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Event 2 : Coup de théâtre

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Shimada Akio
Shimada AkioRyoshima
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Event 2 : Coup de théâtre - Page 3 EmptyMar 22 Aoû - 10:48
Rejoindre les coulisses drapées d’obscurité ne prit guère de temps au couple, de par l’absence d’invités sur leur route. Seuls leurs pas hésitants sur le sol invisible purent les ralentir, cependant ils n’étaient à l’origine pas très loin placés des couloirs latéraux, de sorte qu’en moins d’une minute ils avaient atteint les limites de la scène dissimulées derrière de hauts paravents décorés. En les franchissant l’un après l’autre, Akio le premier pour pallier toute mauvaise rencontre, ils tombèrent soudain nez à nez avec quelques acteurs de la pièce encore en costumes, agenouillés là en silence sous la surveillance d’un des révolutionnaires qui, tournant le dos à la scène, les maintenait sous son joug armé afin qu’aucun ne tentât quoi que ce fût. Chose étrange : si la majorité d’entre eux s’étaient blottis docilement, quatre ou cinq à mi-vue de pénombre, un dernier demeurait debout près du geôlier, impavide, comme un trait d’union entre ses camarades de jeu et les intrus peut-être pas si intrus à ses yeux. Figé dans son mouvement par la crainte d’avoir été repéré, le peintre accusa la logique — comment une troupe entière d’arbalétriers aurait pu rentrer dans le bâtiment sans se faire repérer pendant le déroulement de la pièce ? Probablement étaient-ils déjà sur place, tout proche, attendant dans l’ombre l’instant opportun pour faire irruption grâce à l’aide d’un intervenant qui les aurait fait rentrer par l’arrière. Soit cela, soit étaient-ils bien plus discrets et dangereux que supposé. Et ni l’un ni l’autre de ces scénarios n’arrangeait Akio.
L’unique chose sur laquelle il pouvait parier, quitte à risquer sa vie s’il venait à se tromper, était la relative sagesse de ces mêmes « terroristes » ; considérant le discours de leur chef, son niveau de langage, ses manières, son intérêt pour la communication ou, tout du moins, pour la rhétorique, l’espion doutait qu’ils fussent ici pour faire couler le sang dès lors qu’on les traitait sans violence, et cette maigre interprétation avivait l’espoir de préserver Yosano de ce qui allait suivre.

Elle déjà s’était tue, raide, ayant compris la menace positionnée à quelques mètres devant. Malgré l’audace dont elle savait faire preuve en certaines circonstances, il lui aurait été difficile d’agir à cette seconde autrement qu’en se serrant dans le dos de son compagnon et en comprimant son corps comme si elle voulait se faufiler dans le chas d’une aiguille. Tous deux avaient conscience qu’ils ne possédaient en tout et pour tout qu’une poignée de secondes pour réagir avant d’être surpris, car au premier frottement de leurs geta contre le sol ils iraient agrandir le cercle d’otages. Une telle situation ne devait se produire. Alors, avec ses mains, Akio fit d’abord signe à Yosano de reculer en appuyant délicatement sur ses hanches de manière à ce qu’elle se séparât de lui, mais sans avoir à bouger les jambes ; la résistance qu’il sentit, exprimée dans le regard confus qu’elle lui lança, l’incita à acquiescer en guise d’encouragement, suite à quoi il lui désigna des yeux le plafond de la scène. Elle comprit aussitôt son intention, non sans redouter le pire, tandis qu’il faisait silencieusement glisser ses pieds hors de ses sandales, millimètre après millimètre.

L’Amour à travers les cinq Cités n’était pas une pièce traditionnelle ryoshimaise. À ce titre, elle n’exigeait pas pour sa mise en scène de recourir à certains artifices typiques du théâtre local, et bien que l’édifice de Fujinokawa se fût modernisé pour s’affranchir de l’esthétisme propre à la colonie, il abritait encore quelques mécanismes endémiques, quoique non utilisés ce soir. Parmi eux, son fameux rideau de soie bleu retenu avec soin au-dessus des planches.
Là-haut, le jeune Empereur répondait une nouvelle fois à l’harangueur des foules. En d’autres circonstances, Akio se serait peut-être contenté d’écouter depuis sa cachette, de quoi collecter de précieux détails ou se montrer vaguement convaincu par la sommation de se retirer sans plus d’escarbilles ; vrai, le dirigeant croyait-il à ce point qu’un révolutionnaire assez déterminé pour attaquer un théâtre allait hocher la tête, lui dire « vous avez raison, on en discutera une prochaine fois » et s’en retourner sagement avec ses hommes ? Non. Grand Kamui non. Il devait gagner du temps pour que les gardes — où étaient-ils donc ? — encerclent le périmètre et fassent leur office.
Par ailleurs, ce discours servit le dessein de l’espion, car il occupa suffisamment l’esprit du preneur d’otages en face pour lui permettre se faufiler en tabi jusqu’au bord des coulisses, d’attraper la corde qui retenait la poutre au-dessus de la scène et, faute d’être musclé ou ne serait-ce qu’épais, d’y suspendre tout son poids afin de faire pivoter le mécanisme et libérer le rideau. Il n’eut même pas le temps de voir si ce dernier avait recouvert ses cibles réunies dessous. À la seconde où le tissu se décrocha pour choir sur les planches et jeter la confusion parmi les tireurs, il avait déjà entendu qu’on l’interpelait d’un ton féroce : l’arbalétrier dans les coulisses l’avait repéré et, saisi par la surprise, la tension et la nervosité mêlées, avait décoché dans sa direction.


au sujet du rideau de Kabuki et ses mécanismes:
Le Voyageur
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Event 2 : Coup de théâtre - Page 3 EmptySam 26 Aoû - 22:56
Event 2 : Coup de théâtre
La soirée ne se passait pas tout à fait comme prévu. L’homme masqué n’aurait pas imaginé qu’il tomberait sur deux jeunes dirigeants avec autant de poigne. L’une des deux semblait cependant plus raisonnable que l’autre. La Princesse Nehir tentait de réfréner les ardeurs de martyr du jeune empereur..semblait vouloir discuter en privé. Non, vraiment,il ne s’était pas attendu à autant de courage de la part de nobles ; trop habitué à voir des aristocrates qui exhibait leur argent comme un sésame, et qui pleurnichait à la  moindre difficulté. C’en était presque pathétique. Enfin peu importait. Ces deux enfants étaient en train de faire dérailler son intervention, avec leurs protestations. Courageuses certes. Mais quand même.

“En effet. Il nous faut discuter.” concéda-t-il, de mauvaise grâce. Il n’aurait pas pensé que cette situation se produirait, vraiment. Devrait-il s’en réjouir, que l’on accepte de négocier avec lui ? Ou être fâché qu’il n’ait pu faire son petit discours jusqu’au bout ? Cela l’agaçait de ne pas savoir. Probablement un mélange des deux.. Admirait-il la fougue de la princesse jhareelienne, cependant ? Certainement.

Mais l’Empereur, lui, avait clairement une autre idée en tête. Il avait entendu bien des choses sur ce jeune homme, qu’on disait plutôt doux et paisible. Il fallait croire qu’il avait plus de courage que ce que les rumeurs pouvaient bien relater, et il tiqua - un mouvement de tête agacé-, devant le reproche à pleine voilé sur ses méthodes.  Plus d’altruisme aussi, étonnant pour quelqu’un de sa classe. Et qui avait certainement moins d’égo et de mauvaise obstination que la plupart de ses collègues..qui reconnaissait les problèmes des colonies. Intéressant. Mais qui..voulait le faire partir ? Quel idéaliste. Il verrait, plus tard, s’il pouvait obtenir ce qu’il voulait juste en discutant, et non pas en réalisant des actions marquantes.

Il s’apprêtait à en faire la remarque, lorsque quelque chose d’inattendu se produisit. Tout occupé à discuter avec les deux dirigeants,  il n’avait pas prêté attention à l’homme et sa compagne qui s’approchaient doucement de la scène, jusqu’au plus près des coulisses. Il n’avait pas plus prêté à l’architecture un peu hybride du théâtre, à mi-chemin entre un théâtre ryoshimais classique et un théâtre un peu plus alryonais ; il n’avait pas vu la corde qui retenait le rideau de kabuki. En revanche, il vit bien le rideau lui tomber sur la figure, et il se retrouva par terre en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire.

Il aurait pensé plus probable qu’on l’attaque par derrière, il n’avait pas pensé à regarder droit devant lui…ou plutôt, juste sous son nez.
Eglantine York
Eglantine YorkAlryon
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Event 2 : Coup de théâtre - Page 3 EmptyDim 27 Aoû - 19:13
C'est Giroflée la première qui frappe. Je la vois se redresser lentement mais sûrement, ses yeux bruns focalisées sur sa cible qui ignore tout de sa présence. Le vase sphérique épouse parfaitement la forme de sa main, elle se concentre fixant l'endroit idéal pour atteindre son objectif. Ses muscles se tendent et se contractent, et en un mouvement souple et fluide comme une des danses de Kalanchoé elle la propulse. C'est le plus beau tir que je ne l'ai jamais vu faire. Et le bruit de la victoire est celui de la porcelaine du vase qui vient se briser contre la boîte crânienne du terroriste masqué. Iel vacille un instant, sonné.e et pendant une seconde je me dis qu'iel a la tête trop dure pour notre propre bien. Puis iel tombe face contre terre venant mordre la poussière et certainement rajouter quelques fractures pour son crâne.

-Oui ! s'exclame à moitié étouffée Giroflée alors qu'Hortensia vient la tirer de nouveau dans le couvert des plantes.

Elle fait bien parce que les bruits ne sont pas passés inaperçus et une nouvelle personne armée vient voir ce qui se passe.

-Bianca ? Bianca c'est quoi ça ? Tu as encore tiré sur un écureuil ?

Seul le silence répond, pour cause Bianca a la bouche contre le sol. Ce n'est pas pratique pour articuler. Iel ne l'a pas encore vue, nous en profitons pour nous déplacer lentement et silencieusement. Nos parties de loup et de cache cache encore inscrites dans les fibres de nos muscles.

-Bianca, si c'est une blague c'est pas le moment.

La tension monte et la patience de la sentinelle baisse. Iel sent clairement que quelque chose ne va pas, son arbalète est présente bien droite devant lui. Cela devient dangereux… S'il voit Bianca au sol et donne l'alarme nous sommes foutu.es. Il ne faut pas que ça arrive.

Je ne suis pas la seule à me faire cette réflection. C'est au tour d'Iris de lancer quelque chose, à défaut d'un vase c'est une pierre récupérée au pied d'un arbuste. Contrairement à Giroflée ce n'est pas la tête qu'elle vise mais un point indéterminé à gauche. Et sa tentative de diversion réussie, la pierre vient percuter et briser une des vitres du bâtiment donnant sur le patio. Iel se retourne violemment dans la direction du bris de verre.

-Qui est là ?! Bianca, putain arrête tes conneries !

A la surprise de tout le monde une femme non masquée se trouve soudain derrière iel et vient enserrer prestement sa gorge d'un foulard rouge. Et elle serre et serre, iel tente de se débattre de respirer mais la femme est plus forte que lui, et j'ai comme l'impression que chacune de ses tentatives ne vient que resserrer l'étoffe contre la gorge. Iel finit par lacher son arme et s'affaisser au sol. La femme le ligotte sans cérémonie et lui enlève son masque pour fourrer un baillon dans sa bouche. Ce qui me fait dire qu'iel est encore vivant.e, et qu'il s'agit d'une sacré chance au vu de la démonstration de la jeune femme.

-Vous pouvez vous montrer. Je sais que vous êtes là. Le patio est sûr, pour le moment.

C'est Crocus qui va s'occuper d'aller attacher et désarmer Bianca, accompagnée dans sa tache de Jasmine et son pied de chaise;
Nehir Syed
Nehir SyedJhareel
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Event 2 : Coup de théâtre - Page 3 EmptySam 9 Sep - 13:57
Samira s'était séparée assez tôt de sa collègue, Dalal, lui décidant de tenter de couvrir la situation par l'arrière et l'autre en passant par l'avant. Elles espéraient se rejoindre au milieu, ou bien mourir en service en essayant. C'était un risque que les deux femmes avaient accepté il y a bien longtemps, avant de prendre officiellement leur service auprès de la famille Syed. Mais ça n'avait pas empêché Samira d'avoir un pincement au coeur en voyant Dalal et son étoffe rouge disparaitrent. En d'autres circonstances, elle lui aurait peut-être volé un baiser, fait jurer de lui revenir vivante. Malheureusement elles étaient toutes les deux en service, et ce genre d'épanchement n'était pas envisageable. Elles avaient une mission à remplir.

Depuis sa position stratégique dans les ombres de la scène et des gradins, Samira se demandait comment elle allait s'y prendre pour s'occuper du groupe de terroristes. Et ce sans y passer, de préférence, mais surtout sans mettre sa princesse en danger. Quelque soit le plan sur lequel son esprit exercé d'experte s'était décidé, elle n'eut jamais l'occasion de le mettre à exécution. Un civil, très ingénieux et téméraire au passage, s'était chargé de mettre en place une solution, ma foi, des plus efficaces. Alors que le groupe principal se retrouvait enseveli sous plusieurs kilos de lourd velour bleu, les gardes en coulisse étaient exposés. Au diable la préparation, l'improvisation et l'opportunité primaient.

Samira se saisit d'une de ses dagues de jet dissimulées sous le foulard vert attaché à sa taille. Elle n'aurait pas le temps d'en tirer deux et de se remettre à couvert avant que les autres arbalétrier.es ne réagissent. Il lui fallait être rapide, et surtout ne pas se manquer. Comme sorti de nul part, la lame fendit l'air dessinant une trajectoire experte, Samira n'avait pas eu le luxe de choisir sa cible, elle avait prise celle qui était dans son champ de tir immédiat. Mais ça n'avait que peu d'importance. Ce qui comptait c'était comment la lame s'enfonça profondément dans la chair de l'épaule de l'arbalétrier.e avant qu'iel ne puisse suivre l'exemple de son collègue et tirer. Iel lâcha un cri de douleur et de surprise alors que Samira était de nouveau à couvert et s'éloignait de l'endroit d'où elle avait tiré.

Nehir ne réfléchi pas longtemps, c'était l'occasion ! Elle tira Takeo à l'arrière de leur loge, se hâtant de les faire sortir de leur situation de cibles de choix dans un stand de tir de fête foraine.

-Mettez l'empereur en sécurité !

Elle commanda instinctivement aux gardes du corps impériaux encore dans la loge avec eux. Hors de question qu'ils perdent plus de temps et prennent plus de risques.
Alexander Galloway
Alexander GallowayIsvall
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Event 2 : Coup de théâtre - Page 3 EmptyDim 10 Sep - 11:20
Alors qu'une première équipe s'était chargée des sentinelles présentes dans le patio, Alexander et le reste du groupe avaient continué leur progression, quittant la quiétude toute relative du jardin pour se glisser dans la pénombre des coulisses.

Par delà le mur de la scène et la lumière qui fuitait des deux accès pour les acteurs, l'on pouvait entendre la voix du preneur d'otage répondre à celles terriblement lointaines des loges supérieures. Ils étaient trop loin pour entendre véritablement mais des bribes qu'ils percevaient, l'empereur de Ryoshima et la princesse de Jahreel tenaient tête aux arbalétriers sur scène. Alexander regretta un court instant de ne pas pouvoir assister au spectacle et écouter le débat mais il se consola avec la certitude qu'il serait bientôt l'acteur d'une démonstration plus grandiose encore.

Cachés dans les décors, il fit signe aux siens de s'arrêter. Il y avait huit personnes en tout dans la zone. Deux, les plus éloignés d'eux, tenaient un groupe de gens ligotés en joue. Six autres déambulaient près des escaliers, surveillant les alentours sans pour autant trop s'éloigner de la scène, après tout, il faisait sombre dès que l'on s'enfonçait dans les coulisses...

"Selon vous, quelle arme nous permettrait de venir à bout de huit hommes ?"
demanda-t-il à voix basse à ses sbires.

"Leur pénis," persifla Astrance ce qui força Alexander à ne pas pouffer de rire. "Non, plus sérieusement, une contre huit c'est perdu d'avance. Il faut être plus malin."

"Poison," répondit Belladonna avec un haussement d'épaule.

"Une épée dans le ventre ?" suggéra Lavande.

"Non, un bon coup sur la tête !" la contredit Daphnée.

Il fallut une seconde à Alexander pour pouvoir répondre sans rire. La retenue avait définitivement été laissée avec les talons plus haut dans le théâtre.

"J'envisageais la terreur,"
dit-il avec un sourire malicieux. "mais les autres options sont très intéressantes. Tenez, si je vous dis "le fantôme du théâtre" qu'est ce que cela vous inspire pour semer le chaos ?"

"Il me faut un violon ou un orgue," répondit immédiatement Daphnée dont les yeux cherchaient déjà le dit instrument.

"Il va falloir éteindre les lumières," ajouta Lavande.

Alexander acquiesça. Il y avait déjà peu de lumière sur place mais eux étaient du bon côté. Dans l'obscurité depuis de longues minutes, un défaut d'éclairage ne leur ferait pas de mal.

"Ce sera votre rôle Lavande, amusez vous, augmentez les lumières ou soufflez les toutes,"
lui répondit-il.

"Des bruits venant de partout," surenchérit Kalanchoé avec l'approbation de ces soeurs.

"Une apparition sanglante," termina Astrance.

"Cela me semble le minimum,"
approuva Alexander. "Bien, Daphnée trouvez un instrument, un violon serait le mieux, vous serez plus mobile. Lavande les lumières sont à vous. Kalanchoe, Camille et moi nous nous chargeons des bruits et des éléments inquiétants. Arkimedes, Astrance et Belladonna, voulez-vous bien être nos fantômes ? Lavande commencez avec les lumières et lorsque Daphnée jouera, ce sera notre signal."

L'avantage de l'arrière d'une scène c'est que cet endroit regorge toujours de désordre, de décor en attente, d'objets entreposés ça et là. Autant de choses probablement inutiles pour bien des gens mais une véritable mine d'or pour quelques esprits créatifs. Ils se séparèrent par petits groupes, évoluant telles des ombres à travers les carcasses des décors.

Alexander dénoua son cache oeil et le glissa dans sa poche, révélant sa cicatrice et son iris grisâtre. Son oeil directeur déjà habitué à l'obscurité vint suppléer le premier. D'ordinaire, il se gardait de l'exposer, la lumière lui infligeant de terribles douleurs mais ici, l'environnement était de son côté et cela le réjouissait terriblement. Sans bruit, il se déplaça pour se rapprocher des sentinelles. Camille et Kalanchoe évoluaient non loin de lui, il devinait leurs mouvements dans la pénombre. Passant près d'un mannequin, il jeta un manteau et un chapeau dessus, cela servirait probablement.

Son coeur battait sourdement dans son poitrine et un frisson d'excitation parcourut son échine. Une fois de plus, il jouait avec le danger, dansait avec le risque et cette sensation l'électrisait. Depuis les ombres, il ne quittait pas des yeux les arbalétriers, tel un chat s'approchant doucement d'une souris.


Les lampes et éclairages au niveau de la scène commencèrent à grésiller, diminuant en intensité pour devenir plus vives avant de s'éteindre en même temps que des cris montaient de la scène. Du coin de l'oeil, Alexander vit un arbalétrier tirer sur quelqu'un de l'autre côté tandis qu'un autre se retrouvait projeté en arrière, son arme tombant lourdement sur le sol. Alors que le gros du groupe s'apprêtait à aller prêter main forte aux deux autres, la plainte d'un kokyu s'éleva dans les airs. Alexander reconnu "la lettre à Elisa" un morceau bien connu en Alryon, écrit par un certain Winkelried avant la dislocation et dont il ne restait que la mélodie.

"Vous deux allez voir ! Vous vous restez ici et vous allez aider les autres !"

Tandis que certains se précipitaient dans le labyrinthe pour rejoindre leurs camarades en difficulté, deux autres s'y enfonçaient pour trouver l'origine de la musique. Alexander les suivit sans un bruit après avoir noté que Camille et Kalanchoé se chargeraient des autres victimes. Les deux inconnus masqués tournèrent dans les décors, cherchant l'origine de la mélodie qui semblait se mouvoir en permanence. Une silhouette traversa l'allée devant eux et disparu.

"Là !" s'exclama l'un d'eux.

Avant qu'il ne puisse partir en courant à la poursuite de l'ombre, le fouet s'enroula autour de son poignet et l'emporta, l'arme se déchargea de son carreau sous le choc et son partenaire s'effondra avec un cri de douleur. Avant que le premier ne puisse comprendre ce qu'il se passait, la lanière s'enroula autour de son cou et deux bras puissants l'emportèrent en arrière dans l'obscurité des décors. Les lumières de la scène grésillèrent de nouveau, s'allumant pour mieux s'éteindre alors que l'air venait à manquer dans les poumons de l'homme.

"Sing once again with me, our strange duet, my power over you grows stronger yet."


Au son mélancolique du kyuko, se mêlait des paroles qu'un souffle chaud lui fredonnaient à l'oreille comme une berceuse qui l'emporta.
Arkimedes Glaukopis
Arkimedes GlaukopisAlexandria
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Event 2 : Coup de théâtre - Page 3 EmptySam 16 Sep - 18:57
Malgré les conseils encourageant de monsieur Galloway, Arkimedes restait profondément désorienté. Il joua un instant avec son pied de chaise, malgré une adresse réduite par ses mains tremblantes, jusqu'à trouver un équilibre qui lui paraissait optimal, caché parmi les fleurs derrières les plantes vertes. Il releva les yeux juste à temps pour voir le tir de Giroflée, d'une précision démoniaque. Une nouvelle fois, il frissonna d'horreur: son incapacité à agir lui faisait honte. Ce sentiment cuisant s'accentua, alors que le collègue de la femme assommée par Giroflée s'avançait, et encore plus quand une silhouette sortit de nul par pour maîtriser le terroriste. Il ne put s'empêcher de détourner les yeux: voir quelqu'un mourir était au dessus de ses forces pour le moment. Il lui semblait que ce serait un passage obligé ce soir, mais plus cela tarderait mieux il s'en porterait.

Le groupe s'enfonça dans les coulisses, Arkimedes sur leurs talons. La semi-obscurité des coulisses l'aida à retrouver un semblant de confiance. L'ombre l'enveloppait, il se sentait moins nu et vulnérable, sans compter que le décors derrière lequel il était abrité, une haute colonne kymaraise, lui permit de se dresser de toute sa hauteur et d'enfin se tenir droit. Son dos craqua de gratitude, et il étira discrètement ses épaules. Il était grand, très grand, l'historien avait tendance à l'oublier à force de toujours se tenir voûté sur ses vieux livres ou accroupi pour examiner des tessons de poterie par terre.

Enfin, Arkimedes trouva un peu de confiance pour affronter les événements de la nuit. Cela ne l'empêcha pas d'être profondément perturbé par la légèreté de l'échange qui suivi entre Alexander et les sœurs York. La qualité de leurs instincts guerriers ne finissait pas de le sidérer, elles semblaient si calmes qu'il commençait à se demander s'il n'était pas le seul ici à saisir la gravité de la situation. Il en venait même à craindre d'avoir échoué dans son rôle de précepteur quelques années plus tôt. Mais n'était-ce pas mieux, au fond, qu'elles prennent ce combat pour leur vie comme un jeu? Il était sûrement préférable qu'elles agissent, même avec légèreté plutôt que de rester paralysé de terreur. Toutefois, jouer les fantômes lui paraissait plus accessible que de frapper comme un sourd le crâne de pauvres hères qui réclamaient un peu fort le droit d'autodétermination pour leur peuple.

Flanqué d'Astrance et Belladonna, l'historien s'enfonça dans le bric-à-brac des coulisses pour trouver des atours de fantômes. Le temps joua contre leur petite équipe: à peine avaient-ils trouvé un peu de peinture rouge pour agrémenter les rideaux de soie blanche dans lesquels ils comptaient s'enrouler que le violon se mit à jouer. C'était l'heure du spectacle, dans l'empressement, il réussi à rester concentré: le drapé était un art kymarais, il était un costumier tout indiqué pour vêtir ses équipières sans que le costume ne les gêne. Belladonna apportait la touche finale en aspergeant ses compagnons d'infortune de peinture rouge quand un pas lourd se fit entendre non loin. Dans la lumière vacillante, deux hommes lourdement armés s'avançaient.

Leur cachette n'abriterait pas longtemps les trois apprentis fantômes, sitôt que les preneurs d'otages auraient tourné le coin, ils seraient pris. Il fallait agir et vite, ce qui n'était pas, normalement, le point fort d'Arkimedes. Toutefois, l'historien se sentit touché d'inspiration divine et sauta sur ses jambes tant que durait cet éclair de courage qui venait de le saisir. Il se posta sur la route des deux hommes, accentuant le sifflement naturel de sa respiration, laissant la peinture rouge ayant éclaboussé le pan de rideau sur sa tête couler sur son visage. La lumière fluctua une nouvelle fois alors qu'il faisait un pas dans leur direction. Il devait trouver quelque chose à dire.

"Ho korax, tôn koraka, tou korakos..." commença-t-il.

Il n'avait rien trouvé de mieux que la troisième déclinaison du kymarais ancien, mais après tout, rien ne valait une langue morte pour évoquer un spectre, surtout avec une voix d'outre-tombe. Les petits malins qui organisaient le bizutage des nouveaux à l'académie d'Alryon l'avaient bien comprit.
Ashikawa Takeo
Ashikawa TakeoRyoshima
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Event 2 : Coup de théâtre - Page 3 EmptyLun 25 Sep - 21:54
Le regard droit, Takeo attendit nerveusement que le preneur d’otages réponde. Il savait qu’il avait prononcé des paroles que d’aucuns auraient jugé surprenantes. Même pas intronisé, et déjà il proclamait vouloir mettre en place des changements. Déjà il proclamait qu’il jugeait qu’il y avait des soucis dans le système des colonies. Et surtout il le proclamait, sans peur, parce que c’était sa conviction. Peut-être qu’il passerait pour un idéaliste, mais mieux valait cela que passer pour un tyran. Avec un idéaliste au moins, il était possible de discuter. Pourtant..pourtant, Takeo sentait qu’il y avait tant à faire. Tant de choses à changer..Y arriverait-il ? Un jour peut-être..ou jamais. Si sa vie finissait ici, jamais il ne pourrait accomplir la moindre chose. Alors..la balle était dans le camp de leur preneur d’otages.

Mais soudain le monde sombra dans le chaos. Le rideau de kabuki tomba sur la scène, directement sur l’orateur. Takeo entendit un cri, le bruit d’une arbalète ; il en conclut qu’un spectateur avait tenté directement une action pendant que Nehir et lui “discutaient” avec l’orateur, et une vague de gratitude l’envahit, vite balayée par l’inquiétude. Un carreau d’arbalète, cela pouvait faire mal, et il espéra que leur courageux sauveur irait bien. Il aurait voulu pouvoir se pencher pour voir ce qu’il en était ;  mais déjà Nehir le tirait vers l’arrière, loin des arbalètes. En sécurité.

Ses jambes tremblaient. L’adrénaline de son moment d’héroïsme passé, l’empereur de Ryoshima redevenait Takeo - un jeune homme qui n’en menait pas large. Il avait le teint légèrement verdâtre, comme s’il allait vomir. Trop d’émotions pour lui. Trop de soulagement de voir qu’il avait survécu à cette affaire, et que par les dieux, il avait sans doute commis la plus grosse bêtise de sa jeune carrière d’Empereur.

“Merci Nehir. Je vous dois la vie.” réussit-il à articuler. Il aurait bien aimé s’assoir et se reposer. Mais cette histoire  n’était pas finie, visiblement..Loin de là. Parce que des nouveaux bruits vinrent de la scène, en même temps que les lumières s’éteignaient. D’autres héros auraient-ils tenté une approche par derrière cette fois ? Par les coulisses ? Oui ?Sûrement.  Parce que, malgré la musique sinistre qu’il commençait à entendre et la voix qui récitait en kymarais, Ashikawa Takeo ne se croyait pas du genre à croire aux fantômes. Les esprits oui, mais pas les fantômes. Enfin qu’en savait-il. Il avait déjà vu tant de choses étranges ce soir, alors une de plus..

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Shimada Akio
Shimada AkioRyoshima
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Event 2 : Coup de théâtre - Page 3 EmptyLun 2 Oct - 22:19
C’est fini.
Voilà tout ce qu’il eut le temps de penser. Le son de la corde qui se détend d’un coup sec, le souffle retenu de Yosano. Les grognements des humains ensevelis non loin. À la dernière respiration de sa vie, ce qui l’entourait ne le réjouissait guère, quand mal même il n’aurait jamais vraiment eu le loisir de réfléchir à ce qu’il aurait aimé à la place. N’est-il pas normal pour les hommes de rêver de douceur et de sérénité dans ces circonstances ? Sans doute. Tout, tout plutôt que mourir d’hémorragie à l’écart de la scène pour des idéaux qu’un autre lui avait rentré dans le crâne en échange d’un bol de riz chaud, il y a plus d’une décennie. Trop tard, tant pis. Ce dénouement-là lui semblait tellement absurde qu’il en oublia de fermer les yeux.

La douleur lui perfora l’encéphale en même temps que le carreau transperça son avant-bras, et sous le choc il lâcha la corde reliée au mécanisme du rideau pour porter la main à sa blessure. Le fer du projectile avait déchiré la manche et déjà le sang en imbibait le tissu de chaleur poisse, la chair trouée de part en part, mais Akio n’eut guère le temps de s’en inquiéter tout de suite ; se mettre à couvert afin d’éviter un second tir aurait été sa prime réaction s’il n’avait pas vu se précipiter vers lui sa partenaire — alors son corps bougea en miroir avant même qu’il ne réfléchisse, et en une pulsation il l’avait blottie contre lui, se dressant en barrière entre elle et l’arbalétrier, prêt à endurer le prochain coup qui l’atteindrait.
Il n’y en eut pas de nouveau, à son grand soulagement. Pourtant, à en juger par le grognement de souffrance arraché non loin, quelqu’un avait bel et bien touché sa cible. Allié ou ennemi ? Dans le doute, il s’abstint d’anticiper le moindre secours. Son bras gauche pendait contre son flanc, rendu inutile par la douleur qui en irradiait, et tandis que son regard oscillait entre le danger alentour et sa protégée, sa volonté peinait à rester lucide pour décider de la meilleure issue possible. Ce fut Yosano qui dissipa la fumée à la seconde où elle attrapa son poignet : le contact de ces phalanges fraîches sur la souillure tiède de sa peau le fit sursauter de répulsion et il lui retira aussitôt sa main malgré la moue inquiète qu’elle lui adressa.
« Ne touchez pas, vous allez salir votre kimono..! »
Que ce fût la seule vétille qui lui vint sur la langue en disait long sur le désordre de ses pensées. Pour sûr se fichait-elle d’abîmer ses vêtements face à la blessure de son ami, mais lui considérait la plaie de si peu d’importance qu’il jugeait plus essentiel qu’elle préservât sa mise — surtout qu’il s’agissait de son unique kimono de soirée — parce qu’il était certain que la yarite la ferait payer pour le nettoyage ou, pire, le rachat d’une tenue complète sur sa dette de courtisane. Quant au fait qu’il pourrait perdre de la motricité sur ce bras durant un temps indéterminé, cela ne lui effleura même pas l’esprit. Chaque chose en son temps. D’abord, quitter cet endroit sain et sauf ou, tout au plus, en un seul morceau.

« Mais il faut arrêter le saignement... Rebroussons chemin, il doit y avoir un médecin dans la foule. »
De nouveau, elle s’agrippait à son bras valide avec l’intention tangible de ne jamais s’en détacher. Ce à quoi il céda sans mal, les yeux jetés vers son attaquant qui avait opté pour la retraite lorsqu’il s’était aperçu que son collègue était à genoux, l’épaule épinglée d’une dague surgie de nulle part. Ensemble, le peintre et sa compagne n’avaient cependant pas encore esquissé un pas qu’ils se crispèrent en entendant un hurlement monter des profondeurs des coulisses, un cri d’épouvante pure comme rarement il est permis d’écouter, sans qu’aucun élément visible ne puisse leur dire à quoi ou à qui l’imputer. Quelqu’un avait dû tomber sur une vision assez effrayante pour en oublier tout son calme et l’objectif de sa mission. À cette pensée qu’autre chose de bien plus horrifique que des preneurs d’otage était peut-être tout proche, Akio sut qu’une simple fuite ne protègerait probablement plus Yosano de ce qui les attendait derrière les paravents ; la sauvegarder n’était plus suffisant, il devait la défendre. Mais pour cela, il lui fallait une arme, quand la seule qu’il possédait était juste là à disposition contre son flanc.
Mâchoires serrées, il s’empara donc de la penne du carreau encore fiché dans son bras et, avant qu’elle n’eût le réflexe de l’interrompre, la retira d’un geste résolu. La souffrance provoquée lui vola une brève plainte puis reflua lentement pendant qu’il resserrait ses doigts sur le projectile ; voici qui ne valait pas une belle aiguille, encore moins un pinceau, néanmoins il saurait s’en contenter dans l’immédiat et en faire bon usage si quelqu’un venait à les agresser. De toute façon, il n’avait plus le choix — s’il ne compressait pas l’écoulement dans le quart d’heure, il allait tourner de l’œil bien plus vite que prévu.
Le Voyageur
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Event 2 : Coup de théâtre - Page 3 EmptyDim 8 Oct - 23:16
Event 2 : Coup de théâtre

Le monde avait basculé dans la folie.

Tout avait commencé par un magnifique tomber de rideaux - finalement, l’on avait bien eu droit à une pièce complète. Le rideau s’était levé sur les Cinq Cités en devenir, et tombait sur cette terrible farce, et ces tristes sires qui avaient voulu se mettre en travers du bon déroulement de la pièce. Triste coup du sort pour eux s’il en était, justice pour le reste des spectateurs. La vengeance du théâtre dépité que la quête des amoureux de la pièce n’ait pu aboutir, peut-être..

Mais ce que l’on ne pouvait pas nier, c’est que la troupe d’intervention venue du fond des coulisses avait le sens du spectacle ; de triste bouffonnerie on passait dans le registre de l’horreur pure, apparition de fantômes à la clé. Des fantômes venus du passé, avec des vieilles mélodies sur fond de déclinaisons kymaraises en une suite de borborygmes passablement inquiétants.

Mais il en fallait plus pour terrifier l’homme. Il en avait vu d’autres, et passé le premier moment de confusion, il profita de l’obscurité pour avancer à tâtons sous le rideau. Autant dire qu’il était de fort méchante humeur. Tous ses plans avaient été déraillés, d’abord par les deux gamins à l’abri dans leur loge, et maintenant cette armée sortie de nulle part. Il lui fallait disparaître - direction les coulisses, ou plutôt, une entrée vers les coulisses qu’il espérait vide de tout futur héros. La chance lui sourit ; et il abandonne son masque comme un sinistre souvenir, avant de disparaître dans la nuit.

Sur scène, c’est un silence presque macabre qui règne à présent. Au bout d’un moment, un, puis deux, puis trois spectateurs sortent leurs briquets, pour révéler la triste vérité : les arbalétriers se retrouvent seuls comme des crétins, leur chef envolé.


La menace semble à présent écartée. Que faites-vous ?

Nehir Syed
Nehir SyedJhareel
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Event 2 : Coup de théâtre - Page 3 EmptyVen 13 Oct - 23:55
Samira et Dalal, étant les deux personnes les plus adéquates et proches, s'occupérent rapidement du groupe d'abandonnés à leur sort. En attendant d'avoir accès à des fers, elles firent bon usage des cordages et autres liens disponibles, en les serrant fort et sans délicatesse autour des poignets des preneurs d'otage. La plupart n'en menaient vraiment pas large, et s'iels opposèrent une résistance elle fut rapidement gérée par les poings et les pieds des deux femmes.

Tout ce beau monde, saucissonné et inconscient dans certains cas, allait être interrogé en bonne et due forme plus tard. Samira restait d'une humeur massacrante car elle avait bien conscience qu'il manquait la tête de ce fiasco. Pas folle la gupe, elle avait pris la clef des champs quand l'occasion s'était présentée et que tout avait tourné au vinaigre. Elle l'aurait bien poursuivi, mais la priorité était dans le fait de contrôler les rigolos restants. Cela dit, elle se doutait que sa princesse n'allait pas plus être contente qu'elle de la situation.

Pour le moment, Nehir était surtout soulagée d'être sortie vivante de cette situation, et que Takeo-aussi suicidaire se soit-il montré- n'ait pas pris de carreaux d'arbalète. Pour le moment c'était surtout cela qui la frustrait, le peu de considération pour sa propre vie que son ami semblait avoir. Il s'en était bien sorti cette fois, mais qu'en serait il la prochaine ? Parceque Nehir ne se faisait pas d'illusion, au rythme où allait les choses il allait y avoir une prochaine.

Aussi de le bref moment, de relative, tranquillité qu'iels partagèrent alors que le chaos absurde des derniers évènements se retourna-t-elle vers lui, pour lui adresser les mots suivants :

-Takeo, excusez-moi de le dire ainsi, mais : Qu'est ce qu'il t'est passé par la tête, noms des dieux ?!

Le vouvoiement était tombé naturellement, sans qu'elle ne s'en rende compte. Tout comme la distance dans les secondes suivantes, comme soudainement radoucie Nehir avait pris Takeo dans ses bras et le serrait contre elle. S'assurant que oui, il était bien là, vivant et entier.

-C'était stupide. Incroyablement brave et stupide.
Ashikawa Takeo
Ashikawa TakeoRyoshima
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Event 2 : Coup de théâtre - Page 3 EmptyLun 30 Oct - 22:01
Les lumières éteintes, Takeo ne pouvait plus qu’attendre. Et espérer. Pourvu que personne d’autre ne soit blessé, pourvu que surtout il n’y ait pas de mort - que cette soirée, qui d’évidence avait déjà été gâchée, ne tourne pas en désastre complet. Cela serait de si mauvais augure pour la suite du théâtre ; il ne pouvait penser qu’au directeur qui devait se demander s’il n’avait pas été maudit pour que son théâtre soit la cible d’une telle attaque. Surtout, le jeune homme s’en rendait bien compte, le soir où lui, l’empereur, faisait son apparition. IL n’était pas fou néanmoins. Il se doutait qu’il devait y avoir un lien..

Mais voilà que la lumière réapparaissait presque prudemment près de la scène. Certains spectateurs avaient été plus malins, visiblement, et avaient apporté des briquets. La luminosité en fut un peu améliorée ; assez pour que l’on se rende compte que l’instigateur de cette triste farce avait disparu, oui, s’était évaporé comme un fantôme malveillant. Le jeune homme en fut fort marri. Il aurait voulu le coffrer, ne serait-ce que parce qu’il avait mis en danger la vie de dizaine d’innocents ; mais aussi pour lui parler. Comprendre ses motivations. Comprendre la situation des colonies plus en détail que n’importe quel rapport aurait pu lui dire.

Il voulait comprendre. Il voulait apprendre.

Même s’il n’était pas sûr d’être un jour à la hauteur de la tâche qui lui incombait, au moins, ce soir, il pouvait être fier d’avoir essayé de défendre son peuple.

Peut-être.

Et alors que les gardes de Nehir s’affairaient sur scène, la Princesse prit la parole.

“Je ne sais pas.” C’était encore plus stupide que tout ce qu’il avait pu faire jusqu’à présent. Il le savait. Mais après tout, il n’avait jamais prétendu être un être d’une intelligence supérieure ; c’était même plutôt le contraire. “ Je n’ai pas réfléchi. Ca..me semblait la chose à faire ?”

Vu l’expression fugace qui passa sur le visage de ses deux gardes, ils semblaient aussi atterrés que Nehir.

“Inconsciemment j’ai du me dire.. que si c’était après moi que cet homme en voulait..qu’il valait mieux qu’il m’ait moi, plutôt que de blesser un innocent..”

Ce qui lui faisait penser..

“Une personne a été atteinte par un carreau d’arbalète,” indiqua-t-il à un de ses gardes, en Ryoshimais. “Veuillez trouver cette personne et amenez-la chez un médecin, un guérisseur, ou n’importe quel local capable de lui venir en aide ; si le professionnel réclame de l’argent, dites-lui de s’adresser au palais de villégiature, dès demain."

Il se rendit néanmoins compte de sa gaffe. Ce n’était pas très poli de parler dans une autre langue devant quelqu’un qui n’était pas capable de la comprendre.. “J’ai demandé à mes gardes de chercher la personne qui s’est fait blesser par une arbalète et de l’amener chez un guérisseur..”expliqua-t-il à Nehir. “D’ailleurs..ne devrions-nous pas rentrer ?”

Encore un peu sonné par l’aventure éprouvante qu’il venait de vivre, Takeo n’avait qu’une seule envie : aller se coucher.

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Alexander Galloway
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Event 2 : Coup de théâtre - Page 3 EmptyJeu 2 Nov - 16:52
Une dernière note, comme l'adieu d'un fantôme et le chaos céda le place au calme, les ténèbres s'illuminèrent d'une foule de petites étoiles, flammèches éphémères et pourtant porteuses d'espoir. Un espoir vite déçu quand Alexander après avoir tenté de retrouver le fugitif n'avait pour seule prise qu'un masque, souvenir d'une vaste fumisterie qui le laissait bouillonnant de rage. Le véritable visage de l'homme à qui ils avaient eu affaire demeurait entre ses doigts. Un leader qui abandonnait ses troupes dès que le vent tournait. Quelle image de la Révolution ! Comment pouvait-on abandonner ses hommes de la sorte ? Un lâche, voilà ce qui avait troublé cet instant de liesse, rien qu'un lâche. La mâchoire du jeune homme se serra et son visage se déforma en un rictus de rage. Alors que sur scène l'on attachait les prisonniers et que l'on évacuait la foule et les blessés, son poing percuta le mur.

Une fois.

Deux fois.

Trois fois.


Lorsqu'il revint auprès des autres, chacun s'affairait. Il y avait un blessé mais les York étaient déjà à son chevet. Son regard croisa celui d'Astrance encore drapée d'une toge et éclaboussée de sang puis celui d'Arkimedes, le jeune homme était pâle comme la mort mais sans blessure. Hormis le jeune homme blessé au bras dont Alexander reconnu la compagne, tout le monde était sain et sauf. Il lui fallut une seconde pour véritablement l'intégrer, passer outre la rage d'avoir perdu le commanditaire de la prise d'otage et savourer cet instant, les milles lumières, le calme qui revenait et cette bataille qu'ils avaient gagnée. Chaque victoire était à savourer.

Quelques mots qui s'échangent, des mains qui s'étreignent, les sanglots étouffés venus de la salle, la pression retombait. Ses bottes claquèrent sur le parquet de la scène tandis qu'il passait en revue les prisonniers. Ceux pris sous le rideau étaient encore conscients, les autres c'était une autre affaire entre blessés par carreaux d'arbalète ou poignard et ceux évanouis, cette escouade n'avait pas fière allure. Des gens du peuple, des enfants, défaits de leurs masques, des hommes de chair et de sang, guère plus impressionnants que n'importe quel spectateur. Avaient-ils cru un seul instant que leur action serait utile ? Avaient-ils pensé à leurs familles ? Croyaient-ils vraiment ne pas les mettre en danger en se comportant de la sorte ?

La lumière qui revenait commençait à déranger son oeil. D'un geste vif, il remit son cache-oeil avant de se diriger vers Samira qui terminait de sécuriser les liens d'un des preneurs d'otage. Il ne prit pas la peine de se présenter, certain que la garde avait retenu son visage, après tout c'était son métier, et lui tendit le masque de plâtre qu'il avait récupéré. Son pouce caressa l'intérieur de la postiche, révélant l'estampe gravée dans les reliefs, marque que tout fabricant mettait sur ses produits.

"Tenez, cela fera une piste pour remonter jusqu'au meneur de cette mascarade," lâcha-t-il. "Si vous avez besoin de quelqu'un pour faire parler ces gens, je suis à votre service."

Sur ces mots, il salua les gardes et se détourna. Oh oui, il brûlait de faire payer mais ce n'était ni l'heure, ni le moment. La famille York commençait à se regrouper, la pression retombait et il avait encore un rôle à tenir auprès d'elles. Un mot de réconfort, un sourire, le regard beaucoup trop acéré d'Astrance, il s'immergea dans cet instant, se détournant de l'ombre pour embrasser la lumière d'une famille célébrant le simple fait d'être en vie.
Eglantine York
Eglantine YorkAlryon
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Event 2 : Coup de théâtre - Page 3 EmptyVen 10 Nov - 20:31
Je suis bien contente que ce soit fini. Même si je suis un peu déçue de ne pas avoir pu observer, et utiliser, les mécanismes dernier cris du théâtre. Cela aurait été amusant, avec une bonne excuse pour le faire. Quoique… Personne ne fait attention à moi… Et les coulisses sont encore accessibles… Il ne m'en faut pas plus pour discrètement m'y glisser.

Sur mon chemin je vois Astrance qui fixe avec une certaine intensité le livreur, la vision est saisissante dans sa robe maculée de sang. Je ne donnerai pas cher de la peau de ce dernier même si je ne sais pas pourquoi elle semble aussi remontée.
Shimada Akio
Shimada AkioRyoshima
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Event 2 : Coup de théâtre - Page 3 EmptySam 11 Nov - 22:13
Chaque seconde qui passe est une seconde gagnée sur les ténèbres. Chaque seconde est une espérance devenue réalité, un minuscule triomphe sur le Chaos régnant alentour, despote obscur escorté de près par l'Effroi et la Terreur, et Akio les compte une à une, ces secondes, aux battements de son myocarde glacé que le sang quitte goutte à goutte, avec les phalanges de Yosano qu'il sent frissonner contre sa manche qu'elles enserrent, dérisoires tisons de lumière qu'il entend bien conserver toujours à portée.

Cependant, force est de constater que le danger a pris la poudre d'escampette au moment de la contre-attaque ; des révolutionnaires sur scène ne demeurent que ceux que la fuite a abandonné derrière elle — sans personne pour les attendre — tandis que les preneurs d'otages ont dû baisser les armes face à l'irruption des gardes impériaux. En quelques pulsations, les voici maîtrisés par ces derniers et un semblant d'ordre revient au rythme des soupirs soulagés des spectateurs encore présents, bientôt mêlés au brouhaha ambiant de la salle que l'éclairage doucement se réapproprie. Malgré la pénombre naturelle des coulisses, depuis le coin où ils se sont retranchés en vue de protéger leurs arrières, la courtisane et l'espion ne peuvent que constater le renversement de situation : non loin les acteurs de la troupe sont pris en charge par de nouveaux fantassins, dont quelques-uns ne tardent pas à remonter ensuite à leur rencontre et à les interpeler avec inquiétude. L'unique chose qu'a le temps d'effectuer Akio avant d'être assailli par leur préoccupation, c'est de glisser subrepticement le carreau d'arbalète dans les profondeurs de sa manche de haori, sans guère réfléchir aux taches que le sang y déposera — car il lui faut conserver cet indice pour espérer comprendre l'identité des coupables et, peut-être ensuite, envisager de s'y associer. Mais déjà les gardes sont autour de lui et son esprit bondit ailleurs.
« Ici, nous l'avons trouvé !, s'exclame la première.
Y a-t-il un médecin dans l'assistance ? Nous avons besoin de lui de toute urgence !, réclame le second.
Est-ce que vous pouvez marcher ? Nous allons vous emmener en lieu sûr », prévient le dernier.
Même en de pareilles circonstances, Shimada ne peut prétendre qu'être entouré d'une triplette de soldats au service de l'Empereur le rassure. Loin de là. Par chance la douleur tend à le calmer plus qu'à l'agiter, d'autant que la présence de Yosano lui sert de prétexte pour masquer ses véritables émotions, et c'est donc assez naturellement, quoiqu'en feignant l'embarras typique du Ryoshimais qui s'excuse d'exister, qu'il se laisse escorter jusqu'au hall du théâtre où l'on a dépêché un guérisseur local.

À l'instant où l'on assied le peintre sur un banc molletonné, le voici d'ailleurs qui sort de la salle de spectacle, un énième garde sur les talons : plus tout jeune, une longue moustache à la mode nezumi, une binocle cerclée d'argent accrochée au revers de son manteau, parfum de menthe poivrée et de térébenthine. Quand il arrive près de lui, Akio ne pense qu'à s'éclipser, mais retrousse sa manche dolemment.
« Je suis navré de prendre votre temps pour cela..., commence-t-il à expliquer d'un air marri, c'est ma faute, j'ai manqué de prud-aïe..! »
La brusque tape sur son bras provient de sa compagne, bien qu'elle n'ait de violente que l'apparence ; en revanche, sa voix n'est que remontrance outrée :
« Votre faute ? Idiot ! Qui sait quel drame serait arrivé si vous n'aviez pas fait tomber ce rideau... Vous êtes un idiot, Shimada san, et beaucoup trop humble en plus de cela ! »
Lui réprime un rire, sans pouvoir lui donner tort. Un idiot, oui, assurément, pour s'être impliqué dans une affaire qui ne le concernait en rien et avoir cherché à protéger un Empereur qu'il vise pourtant à destituer. Néanmoins, alors qu'il accepte de suivre le professionnel jusqu'à son officine en vue d'y recevoir les soins nécessaires à sa plaie, Yosano sur ses talons, il ne peut s'empêcher de se dire que tout ce sang n'aura pas été vain.
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