximité d’Alexander, son contact. Lorsque le bout du bec de Sylphide effleura sa paume, Violet ne put s’empêcher de très légèrement tressaillir, sans pour autant se retirer, et doucement, son guide la mena jusqu'au plumage du fauve. Fascinée par cette douceur si bien organisée, Violet laissa ses doigts s’y perdre un instant, jusqu’à ce qu’un ronronnement ne s’échappe de la bête, la surprenant, et créant un léger mouvement de recul. Pourtant, d’elle-même, elle avança de nouveau la main alors qu’Alexander lui exposait le lien qui l'unissait à son griffon, et qu’elle hochait la tête à la mention du champion de courses. Oui en effet, il lui avait un peu parlé de cette union … A vrai dire, il était si bavard que cela n’avait pas été bien compliqué de le lancer, se souvint la jeune fille avec un sourire.
Il était cependant très touchant de voir ce lien ainsi exposé, surtout pour elle qui, mis à part Rosalie, n’avait jamais eu d’allié, jamais eu d’ami, jamais eu de partenaire, jamais eu de famille, jamais eu personne sur qui compter et à qui se fier sans crainte. Etonnamment, cela rendait Alexander plus fiable encore, quelque part, plus humain aussi, plus complexe encore. Lui jetant un regard à la dérobée, soudain très au fait d’avoir eu sa main saisie par lui, elle esquissa un sourire alors qu’il l’escortait sur le pont où elle découvrit avec amusement le griffon furetant, véritable gros chat. Surprise par la question d’Alexander, elle le regarda, puis lui sourit.

Je crois que je n’ai même pas eu le temps de me poser la question !” lui confia-t-elle.

En effet, absorbée par la rencontre de Sylphide, elle s’était toute entière concentrée sur le griffon.

Mais pour l’instant, tout va bien, ne vous inquiétez pas. Et vous ?” s’enquit la jeune fille.

Regardant de nouveau le griffon, elle s’adressa de nouveau au partenaire de celui-ci:

Cela fait-il longtemps que Sylphide et vous êtes camarades ?

Peut-être serait-ce là l’occasion d’en apprendre un peu plus sur l’homme qui l’accompagnerait durant les prochaines semaines ? Et ainsi, également, de s’assurer de sa fiabilité, de son camp. peut-être parviendrait-elle à le comprendre un peu mieux sinon à le cerner ? Toujours était-il qu’elle avait très envie qu’il lui conte ses aventures.
Alexander Galloway
Alexander GallowayIsvall
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Vogue la caravelle [Alex] EmptyJeu 18 Avr - 16:52
La réponse de Mademoiselle Jenkins lui tira un sourire. Si elle n'avait pas eu le temps d'y songer, cela voulait dire qu'elle passait un bon moment. Alexander avait noté un très léger changement dans son attitude. Elle n'était pas plus familière, cela non. Sa retenue n'avait pas changé mais elle lui semblait un peu plus ouverte, rassurée peut-être ?

Entre de bonnes mains. Un sourire étira les lèvres du jeune homme. Il avait déjà entendu une phrase similaire prononcée par une personne avec un chignon similaire. Curieuse coïncidence. Par une facétie de son esprit, il s'en souvenait avec une même voix mais c'était tout de même très improbable.

Alexander fut tiré de ses pensées par la question de la jeune femme.

"Il en faut plus que cela pour me geler," plaisanta-t-il.

Ce n'était pas non plus une bravade de sa part, il avait grandi sur Isvall après tout. Le climat alryonnais était bien trop doux pour l'indisposer.

Sylphide poursuivait son exploration du pont, se déplaçant avec cette silencieuse démarche qui n'appartenait qu'au félin. Son regard se perdit un instant sur les gréements et leurs mouvements, sa concentration trahie par sa soudaine immobilité, puis il reprit son manège.

"Cela va faire sept ans que nous volons ensemble," répondit Alexander. "Je l'ai eu alors qu'il commençait tout juste son débourrage."

Un sourire tendre étira ses lèvres alors qu'il repensait aux premiers mois ensemble avec le griffon, cette période où tous deux avaient dû apprendre à se connaître, à se faire confiance. Sylphide marchait au jeu et à la récompense, c'était un esprit curieux et vif, très vite, ils avaient trouvé un terrain d'entende mais le temps avait consolidé leur alliance improbable.

"Le jour où je l'ai croisé, c'était une évidence," reprit-il. "Je caressais l'idée d'acquérir un griffon, s'il avait été un pégase ou n'importe quelle autre créature, je l'aurais pris avec moi quand même."
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