(New Cresthill) Cherche ambassadeur pour l'ODA (Octobre 155) PV Escanor

Nergüi venait de poser le pied pour la première fois sur New Cresthill. Elle avait déjà entendu parler d'Alryon et de sa colonie, mais elle ne pouvait pas s'empêcher d'être surprise par la tenue des gens et l'architecture du lieu. C'était si différent de ce qu'elle avait connu, même à Kymara ! Elle se serait attendue à ce que les 5 cités partagent plus de choses entre elles que ça, mais il fallait sûrement qu'elle s'habitue à ce dépaysement, qui allait devenir une conséquence plutôt agréable de sa nouvelle mission. Après tout, elle n'était pas là pour faire du tourisme. Elle sortit d'un pli de sa robe traditionnelle de Delkhir un petit papier sur lequel elle avait noté le nom d'un champion de course de griffon. Comme elle avait été témoin des manipulations qui pouvaient exister dans les courses de pégases, il y avait fort à parier que la même chose pouvoir arriver dans celles de griffons. Et elle allait mettre un terme à ces pratiques. La maltraitance, pas la course... Encore que... Bref, ce n'était pas la question du moment.

Escanor. C'était le nom que Narantsetseg lui avait donné, lui disant qu'il semblait fiable. Elle avait besoin de quelqu'un de sur pour faire sa première entrée dans ce monde, pas toujours très ouvert. Elle savait très bien qu'elle était facilement manipulable, autant parier sur des gens fiables ! Bon, le bloc ne devait pas être si grand, si... ? Elle aurait surement du lui envoyer une lettre avant de monter dans la caravelle... Bon, c'était trop tard pour ce genre de regret. Elle commença à arpenter les rues de la ville en demandant aux passants son chemin, et on la dirigea progressivement vers un élevage de griffons, où elle aurait de bonnes chances de le trouver. En espérant que les passant soient au courant de son emploi du temps. Au pire, si il travaillait là, quelqu'un pourrait sûrement la renseigner. Bien qu'elle ait hâte de rencontrer le champion, elle espérait qu'il serait absent malgré tout, qu'elle ait une bonne excuse pour aller poser sa valise dans une auberge avant de parler de choses sérieuses. Elle aurait du profiter de son temps de recherche pour ça... Allez, c'était plus le moment de reculer ! Elle se présenta à l'entrée visiteur de l'élevage, et tomba sur quelqu'un qui semblait travailler ici.

« Excusez moi, je cherche un Monsieur Escanor, sauriez vous où je peux le trouver ? »

L'élevage de griffons Eventide est bien connu sur New Cresthill. Sa solide réputation est affirmée par son propriétaire Escanor Eventide, champion de course lui-même et fort de près d'une vingtaine d'années dans les courses de griffons. Il peut se vanter de bien plus d'années d'expériences dans l'élevage de griffons. À trente-cinq ans seulement, il est certainement l'un des hommes les plus célèbres et de New Cresthill. Quant à sa fortune personnelle, elle n'est pas évidente à estimer mais elle se compte sans aucun doute en pièces d'or.

C'est aussi un des célibataires les plus en vue de New Cresthill. Une véritable prospective pour les marieuses et les marieurs qui affectent de s'occuper de la vie intime des autres. Peut-être est-ce la raison souterraine, la motivation secrète à sa présence dans l'élevage : éviter de tomber dans les filets de ces individus. Mais au fond de lui, il sait qu'il préfère travailler près de ces créatures aériennes gracieuses et puissantes. Après tout, il a commencé dans une écurie sa carrière de griffonnier en se glissant dehors avec un griffon ombrageux au nez et à la barbe de son propriétaire. Cela a été le début d'une formidable aventure.

Aujourd'hui est le début d'une autre aventure. Elle lui arrive sous la forme d'un employé de son élevge lui amenant une femme delkhirienne pendant qu'il soulève un seau de viande fraiche pour les griffonneaux. C'est l'heure pour eux d'être nourri. Il pue le griffon, la paille et la saleté, il est en tenue simple idéale pour les travaux et les soins aux griffons. Escanor est loin d'être sous ses meilleurs atours pour une première rencontre. L'employé lui explique que la dame a demandé à le voir. Le champion new cresthillois la détaille, remarque qu'elle a tout d'une voyageuse fourbue.

"Bonjour mademoiselle, je comprends que vous désirez discuter affaires avec moi. Je dois finir de nourrir les griffoneaux. Est-ce vous souhaitez m'accompagner ? Peut-être même leur donner à manger si le coeur vous en dit ?"

Rien de mieux que des griffonneaux enjoués pour requinquer les voyageurs et voyageuses fourbues !

La première impression de Nergüi au sujet d'Escanor ne fut pas mauvaise. La personne qui lui était présenté comme Escanor était en train de travailler apparemment, compte tenu de sa tenue et de l'invitation à le rejoindre qu'il venait de formuler. De son expérience au sein de l'élevage de ses parents, les employés qui faisaient attention à bien présenter devant les visiteurs étaient souvent les plus ambitieux, les moins travailleurs, et les plus pénibles. Penser à ce détail avant aurait sûrement pu lui être profitable, elle aurait alors pensé à se changer en tenue de travail avant de venir ici, avec sa valise dans les mains... Mais elle s'était laissé emporter par le fil de ses pensées et des évènements. Et puis elle n'était pas salarié, mais représentante officielle de son pays! Et de son organisation! Pas question de prendre le risque de froisser un quelconque protocole!

Ce cheminement de pensée s'interrompit brusquement à l'évocation du mot "griffoneaux". Des étincelles s'allumèrent brusquement dans ses yeux. Elle n'en avait jamais vu! Elle avait déjà vu et biberonné des poulains, mais jamais de griffoneaux, ou en tout cas pas avant leur adolescence qui coïncidait alors avec le début du débourrage. En imaginant de petites boules de poils ailées, l'aversion de la jeune femme pour la viande crue disparue, alors que sa famille était presque entièrement végétarienne.

"Je vous accompagnerai avec plaisir!"

Alors qu'elle s'avançait vers lui, elle sentit sa valise butter contre ses jambes, et elle baissa les yeux dessus. Elle ne pouvait pas nourrir les griffonneaux avec ce handicap... De même que sa belle robe risquait d'être tâchée par du sang, et elle voulait l'éviter à tout pris! Que penseraient ses pégases si ils sentaient du sang sur ses vêtements? Et ses parents? Non, impossible. Elle se tourna donc vers l'employé qui l'avait conduite ici.

"Excusez moi, y aurait-il un endroit où je pourrais poser mon bagage, voir me changer? Je ne pense pas être dans une tenue adaptée pour suivre M. Escanor, mais celle dans ma valise sera plus adéquate."

Si elle avait auparavant eu une voix presque enfantine, influencée par l'image des bébés griffons, elle avait retrouvé son calme, et une voix de jeune femme quand elle fit cette demande.

En proposant l’activité de nourrir les griffonneaux à une jeune femme, même Delkirienne, Escanor sait qu’il commet un impair de par les standards sociaux de Alryon. Les détails richement décoré de la robe traditionnelle l’informe qu’elle n’est pas n’importe qui. Elle ne s’est pas encore présentée qu’il manque déjà à tous les devoirs d’un hôte. Eh bien… Tant pis. Le fait qu’elle ne rejette pas sa demande et semble même enthousiasmée relève du miracle.

”Venez avec moi. Les griffonneaux sont par ici.”

Un endroit où déposer sa valise ? Il en est fort désolé mais son écurie ne propose pas ces facilités qu’on retrouve dans les auberges d’étapes. Le champion New Cresthillois ouvre la bouche pour s’excuser et expliquer.

”Je vous prie de m’excuser. Mon écurie ne propose pas ce type de facilité pour les voyageurs. Je vais prier un garçon d’écurie d’avertir les employés de mon domaine que j’ai une invitée et de porter vos valises. Ils feront tout ce qu’il faut pour la chambre soit le plus confortable possible. Vous aurez un espace pour vous changer.”

Il a trouvé une solution pour se faire pardonner l’accueil peu favorable de l’invité. Escanor hèle un jeune garçon et lui explique ses ordres. Celui-ci s’empresse de les exécuter en priant Nerguï de lui remettre la valise de voyage.

Devant la proposition de son interlocuteur Nerguï ne put retenir le rouge de lui monter brusquement aux joues. C'était tellement gentil de sa part, elle devait le déranger avec ses demandes, alors que c'est elle qui venait demander du soutien... Elle ne pouvait pas se permettre de donner une mauvaise image de son pays et de son organisation. Brusquement, elle posa donc sa valise dans un coin qui semblait assez protégé, et dans lequel elle ne gênerait pas.

"Excusez ma demande, je ne voulais pas être un fardeau, alors que c'est moi qui demande à vous voir!"

Elle regarda sa robe, et commença à l'ajuster en remontant certains pans afin de garder sa pudeur, mais en rendant la chose plus pratique malgré tout. Et en protégeant les parties les plus sensibles de la robe aussi... Sinon sa mère la tuerait à son retour. Elle ne devait plus ressembler à grand chose, et sa tenue devait être complétement chaotique, mais elle espérait que cela ne poserai pas problème le temps de nourrir les griffonneaux.

Et honnêtement, ils étaient la deuxième raison pour laquelle elle voulait décliner son offre, elle avait peut qu'il aille nourrir les bébés sans elle, et quitte à être venu jusqu'ici, elle avait bien l'intention d'assister à ce spectacle, voir d'y participer si on lui en laissait la possibilité!

"Je suis prête à vous suivre, et je m'excuse pour la tenue inadaptée que je porte, je ne m'attendais pas à vous trouver en plein travail. Vous allez dans cette direction, c'est bien ça?"

Afin d'éviter tout silent gênant, ou de lire le jugement des gens qui l'entourait, elle avança dans la direction qu'Escanor lui avait indiqué, bien plus sure d'elle même en apparence qu'elle ne l'était vraiment...

Le pauvre palefrenier, instruit par son maître de porter la valise de l’invité et de prévenir le domaine Eventide de se préparer pour l’héberger. Devant l’invitée déterminée à déposer sa valise sur place et à aller voir les griffonneaux, il ne sait plus où se donner la tête. Suivre les ordres de son employeur ou les désirs de l’invité.

De même, Escanor comprend que les souhaits de son invité ont changés. Elle préfère déposer sa valise et ne pas se changer pour ne pas manquer le nourrissage des griffonneaux. Et ce, en dépit de sa solution proposée pour qu’elle puisse vêtir une tenue adéquate afin d’assister à la scène. Il a bien remarqué que son palefrenier peine à déterminer la marche à suivre.

« Ce qui signifie que vous êtes mon invitée et que je vous dois mon hospitalité le temps de votre séjour ici. Laissez donc ce pauvre garçon prendre votre valise à mon domaine au moins ! Il avertira les domestiques qui vous prépareront une chambre. Je suis sûre que vous préférez avoir une chambre prête plutôt que d’aller chercher à l’auberge la plus proche. »

S’étant arrangé pour que sa robe soit moins exposée, la Delkhirienne annonce être prête et s’excuse à nouveau. Elle lui redemande confirmation de la direction. Escanor conclut donc que les griffonneaux étaient plus importants pour elle

« En effet, c’est par ici. Pourriez-vous me dire quel bon vent vous amène pendant que nous marchions ? »

Au bout du chemin, il y aura des griffonneaux qui piafferont d’impatience. Ils connaissent l’heure de leur repas. Des petits Piiiis Piiiis commenceront bientôt à se faire entendre.

« Ils savent qu’ils sont nourris à cette-ci. Ils sont voraces. »

"Si vous y tenez, j'accepte que vous me prépariez une chambre, mais je refuse d'être une contrainte dans votre travail. C'était d'ailleurs en partie la raison de ma venue, mais je pense que nous devrions attendre un moment plus opportun pour que je puisse tout vous exposer proprement!"

C'est vrai que si elle pouvait éviter l'auberge... Son argent n'était désormais plus seulement à elle, mais à son organisation, à tous les animaux qu'elle avait à coeur de défendre. Elle ne pouvait pas se permettre de traiter ce sujet avec légèreté.

Sans attendre M. Eventide, Nergüi avança dans le couloir, guidée par de petits cris, qui l'appelaient aussi surement qu'une mère. Soudain, vision de paradis, une myriade de petits griffoneaux piaillant apparurent devant ses yeux. Bien qu'elle ne soit pas familière avec ces magnifiques animaux, ou en tout cas pas autant qu'elle ne l'aurait souhaité, ces grands yeux, ces petits cris firent fondre son cœur plus vite que du beurre laissé en plein soleil delkhirien. Tout ces regards fixés sur elle, mais... La viande! C'était Monsieur Escanor qui l'avait pas elle, elle leur donnait de faux espoir, elle l'attendit donc patiemment. Ce petit temps d'attente permit à une petite question d'être soulevé dans sa tête, qu'elle posa immédiatement au cavalier, avant même qu'il n'ait eu le temps de nourrir qui que ce soit.

"Excusez moi mais... Ils ne sont pas nourris par leurs parents?"

Elle accepte enfin l’hospitalité d’une chambre mais maintient son refus d’être une contrainte dans son travail.  Une partie de la raison pour laquelle elle est venue ? Ne pas être une contrainte pour son travail ? Cela pique sa curiosité. Il aurait aimé qu’elle s’en ouvre autour d’une conversation tout en nourrissant les griffonneaux.

Escanor sourit en voyant les griffonneaux se presser pour avoir leur viande.  C’est la plus récente couvée sortie de l’oeuf de son domaine. Par les deux soleils, il a l’impression que son invitée est comme hypnotisée par cette vision. L’illusion se brise dès qu’elle pose une question tout à fait naturelle.

« Je les habitue à la présence des hommes. Et cela inclut d’être nourri par un homme. »

C’est l’explication  qu’il donne en toute simplicité pendant qu’il commence à lancer les morceaux de viande aux griffons.

« Nous fonctionnons différemment que sur Delkhir ou les griffons vivent en semi-liberté. Je sais qu’ils sont libres de chasser et de revenir s’abriter dans l’élevage qui les a vu naître.

 De manière générale, sur New Cresthill nous nous efforçons de leur faire accepter d’être montés afin de les vendre à leurs futurs propriétaires. Il n’empêche qu’il existe des débats parmi les éleveurs de mon bloc sur la manière d’élever un griffon.

Contrairement aux pégases, qui sont craintifs par nature, ce sont des animaux qui n’hésiteront pas à s’en prendre à l’homme. J’ai les cicatrices qui le prouvent.

Bref, voulez-vous essayer de les nourrir mademoiselle ? »

Achevant son propos, il tend un morceau de viande tiré de son seau à son invitée. Le new cresthillois prévient toutefois.

« Ne leur tendez pas la viande directement, vous pourriez y perdre des doigts. »

Les petits boules de poils se jetaient avec appétit sur la viande, ce qui était un spectacle étrangement adorable, alors qu'on parlait de petits aiglons déchiquetant des morceaux d'animaux morts... Mais sa raison n'avait plus aucune prise sur ses pensées. Si quelqu'un avait pu rentrer dans sa tête à cet instant, il aurait été submergé d'arc en ciel, et de nuages roses. Il fut même difficile de la faire revenir suffisamment sur terre pour qu'elle puisse entendre les explications de l’éleveur, et elle manqua d'ailleurs la première partie. Elle parvint malgré tout à comprendre que les griffons étant dangereux pour l'homme, ils tentaient ici de les y habituer dès le plus jeune âge, pour éviter les accidents. Ces accidents nuisant à l'image de ses animaux et favorisant probablement une mauvaise prise en compte de leurs besoins, elle comprit rapidement que c'était pour le bien du plus grand nombre. Sur Delkhir, les gens savaient le danger que pouvait représenter les animaux, et l'acceptaient pour la majorité, mais elle imaginait sans mal que tous les blocs ne soient pas aussi ouverts sur ce sujet... Frappée par ce constat, elle ne put retenir un petit soupir...

Toute sa morosité disparu aussi vite qu'un steak dans les pattes d'un bébé griffon quand il lui proposa de nourrir à son tour les petites boules de mignonnerie. Sans qu'elle ait besoin de dire un seul mot son visage traduisait de lui même sa réponse, tellement il se mit à briller de joie, et que des étoiles se mirent à pétiller à l’intérieur des yeux de la noble delkhirienne. Elle attrapa le morceau de viande qu'on lui tendait, et pris très à coeur de suivre les instructions. Les doigts c'était assez utiles au quotidien...

"Je dois leur lancer, c'est bien ça?"

"C'est bien cela. Le leur lancer. Ou faire comme les mamans griffons lorsqu'elle tendent de la nourriture à leur petits. Le leur tendre à une hauteur suffisante pour qu'ils puissent attraper la viande. Sans exposer ses doigts bien entendus. Ni approcher le visage."

Griffonneaux sûrement, mais prédateurs n'hésitant pas à se servir de leurs becs et serres s'ils sentent en danger ou menacés. Escanor ne souhaite pas qu'on lui reproche d'avoir exposé au danger une jeune femme. La critique de la société alryonaise peut être sans pitié.  De plus, il s'agit d'une femme étrangère visiblement bien née ce qui pourrait dégénérer en incident diplomatique.

C'est déjà impressionnant de la voir s'emparer sans répugnance d'un morceau de viande. Une femme alryonaise de bonne famille se serait sûrement déjà évanouie.

"Dire qu'il y a des imbéciles qui en font des combattants. Ils n'ont pas idée de ce qu'est capable un griffon adulte. Qu'Aelia nous vienne en aide."

En écoutant les instructions, Nergüi fit bien attention à protéger ses doigts et se mit dans une position bien inconfortable, mais elle n'était plus à ça prêt. Elle regarda les petits s'emparer de ce morceau de chair, et le déchiqueté, et retrouva dans leurs mouvements les mêmes que des pégases affrontant une racine récalcitrante. Les espèces n'étaient pas si différentes quelque part, elles utilisaient leurs dents pour arracher, déchirer et pouvoir s'alimenter. Le fait qu'ils soient carnivores était un chouilla déroutant, mais la mignonnerie du tableau lui faisait oublié le sang qui séchait sur ses mains, alors qu'elle s'emparait d'un nouveau morceau.

"Ne risquent t ils pas de se blesser? Ils semblent bien brutaux, entre eux, et avec de tels becs..."

Elle avait déjà vu des poulains revenait avec de belles marques, mais souvent parce que les jeunes poussaient les plus grands à bout, et se faisait apprendre de cette manière les limites qu'ils devaient respecter dans le troupeau. Mais une telle blessure lui semblait bien plus risqué pour ces petites boules de poils qui lui semblaient couvertes d'armes... A l'évocation de l'utilisation de griffons, elle se redressa, son attitude changeant brutalement.

"Des combattants? Dans quel but? Qui peut avoir envie de quelque chose d'aussi... Cruel!"

L'histoire de Zorig lui revint en tête, et elle imagina sans peine qu'un griffon pouvait faire beaucoup trop pour plaire à son humain, et l'idée que des humains en abusent lui retourna l'estomac...

"Ils mangent comme des aigles mais ont des habitudes de lion. Quand ils grandiront, ils sauront chasser des proies plus grosses. Les griffonneaux savent claquer du bec pour poser leurs limites pendant leurs jeux. Croyez-moi, ils sont très intelligents et communicatifs. Ils dorment souvent pelotonnés les uns contre les autres."

"J'ai bien envie de faire venir un peintre pour immortaliser une telle image.", avoue le champion New Cresthill. "C'est un spectacle que je pourrais regarder pendant des heures."


Il plonge la main dans le seau pour offrir une autre morceau aux becs quémandeurs. Puis un autre. Les petits qui en ont eus leur viande veillent à s'éloigner pour la déchirer tranquillement. Escanor soupire de dégoût à la seconde question de la femme delkhirienne.

"Le spectacle d'une brutalité sans pareille. Des serres qui déchirent la chair. La soif de voir du sang. Et les paris. Chaque parieurs misent sur l'animal qui mettra à mort l'autre. Ou hors de combat."

"Et puis, il y a la guerre. Les soldats les apprécient pour leurs armes naturelles. Ce sont des créatures capables de mutiler les ennemis sur le champ de bataille."

Quelque chose dans son expression suggère qu'il a déjà vu ce type de blessures.

Les explications de son hôte rassurèrent Nergüi. Et son commentaire sur la venue d'un peintre alluma une lumière dans sa tête. mais bien sur! Pour diffuser l'amour des animaux, il lui fallait un peintre! Voir plusieurs! Avec des peintures d'animaux circulant dans les 5 cités et au delà, personne n'oserait plus leur faire de mal! Et ça pourrait aussi être une bonne source de financement, et un moyen de gagner en notoriété pour son organisation! Mais quelle idée fantastique! Si elle avait eu une autre éducation, elle aurait serrer cette homme fort dans ses bras! Mais ça ne se faisait pas... Elle laissa donc juste un large sourire se dessiner sur son visage, qui reflétait un grand enthousiasme.
Cet enthousiasme ne dura pas quand il commença à lui parler de combats de griffons. Il lisait sur son visage qu'il avait vu des choses atroces. Il semblait affecter profondément par ces images.

"M. Eventide... Vous risquez de me trouver assez cavalière, et je m'excuse de mon manque de délicatesse, mais accepteriez vous de vous engagez à mes cotés contre ce genre de torture imposé aux griffons, parmi d'autres animaux? J'ai fondé l'Organisation de Défense des Animaux à Delkhir, mais j'espère pouvoir étendre son action aux 5 cités voir au delà. Votre renommée, tout comme votre expérience des griffons pourraient nous être précieux pour mettre en œuvre des actions afin de lutter contre des pratiques comme celles que vous décrivez, ne pensez vous pas?"

Au fond du cerveau de Nergüi, un neurone contenant sa raison tenta de lui faire remarquer qu'elle le connaissait depuis moins d'une heure, et n'avait même pas encore pris la peine de contrebalancer sa première mauvaise impression. Caché bien loin au fond de son crâne, ce petit neurone ne se faisait pas d'illusion, devant l'élan de passion qui occupait les premières loges de sa tête, et qui était bien plus puissant que lui, mais il aurait essayé au moins...

N'ayant aucune idée de ce qui se passe dans la tête de la jeune militante delkhirienne, il se livre à ses explications sur les maltraitances dont peuvent être victimes les griffons. La vie animale a bien moins de valeur que la vie humaine autant au quotidien que sur le champ de bataille. Escanor veille à qu'aucun griffonneaux ne soit lésé de sa ration de nourriture en lançant d'autres petits morceaux de viande.

Il écoute la jeune femme qui révèle le motif de sa visite qu'elle a, auparavant, insisté pour en parler dans un cadre plus conventionnel qu'une écurie pour griffons. Le champion comprend qu'elle lui demande de s'engager dans une cause pour défendre le bien-être animal. D'emblée, il voit la proposition sous un jour favorable en raison de ses actes et sa visible passion pour les animaux. Delkhir est un beau pays où le respect de l'animal et de la nature est grand.

"Sûrement, je vois que je peux apporter à votre cause. Parlez-moi davantage de cette organisation que vous désirez développer dans les Cinq Cités. Quels actions menez-vous actuellement ? Quels pratiques combattez-vous déjà ?"

Il désire en entendre davantage sur cette organisation au-delà de simplement s'engager pour protéger les griffons de maltraitance.